Sept ans après la sortie de son dernier album, Mickey 3D revient avec un nouvel opus intitulé « Sebolavy »*. Accompagné de nouveaux musiciens, l’interprète, entre autres, de « La France a peur » ou « respire » livre une partition sobre et lyrique aux sonorités éclectiques ; jonglant entre pop anglaise, balades rock ou encore new wave… Entretien avec Michaël Furnon, artiste « funambule », qui sera l’une des têtes d’affiche du prochain festival d’énergies de Soulac (Gironde) les 14 et 15 mai prochains.
De retour sur le devant de la scène après une longue période…Sept ans d’absence ou sept ans de réflexion… ?
Ni l’un, ni l’autre ! C’est surtout sept années de travail au cours desquelles je n’ai pas pris de congés pour me consacrer à la réalisation de cet album. Certes, j’aurais pu en sortir plusieurs…mais si j’ai mis autant de temps, c’est que je n’étais pas satisfait du résultat. Je trouvais que tout ce que j’écrivais n’apportait rien de nouveau au niveau créatif.
« Sebolavy », c’est une assertion qui peut susciter le débat de nos jours ? Surtout que derrière ce titre, certains des morceaux de l’album évoquent des sujets assez graves.
Mais il y a aussi un petit côté ironique dans ce titre. La vie est belle, c’est dire, de façon implicite, qu’elle pourrait l’être encore plus. Mais l’homme a toujours sa part mauvaise et n’arrive pas, quelque part, à s’en sortir avec lui-même. Que ce soit dans « la rose blanche »** ou dans « Après le grand canyon » qui parle de Geronimo… j’ai souhaité mettre en exergue le fait que l’histoire, finalement, n’est qu’un éternel recommencement. Que les drames, les injustices etc. jalonnent les époques, malgré toutes les bonnes volontés.
Ce « retour vers le passé » est nécessaire selon vous pour mieux avancer ? Comme vous le faites dans « Sylvie, Jacques et les autres », avec en toile de fond votre enfance ?
Sans aller aussi loin dans la réflexion, j’ai écrit cette chanson pour parler de ce qu’on a tous en nous. Ces espèces de petits souvenirs marquants qui nous suivent tout au long de notre vie. Sans forcément y prêter attention au moment où ça nous est arrivé. C’est le rapport au temps qui m’intéresse. En se retournant, ces événements nous paraissent si proches qu’ils en deviennent un marqueur. Et là, la question de savoir qu’est-ce qu’on a fait depuis ce temps ressurgit inévitablement.
La jeunesse, on la retrouve dans « Sebolavy » qui décrit cette génération migrant vers une certaine « extrême ». Pourtant, là encore, c’est un regard, pas un jugement.
Oui c’est un peu ça. Si cette jeunesse ne sait plus trop où elle va c’est avant tout parce qu’elle est en manque de repères. Et, de nos jours, il est tellement difficile d’en avoir. Avec le chômage, certaines valeurs qui se délitent…
Musicalement, l’album est très bigarré, moins rock, avec des sonorités plus aériennes, plus légères aussi…Est-ce une sorte de virage ?
Oui, celui de l’âge peut-être ! Je ne suis plus tout jeune (rires). J’ai dépassé la quarantaine et j’ai envie, sans doute, de plus de tranquillité y compris dans la musique…. Après, outre ces accents « pop anglaise », entre autres, musique au son de laquelle j’ai en partie grandi, l’album laisse une grande place aux voix. C’est un volet qui me tenait à cœur.
Pour revenir à vos textes, au début de votre carrière vous épingliez parfois les travers d’une société, d’un pays à la dérive. Aujourd’hui force est de constater que certaines de vos chansons sont intemporelles…
Mais je trouve que certains morceaux ne sont finalement pas d’actualité, mais, malheureusement, encore plus d’actualité et pourraient le rester encore longtemps. Que ce soit « Respire » qui dénonçait l’immobilisme en matière d’écologie, ou encore « la France a peur » qui dénonçait le traitement de l’info par les médias de masse, les deux ont toute leur place à notre époque. « Le matraquage » médiatique et l’aggravation de la situation en matière d’écologie sont des réalités.
A Soulac, en mai prochain, vous allez découvrir un espace de concert, mais aussi d’idées, d’échanges etc. entre jeunes énergéticiens de toute la France. Ces grands rassemblements populaires, ça vous incite quoi ?
Je pense qu’il est essentiel de se regrouper, de se retrouver, où que ce soit, pour débattre. Le jour où il n’y aura plus d’espace pour la discussion, l’échange, il n’y aura tout simplement plus de vie. Et je suis assez satisfait d’aller jouer dans ce cadre-là.
*Sortie le 1er avril (Warner Music)
**Chanson qui évoque ce groupe éponyme de résistants allemands assassinés par les nazis en 1942.
Tags: Festival d'énergies