Depuis 2014, la ville de Paris consacre chaque année 5 % de son budget annuel d’investissement, soit 100 millions d’euros, au financement de projets issus de la réflexion des Parisiennes et Parisiens, sans limite d’âge ou de nationalité.
En octobre-novembre dernier, 160 000 Parisiens ont participé au scrutin du budget participatif. En votant, ils ont choisi 219 projets, sur les 624 retenus par le collège d’élus, de techniciens de la ville et d’habitants (parmi les 3 000 déposés sur la plateforme numérique). Des dispositifs d’aide pour les personnes sans-abri à la lutte contre le gaspillage alimentaire, en passant par le développement des espaces verts ou la création d’espaces de travail pour les jeunes… « L’objectif de départ, explique Julien Antelin, animateur du projet à l’Hôtel de Ville, était de réduire la distance qui s’instaure entre élus, habitants et techniciens de la ville. » Autrement dit, permettre à chacun de se « frotter » à la création et à la gestion de projets et ses contraintes.
Sur les traces de Porto Alegre…
Initié en 1989 à Porto Alegre (Brésil), bien d’autres villes, comme New York, Madrid – après la victoire de Podemos –, se sont lancées avec succès dans ce nouveau mode d’action. En France, plusieurs métropoles régionales proposent un budget participatif. C’est le cas de Rennes avec 3,5 millions d’euros (sur un budget total de 431 millions d’euros). Grenoble met sur la table une enveloppe de 800 000 euros, à rapporter à un budget total de 344 millions d’euros. Montreuil prévoit d’y consacrer 3 millions d’euros sur deux ans.
Principal risque de ce dispositif ? Créer une nouvelle fracture entre les habitants : les uns engagés dans la démarche, souvent habitués à la prise de parole ou rompus à l’implication citoyenne, et… les autres. Et si, dès l’origine, la démocratie est liée à la nécessité de trouver des espaces participatifs où faire vivre la diversité, la mécanique de l’entre-soi se remet vite en marche.
Sans le dire expressément, la ville de Paris a choisi cette année de consacrer une enveloppe spécifique de 30 millions au financement de projets issus des quartiers populaires. « Dans les quartiers, les associations ont été mobilisées pour solliciter la participation active des habitants et les accompagner out au long de la démarche », explique Julien Antelin. À l’arrivée, 58 projets estampillés « quartiers populaires » ont été élus en 2016.
Les nouveaux territoires de la démocratieInstitutionnelles ou citoyennes, en assemblées, sur le Net ou les réseaux sociaux, de nouvelles pratiques démocratiques viennent bousculer la prise de parole, la gestion municipale et jusqu’au travail.Voir l’ensemble du dossier |