Du 3 au 10 octobre, le public insulaire comme les visiteurs continentaux ont pu prendre le large grâce au Festival Arte Mare et sa programmation, qui sonnait comme une invitation à la réflexion et au voyage… sur les rives de la méditerranée ou aux confins de soi-même.
Plus ancien festival de Corse, ce festival dédié au cinéma méditerranéen a été créé il y a plus de trente ans, puisque l’édition 2015 est la 33e. Il a vu le jour à un moment de renaissance culturelle de l’identité corse, et, centré sur la méditerranée, il place la Corse en tant que plateforme d’échange et de confluence au sein de cette culture entre orient et occident.
L’ambition du festival est de réaffirmer la Corse en tant que carrefour des cultures avec une programmation très exigeante et originale de films issus de l’ensemble des pays qui bordent la Méditerranée, mais aussi une sélections de courts métrages qui fait la part belle aux jeunes réalisateurs, et réserve chaque année quelques pépites.
La programmation thématique, cette année « le scandale », permet aux plus jeunes de découvrir des classiques et à chacun de les remettre en perspective au regard des évènements qui jalonnent l’actualité. Dans la salle à chacune des projections de ses films et gratifiant les spectateurs de savoureuses anecdotes, Jean Pierre Mocky était l’invité d’honneur de cette sélection, qui rassemblait notamment La grande bouffe, La dernière tentation du Christ et Un chien andalou, ou encore un film plus récent, Le Scandale Paradjanov du réalisateur arménien Serge Avédikian, qui raconte la vie tumultueuse d’un artiste soviétique.
Présent également, Serge Avédikian l’était à double titre, puisqu’il figure au casting du prochain film de Robert Guédiguian, Une histoire de fous, présenté à Bastia en avant-première lors de la soirée de clôture du festival et que bon nombre d’actrices et d’acteurs de la « famille » du cinéma de son réalisateur avait tenu à venir présenter sur scène. Un moment émouvant, en résonance avec l’actualité, celle du centenaire du génocide arménien, mais aussi celle du dramatique attentat qui venait, le matin même, de semer la mort lors d’une manifestation pacifiste dans la capitale turque Ankara.
« Les films qui ont fait scandale sont souvent ceux qui dénoncent des scandales ! explique Michèle Corrotti. Par exemple, La grande bouffe, dont la magnifique Andréa Féréol a assuré la présentation, pointait avec férocité la malbouffe et la surconsommation qui est plus que jamais d’actualité aujourd’hui« . L’aspect culinaire n’est d’ailleurs pas absent du festival car le festival veut offrir la meilleure image possible de la Corse : pour cela, de grands chefs proposent chaque soir aux invités et au public des repas gastronomiques réalisés avec de produits du terroir et arrosés de vins locaux.
« Le festival n’est adossé à aucune structure commerciale, c’est un festival fait par des bénévoles, qui s’investissent énormément que ce soit pour la décoration du théâtre municipal où les films sont projetés, la préparation des repas, l’accueil des invités etc. Ici tout est fait avec peu de moyen mais beaucoup de passion » précise Michèle Corrotti, sa présidente. « Dans ce cadre, le partenariat avec la CCAS est pour nous naturel et essentiel. Beaucoup de nos amis qui sont impliquer dans l’organisation du festival sont issus des IEG et nous partageons avec eux cette volonté de faire découvrir le monde et d’œuvrer pour une culture vivante et populaire. Nous avons toujours été soutenus par la CCAS, mais depuis quelques années leur investissement est plus important et nous en sommes fiers et heureux. Ce prix CCAS est important car il met en lumière en général des films où le regard social est présent où qui sont très en prise avec le réel, même si ce sont des fictions. Et surtout le jury de la CCAS à l’avantage de réunir les générations, c’est très enrichissant et cela prouve bien que, comme nous, la CCAS est attachée au partage et à la transmission ! »
Ainsi, le matin du dernier jour du festival, une dizaine de jeunes de la section cinéma du lycée Giocante de Casabianca, encadré par Gérard Camy, historien du cinéma, et cinq agents ou anciens agents des IEG qui composaient le très éclectique jury du prix cinéma de la CCAS (doté de 800 €), ont donc débattu passionnément avant de récompenser, au terme de deux tours de votes très serrés le prix CCAS, Peur de rien, de Danielle Arbid. Ce film franco libanais retrace le parcours de Lina, 18 ans, qui débarque à Paris pour faire des études. Elle cherche en France la liberté qui lui manquait au Liban… L’interprétation sincère et naturelle de la jeune Manal Issa qui tient le rôle principal de ce long métrage dont l’action se situe dans les années a fait l’unanimité chez tous les membres du jury, même si, comme le confie Josianne Grassini, c’était seulement son deuxième choix : « J’ai eu un coup de cœur pour À peine j’ouvre les yeux, de la tunisienne Leila Bouzid… Mais je ne suis pas déçue car le film qui a été primé est également l’histoire de l’émancipation d’une toute jeune femme. » « Et il porte les valeurs de la CCAS, ajoute Marcelle Cimino, retraité EDF, et ancienne correspondante Slvie : celles de l’ouverture et de l’appétit pour la découverte. »
Notons que le jury CCAS a également décerné une mention spéciale au film Dégradé de deux frères palestiniens Arab et Tarzan Nasser, pour sa bande son remarquable : « on est réellement plongé dans l’ambiance de Gaza, c’est comme si on y était« , commente l’un des jeunes jurés. Ce huis-clos, qui a pour cadre un salon de coiffure alors qu’à l’extérieur pleuvent les bombes israéliennes, montre la réalité d’une guerre subie par ceux et celles qui n’y participent pas directement et aspire tout simplement à un peu de normalité… « Ce genre de films nous aide à comprendre l’actualité et le monde d’une manière plus sensible qu’au travers les journaux télévisés, c’est très important » souligne Jean Pierre Vincensini, agent des IEG se décrivant comme « fondu de cinéma« , particulièrement épaté par la qualité et la diversité des œuvres programmées lors de cette édition d’Arte Mare. « C’est pour cela que faire ce bout de chemin avec le festival permet la découverte de jeunes réalisateurs et favoriser l’émergence d’un cinéma pluriel » renchéri Josianne Grassin, qui travaille à la CMCAS de Corse.
Après les délibérations, il a fallu décider qui prendrait la parole sur scène lors de la soirée de remise des prix… C’est Léa qui a assumé cette mission avec fierté et brio à peine impressionnée par le public venu en masse au théâtre municipal de Bastia !
ma conscience politique a commencé avec des films italien, genre « le voleur de bicyclette », entre autre, elle s’est affirmé lorsque j’ai « cassé » du gud et de l’ordre nouveau lorsque mon pote FARID fut agressé, autre temps……
ça doit être chouette ce festival, la corse. dommage je n’aurais jamais la possibilité de m’y rendre, pas les moyens.