Le bonheur, le temps qui passe et Léo Ferré. L’âge d’or, le nouvel album de Cali, sera dans les bacs le 9 mars prochain. Cali y parle de « ce qui l’aide à vivre » au quotidien, et de ses engagements. Rencontre avec un artiste sensible et sincère avant une tournée internationale.
Vous enchaînez les entretiens pour la promotion de cet album. Dans quel état d’esprit envisagez-vous sa sortie ?
Je suis ravi puisque c’est mon sixième album, et qu’il n’y a pas de lassitude. C’est un peu Noël pour nous, les artistes. Nous avons préparé quelque chose, nous l’avons empaquetée et il nous tarde que le public l’ouvre pour qu’on puisse cueillir son ressenti. J’ai le trac et je suis joyeux. Je suis très fier de ce disque. C’est un moment d’euphorie. Vraiment !
L’âge d’or est un album qui parle, en somme, de votre bonheur. Dans ce contexte de crise, d’austérité mais aussi d’attentats, est-il facile pour un artiste d’évoquer la plénitude ?
Inconsciemment, c’est un refuge. Oui, les temps sont durs ; oui, c’est difficile. Mais je dis à mes enfants « c’était pas mieux avant, sauf que ça allait moins vite ». Pour moi, « l’âge d’or », c’est un printemps éternel, c’est-à-dire que nous avons tous des moments dramatiques dans notre vie. Mais nous avons également tous des moments merveilleux. Et il faut les fixer, ces moments, s’en souvenir. Cela m’aide à vivre. Ces chansons, je les ai écrites pendant que j’étais retenu à Paris, pour les besoins d’une pièce de théâtre. J’étais en manque d’amour, en manque de famille.
Le bonheur individuel peut-il faire oublier la lutte collective ? En clair, est-ce que vous avez encore la rage, comme vous l’avez dit dans un livre d’entretiens en 2009 ?*
Il y a une chanson dans cet album qui s’appelle « Le cœur chargé comme un fusil ». J’avais vingt ans, j’étais un chien fou et je hurlais dans la nuit. Je voulais changer le monde avec mes amis. Aujourd’hui, je suis bien plus que cela, mais ça reste la même chose : il ne faut pas suivre le troupeau ou baisser la tête. Au moment du dernier souffle, je n’ai pas envie de regretter tout ce que je n’ai pas dit ou pas fait. Oui, l’engagement, qu’il soit politique, amoureux, fraternel ou social est indispensable.
Vous parlez tout de même de lutte et de révolution dans « Le cœur chargé comme un fusil ». Vous laissez penser que le militantisme se transmet…
Je le crois. Il y a des moments importants dans la vie pour le faire. Les temps de repas où un papa raconte pourquoi il est important d’aller voter, pourquoi s’engager et pourquoi défendre les acquis. Même si, avec la jeunesse, on ne saisit pas tout. Mais on entend et on écoute. Et peu à peu on comprend vite que ce n’est pas une élite qui doit diriger notre société ou notre cité. Grâce au discours de mon père, très jeune, j’ai compris.
D’ailleurs, votre père était-il un militant ?
C’est de l’atavisme! Lorsque j’étais petit, mon papa je l’ai vu dans beaucoup de réunions politiques. Il était très à gauche et de surcroît un papa très doux. Je l’observais, avec les larmes aux yeux, hurler, prêt à se battre dans ces rassemblements. Cela m’a beaucoup marqué. D’où cela venait-il? De son père qui était dans les Brigades Internationales. Cet homme s’est battu contre tous les fascismes du monde. Il a pris son sac à dos pour aller aux États-Unis défendre la cause de Sacco et Vanzetti, deux anarchistes italiens, condamnés et exécutés.
Il s’est rendu aussi en Espagne pour se battre contre Franco. C’est d’ailleurs là-bas qu’il a rencontré ma grand-mère, il venait d’être blessé au front. Comme tous les républicains, ils ont dû fuir l’Espagne. Ils se sont retrouvés dans des camps installés sur des plages dans le sud de la France. Des plages qui étaient de véritables camps de concentration. Je viens de là. Mon grand-père est mort à cinquante-six ans. Il a donné sa vie, cela reste dans les gènes.
