[youtube https://www.youtube.com/watch?v=NqNRQmL6ybw]
Avec la CMCAS Toulon dont il est le président délégué, et l’association humanitaire Himali, Serge Bastien œuvre depuis une dizaine d’années en faveur d’un orphelinat proche de Katmandou, au Népal. Effroyablement frappé par deux séismes successifs fin avril et début mai, le pays devra se reconstruire. L’orphelinat aussi.
Il est arrivé la veille du premier séisme. Serge Bastien, président délégué de la CMCAS Toulon, ne cache pas son émotion à l’évocation des tremblements de terre dramatiques qui ont lourdement frappé le Népal récemment. Mais reprend vite un ton combatif lorsqu’il s’agit d’évoquer le travail de reconstruction à engager au côté de l’association humanitaire Himali Aide aux enfants du Népal, dont il est membre depuis neuf ans. Avec cette dernière – qui œuvre notamment en direction de l’orphelinat Orphan’s Home à Bhainsepati, entre Katmandou et Patan – et de nombreux bénéficiaires engagés, il lance un appel à la solidarité.
Vous êtes impliqué de longue date auprès d’Himali…
J’en suis membre depuis neuf ans. L’association s’occupe d’un orphelinat qui accueille une cinquantaine d’enfants et d’une petite école maternelle attenante où sont scolarisés les enfants de l’institution, mais aussi du village voisin. Ses principales actions : aide à la construction, suivi médical, parrainage d’enfants… Sur sollicitation du président de la CMCAS Toulon, j’ai organisé entre 2008 et 2013 cinq séjours solidaires pour les bénéficiaires, afin de leur faire découvrir le Népal et les Népalais, avec un regard différent de celui que peuvent avoir les touristes. Des petits groupes d’une quinzaine de personnes, avec qui on se réunissait avant de partir afin d’évoquer l’histoire du pays et de ses habitants, les meilleurs moyens d’aider… Lors de ces séjours, nous passions une journée à l’orphelinat. Plusieurs bénéficiaires ont choisi à la suite de ces voyages de s’auto-organiser en parallèle, afin de prolonger leur action : certains agents ont lancé une collecte afin d’acheter un réfrigérateur venu équiper la cuisine, d’autres ont fait le choix d’électrifier le bâtiment. La CMCAS Toulon s’est également associée à la démarche avec la mise en place de panneaux solaires.
> Lire aussi : Urgence Népal, le Secours populaire français et Électriciens sans frontières se mobilisent |
Lors du premier séisme, qui a meurtri le pays, vous étiez sur place.
Nous sommes arrivés la veille, avec justement deux panneaux solaires devant compléter le système électrique encore insuffisant, ainsi que pour effectuer les missions habituelles. Le jour du tremblement de terre, cela faisait une heure que nous étions dans l’orphelinat. Fort heureusement, au moment de la secousse, une fête était donnée à l’extérieur afin de récompenser les enfants qui avaient obtenu leur diplôme. Il n’y pas eu de blessés. On a pu évacuer tout le monde assez rapidement et l’orphelinat ne s’est pas écroulé. Mais très vite nous avons pris conscience de l’ampleur de la catastrophe : tout autour nous apercevions des halos de poussière… Autant de maisons qui n’avaient pas resisté. La mort avait frappé.
Nous avons vu arriver les équipes de secours, puis le grand cirque médiatique. Le Népal est un pays pauvre, instable politiquement, ce qui a pour conséquence une désorganisation. Dans les campagnes, les secours ont parfois mis plus de quinze jours à arriver. Les jours suivants, il a été très difficile de rallier l’orphelinat depuis notre point de chute à Katmandou. Quelques jours après le séisme, le couperet est tombé : un ingénieur délégué par le gouvernement a dit que les fondations avaient été touchées et qu’il fallait détruire l’orphelinat, construit il y a seulement six ans. Pour nous, après tant d’années de travail, ça a été un deuxième séisme. Et puis la mousson sera bientôt là, qu’allons nous faire des enfants ? Dans l’urgence, nous avons pu acquérir quelques tentes, afin de les mettre provisoirement à l’abri. Les plus petits ont réintégré l’ancien orphelinat, à 300 mètres.
> Lire le communiqué des présidents de la CCAS et du Comité de coordination des CMCAS |
Quelles actions pour la suite ?
Nous avons repris des nouvelles via internet suite au deuxième séisme début mai. Il faut s’organiser, réfléchir à différents scénarii. Nous avons besoin de fonds en priorité, car l’envoi de matériel est relativement compliqué. Des fonds que nous avons d’ores et déjà commencé à récolter. En effet, dès la catastrophe, nous avons reçu de nombreux messages de soutien de la part de bénéficiaires de la CMCAS qui ont demandé comment ils pouvaient aider. Ils se sont concertés et ont récolté près de 10 000 euros de dons spontanés. Il en faudra au moins quatre fois plus pour reconstruire l’orphelinat.
En savoir plus |