Les arts de la marionnette à l’honneur à Auberville

Les saisons, une création marionnettique, audiovisuelle et dansée de la compagnie Sans soucis©C.Crié/ccas

Vendredi dernier le centre de vacances d’Auberville a accueilli une programmation jeune public intitulée « Les saisons », spectacle vivant de marionnettes de la Compagnie Sans soucis. Théâtre d’images et de gestes, d’ombres et de marionnettes, « Les saisons » ont réchauffé l’hiver des vacanciers et des bénéficiaires de la CMCAS Caen.

« Au loin, une enfant joue sur un banc de bois. Absorbée. Elle mime quelque chose. Les branches d’arbre, peut-être. Puis elle cueille trois brins de solitude jaune. Manœuvre pour en faire une tresse unique. Caché derrière le corps gris du tronc, l’esprit moussu d’une vieille parente l’observe. Et la veille. » Au son de la comptine, tapi dans les feuilles mortes du petit plateau circulaire qui compose le décor, l’esprit de l’automne s’anime et vient taquiner de son museau le comédien qui s’y est endormi. Puis l’étrange petite marionnette faite de feuilles et de résine serpente pour aller se baigner dans le ruisseau qui entoure le plateau. Accompagné de Léopold Frey à la guitare et de Frédéric Hocké au son et à la vidéo, le comédien Max Legoubé fait émerger ses marionnettes du creux d’un décor naturel et danse avec elles. Derrière lui, du creux d’un écran médaillon, une petite fille nous conte leur histoire en vidéo.

Création théâtrale, sonore, visuelle et marionnettique, Les saisons est une création de la compagnie Sans soucis, en résidence cette année au Centre régional des arts de la marionnette (CRéAM) de Dives-sur-Mer. Son format court et léger le rend accessible au jeune public et permet des représentations proches des spectateurs. Vendredi dernier, la compagnie a joué au centre d’Auberville pour les bénéficiaires en vacances et ceux de la CMCAS Caen, invités dans le cadre des Rencontres culturelles tout au long de l’année [voir encadré].

A la sortie du spectacle, l’échange avec les artistes permet d’aborder la problématique de l’imaginaire, en questionnant la réception par le public de cette création protéiforme qui laisse la part belle aux interprétations singulières. Intrigués par la mise en scène dansée et la manipulation « à vue » des marionnettes, les bénéficiaires cherchent à connaitre leur mode de fabrication et leur composition, pour se familiariser avec le travail de l’artiste et dépasser leur perplexité.

Les saisons, une création marionnettique, audiovisuelle et dansée de la compagnie Sans soucis ©C.Crié/ccas

« Surprenant », c’est le terme qu’emploient Emma et Claude, un couple de retraités venant de Moult, à une quarantaine de kilomètres d’Auberville, et qui étaient invités par leur CMCAS à ces rencontres culturelles de proximité. « On a reçu un mail sur notre ordinateur », précise Emma, qui se réjouit d’avoir déjà vu un spectacle « un peu spécial » aux vœux de la CMCAS quinze jours auparavant (Les deux frères et les lions de la compagnie du Théâtre irruptionnel, en Tournée culturelle depuis le 9 février). Le format des échanges permet d’apprendre toujours quelque chose, remarque Emma : « on se couche moins bête ! » C’est aussi la convivialité de ces rencontres régulières qu’elle apprécie : « Nous, on commence à être un peu dépassés … Il faut essayer de rester dans le coup mais quand on quitte le monde du travail, ce n’est plus pareil. Là, ça permet sortir un petit peu, de voir des gens, de discuter… ». Le couple promet de revenir le 6 mars lors du prochain rendez-vous culturel à Auberville.

Débat avec Max Legoubé, comédien manipulateur ©C.Crié/ccas

C’est plus directement qu’Augustin, 3 ans, a exprimé sa perplexité : d’abord apeuré au premier rang, il retrouve sa quiétude une fois placé à bonne distance, d’où il s’émerveille de chaque geste, lumière et son. Lorsque enfin le comédien manipulateur dépose les marionnettes à ses pieds, l’enfant les examine et les manipule à son tour – en un mot, les apprivoise. « Il ne sait pas ce que c’est, lance sa mère, c’est la première fois qu’il voit ce type de spectacle. » Originaire de Douai, Muriel Batzenschlager est venue passer le week-end à Auberville avec son fils Augustin et son compagnon Olivier. Elle se déclare attachée à l’éducation culturelle : « Ça permet d’ouvrir à plein de choses, d’être intéressé, curieux, de s’émerveiller et d’apprendre aussi. Le fait de dépasser sa peur, c’est très important aussi, que ce soit vis-à-vis d’un spectacle ou [de la] peur de sauter au dessus du ruisseau, de traverser la rue, ou, là, des poupées… le petit bout de chou, ça lui a permis de comprendre : « je n’ai pas à avoir peur, parce que c’est une marionnette fabriquée, parce qu’il y a une histoire ». C’est comme quand on regarde un film et qu’on nous explique les effets spéciaux après coup, on apprécie le spectacle différemment. »