Quel est le livre qui vous a le plus marqué ? Nous avons posé la question à cinq bénéficiaires rencontrés à la maison familiale des Sables d’Olonne, à la SLVie Wagram (Paris) et à la CMCAS Finistère-Morbihan.
THRIVE: THE VEGAN NUTRITION GUIDE TO OPTIMAL PERFORMANCE IN SPORTS AND LIFE *, DE BRENDAN BRAZIER
Je suis sportif (cycliste) et « végan ». J’ai lu ce livre il y a un an en utilisant un logiciel de traduction. J’ai pris énormément de notes en le lisant. Il a totalement changé mon rapport à l’alimentation. J’étais déjà végétalien depuis un moment mais c’était compliqué de savoir quel plat préparer, comment l’assaisonner. J’avais tendance à manger un peu la même chose, j’avais peur de manquer de tel ou tel nutriment. Brendan Brazier (l’auteur) simplifie, réexplique et ouvre plein de voies en matière de nutrition. Je me suis mis à manger de nouvelles choses, à faire des plats simples tout en me faisant plaisir. Avec des recettes précises pour le sport : quels mélanges faire avant l’effort, quel type de boisson. Ça a été très efficace. Depuis, beaucoup de gens autour de moi ont pris des habitudes alimentaires que je leur ai conseillées.
* Bien se porter. Le guide de l’alimentation végétalienne pour optimiser ses performances dans le sport et dans la vie.
LE PARFUM, DE PATRICK SÜSKIND
Je l’ai lu il y a au moins une vingtaine d’années, mais j’y pense encore. D’ailleurs je le conseille souvent. Ce qu’il me reste de cette lecture ? La délicatesse et l’animalité, car Le Parfum fait appel à des sensations qui révèlent des sentiments. Il est à la fois profond et complètement superficiel. C’est une très belle expérience de lecture, à la fois crue et qui porte, aussi délicate qu’un doux parfum. Tous les livres ne peuvent pas prétendre générer autant de sentiments différents. C’est un très bel ouvrage, pour tous les âges, justement parce qu’il a la particularité de faire appel à nos sens. Après l’avoir lu, on ne voit plus les choses de la même manière. Souvent, on lit ce livre à l’adolescence, au moment des premiers émois. Il nous aide à nous recentrer sur nous-mêmes, il nous fait réfléchir sur ce qu’on aime vraiment. Il nous amène à nous écouter.
MARIE CURIE. PORTRAIT D’UNE FEMME ENGAGÉE, 1914-1918, DE MARIE-NOËLLE HIMBERT
Cette femme a brisé tous les tabous. Polonaise, elle est arrivée en France, elle a appris le français, a été étudiante dans les plus grandes facultés dans un domaine scientifique où les femmes étaient bannies à l’époque, qui plus est dans un domaine tout nouveau, l’étude des radioéléments. Et elle a brillé, elle a dépassé les hommes. Son souci à elle, c’était d’avoir bousculé l’establishment. Elle a su s’imposer par son caractère, sa gentillesse. Elle fait partie des quelques femmes du début XXe siècle qui ont secoué ce monde qui était figé. Elle a souffert car la plupart de ses travaux scientifiques étaient attribués à son mari. Pendant la guerre 14-18, elle s’est imposée en montant et en finançant tout elle-même : par exemple, elle a réussi à récupérer des véhicules de particuliers pour en faire des véhicules de radiologie et pouvoir faire des radios des blessés sur le champ de bataille.
LA PREMIÈRE GORGÉE DE BIÈRE ET AUTRES PLAISIRS MINUSCULES, DE PHILIPPE DELERM
Il vous fait aimer tous les petits moments (simples) de la vie. Par exemple celui d’écosser les petits pois, de boire la première gorgée de bière lorsqu’on est assoiffé… mais aussi le petit blues du dimanche soir. Il parle de vie quotidienne parfois remplie de petits bonheurs à portée de soi. « On pourrait presque manger dehors » : c’est ce que l’on ressent au printemps lorsqu’il commence à faire un peu plus chaud et qu’enfin, oui, on va pouvoir à nouveau éprouver le plaisir d’être dehors. Je trouve dans cet ouvrage, simple et accessible à tous, une philosophie de vie, éloignée du matérialisme ambiant et du tourbillon de la vie moderne. Il parle du plaisir d’être ensemble, entre amis ou avec ses enfants, et d’en avoir pleinement conscience. C’est aussi ce que j’essaie de transmettre. Je lis une cinquantaine de livres par an, et je relis souvent celui-ci. Je l’offre aussi beaucoup, car il fait partie des livres qui vous nourrissent et vous font du bien.
MARTIN EDEN, DE JACK LONDON
C’est une autobiographie romancée. Martin Eden était issu d’un milieu pauvre. Il s’est créé son monde intérieur, sa richesse. Il a connu des moments terribles (pauvreté, regard des autres) mais il a continué à s’instruire à travers les livres, puis à écrire. Je trouvais ça beau de vouloir se sortir de son milieu. À 17 ans, quand j’ai lu le livre, cette histoire a fait écho en moi. Martin Eden était matelot, il a beaucoup baroudé. Je repense assez souvent à ce livre. Ce qui m’a touché, c’est la sensibilité du personnage, le milieu dont il est issu, son regard unique. Je me suis certainement identifiée à lui. Jack London a connu le succès mais trop tard et il s’est rendu compte du monde factice dans lequel il vivait. Un monde où tout était basé sur les apparences et non sur le monde intérieur. C’est ça qui m’a touché. Lire, ça fait voyager, ça ouvre l’esprit. Ça m’a donné envie de partir. J’ai été baroudeuse de l’âge de 19 ans à l’âge de 35 ans : j’ai découvert le monde.