L’énergie, un droit à conquérir

L'énergie un droit à conquérir © Kader Sabi/ccas

Chargement de téléphones portable dans un village du Bénin © Kader Sabi/ccas

A cinq semaines de la COP21, l’ONG internationale Droit à l’énergie – SOS Futur organisait le 21 octobre à Paris un colloque autour de deux thématiques : l’accès à l’énergie pour tous et la précarité énergétique.

Enrichir la réflexion à l’approche de la COP21 sur les problématiques d’accès à l’énergie dans les pays du Nord comme dans ceux du Sud, tel est l’objectif de l’ONG internationale Droit à l’énergie – SOS Futur , qui tenait un colloque mercredi 21 octobre à la Maison de la chimie, à Paris. Des représentants d’associations, d’organisations syndicales, d’entreprises de collectivités ont débattu, en présence du député André Chassaigne, de la question : « COP21 : le droit à l’énergie pour tous, un droit oublié ? »

Une question de « justice » et de « morale »

Mustafa Kadi DR/ccas

Denis Voisin, Mustafa Kadi et Jean-Eudes Moncomble DR/ccas

La responsabilité internationale face aux difficultés d’accès à l’énergie, voilà un sujet sur lequel Mustafa Kadi, administrateur nigérien de Droit à l’énergie, ne manque pas d’arguments. « Au Niger, affirme-t-il, le taux d’accès des ménages à l’électricité est de 10%. » En milieu rural, il tombe même à 0,6%. « 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’énergie alors qu’ils possèdent d’importantes sources d’énergie qu’ils exportent dans les pays riches. Si nous donnons de l’uranium à la France, la France doit trouver la manière la plus durable de nous accompagner dans l’accès à l’énergie. C’est une nécessité absolue. » Pour l’administrateur de Droit à l’énergie, cet accès est une question de justice et de morale. « Tant qu’il n’y aura pas de solidarité nord-sud, l’accès à l’énergie des Etats africains restera une utopie. » Comment changer la donne ? Les énergies renouvelables sont-elles une solution pour ces pays ? « Le coût actuel des panneaux solaires est hors de portée des petites bourses », regrette Mustafa Kadi. Au Niger, on dépense en moyenne moins d’1 euro par jour et par personne. « Idem pour les petites stations hydro-électriques : elles sont trop chères pour les particuliers. » Au final, « bon nombre de solutions alternatives (même de petite taille) nécessitent des investissements trop lourds. »

Colloque l’accès à l’énergie pour tous et la précarité énergétique © DR/ccas

Colloque sur l’accès à l’énergie pour tous et la précarité énergétique © DR/ccas

Selon Jean-Eudes Moncomble, secrétaire général du Conseil français de l’énergie (comité français du Conseil mondial de l’énergie) la question de l’accès à l’énergie ne se limite pas à l’accès physique. Il faut aussi que cette énergie soit abordable. Il estime, en outre, que la technologie ne peut pas être la seule solution : il faut aussi penser aux problèmes de la maintenance des installations et aux circuits de financements. Mais une chose est sûre, insiste-t-il : « On aura besoin de toutes les énergies. Et le charbon aura encore sa place dans l’avenir. » Une affirmation qui laisse incrédule le représentant de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme , Denis Voisin. « Le photovoltaïque est déjà compétitif et pourrait atteindre 25% de la production mondiale en 2050, avance-t-il. Le problème, c’est les subventions des énergies fossiles. » Autre pomme de discorde : le nucléaire. « Le coût d’investissement d’une nouvelle centrale nucléaire est beaucoup plus élevé que celui des énergies renouvelables », estime Denis Voisin, s’attirant les foudres d’un participant. « Le nucléaire, nous y sommes favorable », reprend Mustafa Kadi, évoquant le cas du Nigéria, qui pourrait se doter dans les prochaines années d’une centrale nucléaire, avec le concours de l’entreprise publique russe Rosatom.