Pourtant, dans cet album, comme le précédent, vous n’évoquez nullement le fait politique, alors qu’en 2007, vous étiez engagé auprès de Ségolène Royal. Ce qui vous a valu quelques critiques…
(Rires) Oui, à fond d’ailleurs…
Et en 2012, vous étiez auprès de François Hollande. Pourquoi avoir exclu cette question, la politique ?
Je ne l’ai pas exclu. Elle ne s’est pas invitée. Ce n’est pas la même chose. J’écris les chansons que j’ai besoin d’écrire. On m’a toujours vu comme un chanteur engagé, mais si on regarde bien mon répertoire, ce sont 95 % de chansons d’amour. Quant à l’engagement, j’ai aussi écrit sur le droit des pères pour la garde des enfants. Par ailleurs, aujourd’hui, je soutiens une ONG qui s’appelle One. En politique, j’ai soutenu Ségolène Royal, je ne le regrette pas. Puis, François Hollande. Et je ne le regrette surtout pas aujourd’hui. Ce n’est pas le rat qui quitte le navire lorsqu’il faut se battre !
Dans cet album, vous rendez deux fois hommage à Léo Ferré, avec la reprise de la chanson « L’âge d’or », mais aussi avec une référence à Ostende…
Je rends tout le temps hommage à Leo Ferré [ici, à la chanson Comme à Ostende, de Léo Ferré, NDLR]. Nous avons de la chance : il y a ceux qui ont été contemporains de Beethoven, et nous, nous avons été les contemporains de Léo Ferré. Ce n’est pas seulement un chanteur, c’est le poète absolu avec des mots tellement puissants qu’il nous en laisse pour des siècles. Certains jeunes qui viennent me voir jouer, ne savent pas qui était Léo Ferré. Je leur dit : « mais si je suis là, c’est parce qu’il y a Miossec et Dominique A. Et s’ils sont là c’est parce qu’il y a eu Thiéfaine, Lavilliers et Higelin, et si eux-mêmes sont là, c’est parce qu’il y a eu Ferré ». Si ces jeunes tendent une oreille vers ses textes, ils constateront qu’il est toujours d’actualité.
Les Activités Sociales, ce sont plus de 1200 spectacles par an et une quarantaine de partenaires culturels…
C’est gigantesque! Je suis admiratif.
Cela veut dire également l’accès à la culture pour tous. Vous-même vous êtes attentif au prix des places de vos concerts.
Je suis fier de cela. Aujourd’hui, nous les chanteurs, nous avons cette responsabilité. C’est de ne pas proposer des places à un prix révoltant. Mes concerts tournent autour de 29 euros. Je vois des spectacles qui dépassent les 40, voire les 50 euros et plus. C’est du racket ! Plus jeune, j’étais dans un village où je n’ai jamais vu d’opéra, ni de théâtre. C’est bien plus tard que j’y eus droit. Cela m’a ouvert les yeux et des pistes. C’est le feu sacré, et ce feu sacré nous devons l’offrir à tout le monde, comme vous le faites. Donc, bravo !
A lire : « Rage », Entretiens avec Didier Varrod, Plon, 2009
L’espace Culture & Loisir de la CCAS propose des places pour le concert de Cali. Pour accéder à la billetterie, rendez-vous sur le site ‘ccas.fr‘, identifiez-vous à l’aide de votre NIA et de votre mot de passe, puis cliquez sur l’espace Culture et Loisirs. Si vous êtes déjà identifié, cliquez sur le logo :
Tournée 2015
Mars 26.03.15 Clermont Ferrand 31.03.15 Toulouse |
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Avril 01.04.15 Tarbes 02.04.15 Montpellier 08.04.15 Angoulême 09.04.15 Nantes 10.04.15 Brest 11.04.15 Rouen 14.04.15 Limoges 15.04.15 Dijon |
16.04.15 Luxembourg 17.04.15 Bruxelles 24.04.15 Nice 25.04.15 Marseille 27.04.15 Lyon 28.04.15 Grenoble 29.04.15 Nancy 30.04.15 Genève |
Mai 05.05.15 Rennes 06.05.15 Bordeaux 07.05.15 Cahors |
12.05.15 Paris 19.05.15 Lille 20.05.15 Strasbourg |