« 500000 coupures d’électricité pour impayés en Allemagne »

Changement d’hémisphère pour le deuxième thème du jour, « La précarité énergétique : quelles solutions pour les pays développés ? » Selon Gilles Pereyron, vice-président de Droit à l’énergie, la libéralisation du marché européen de l’énergie depuis 1996 est en bonne partie responsable de la montée de cette précarité. « L’Allemagne est passée de 14 centimes à 29 centimes d’euros le KWh pour le marché domestique. Résultat : dans ce pays, il y a 500000 coupures d’électricité pour impayés chaque année. » Et en France ? « Nous avons a écrit à tous les groupes parlementaires pour inscrire le droit à l’énergie dans la loi », poursuit Gilles Pereyron. En juillet dernier a été adopté le projet de loi sur la transition énergétique, qui comporte des dispositions pour lutter contre la précarité énergétique. André Chassaigne, président du Groupe démocrate et républicain à l’Assemblée nationale, insiste sur l’importance de la maîtrise publique actuellement « gravement remise en cause. » A l’heure où les conditions de la concession des barrages hydroélectriques font polémique, le député pointe « le risque réel d’ouvrir la voie à une privatisation généralisée. » Quant à la loi sur la transition énergétique, il se félicite d’avoir réussi à y intégrer l’accès à l’énergie, mais reste sceptique quant à son application. Même inquiétude pour Denis Rochette, d’ATD Quart Monde . « Le chèque énergie (prévu dans la loi, ndlr) va-t-il toucher autant de personne que le tarif de première nécessité ? » Bertrand Lapostolet, de la Fondation Abbé Pierre, ne se fait pas d’illusions : « Ce chèque sera inférieur à 200 euros par ménage. Le gâteau qui était coupé en 2 millions de parts va être coupé en 4 millions de parts. »

La précarité énergétique, un enjeu commercial ?

Si l’Etat peine à financer la solidarité énergétique, le privé peut-il y contribuer ? C’est ce que croient le groupe Total et son responsable mission précarité énergétique et développement durable, Philippe Pacaud. « L’accès à l’énergie est une de nos priorité. C’est un enjeu commercial. 25% de nos clients sont en situation de précarité énergétique. » Total participe à plusieurs dispositifs en ce sens, notamment au programme « Habiter mieux » de l’ ANAH , l’Agence nationale de l’habitat. « Nous avons réussi à aider dans leur objectif de rénovation 150000 ménages, à hauteur de 20% de leurs besoin », affirme Philippe Pacaud qui plaide pour « une plus grande coopération entre acteurs publics, privés et sociaux. »

A l’issue de ce colloque, l’association Droit à l’énergie – SOS Futur, forte de son statut consultatif auprès du Conseil économique et social de l’ONU, va s’atteler à une nouvelle tâche : plaider pour la mise en place d’une journée mondiale de l’accès à l’énergie durable pour tous. Un moyen de remettre cette question au cœur de l’agenda international et de mesurer chaque année les progrès réalisés dans le domaine.

Droit à l’énergie SOS Futur
Créée il y a 15 ans, cette ONG internationale basée en France défend le droit à l’énergie pour tous en tant que « droit fondamental de l’homme ». Titulaire du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations Unies , elle organise l’accès à l’énergie sur le plan international, valorise l’utilisation des sources d’énergie renouvelables et favorise les transferts technologiques.
2 Commentaires
  1. DAUSQUE 9 ans Il y a

    total est « gentil » car pour profiter des « aides » (qui généreront tôt ou tard des taxes foncière et d’habitation plus élevées ex la taxation des cabanes de jardin merci macron) il faut passer par des « professionnels. Ces professionnels font payer cher leurs prestations exemple

  2. DAUSQUE 9 ans Il y a

    je vis dans un pays riche, pourtant ce n’est l’impression que j’en ai lorsque je vois les queues au restos du cœur, lorsque je vois des femmes et leurs enfants a la rue. J’apprécie de moins en moins l’appellation de pays riche car tout les habitants, les citoyens ne vivent pas dans le luxe, ne mangent pas tous a leur faim, n’on pas tous un logement a minima (on n’habite aps tous villa montmorency et ne nous déplaçons en Ashton martin voire en 5008). Alors nommer ceux qui sont responsable et ne généralisez point a tous merci!

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