Rassurés par le protocole sanitaire mis en place cet été par la CCAS, les bénéficiaires ont profité de congés bien mérités. Souvent, ils sont restés en famille, limitant les interactions avec les autres vacanciers. Reportage à Super-Besse et à Arès-Bassin-d’Arcachon.
Article co-écrit par Samy Archimède et Stéphane Sisco
À Super-Besse (Puy-de-Dôme), la piscine a toujours autant de succès. Mais cette année, les règles sont différentes. « On peut y aller ? », demande un père de famille accompagné de sa fille, déjà en maillot de bain, qui trépigne d’impatience. « Dans cinq minutes ! Il y a des gens qui vont sortir », répond Sylvie. L’animatrice doit enregistrer chaque mouvement : heure d’entrée et de sortie, nom et numéro d’appartement. Car il ne doit pas y avoir plus de vingt personnes en même temps dans le bassin. Et au bout d’une heure, il faut laisser la place à d’autres.
« D’habitude, les gens discutent au comptoir »
2020 n’est décidément pas une année comme les autres. Face à l’épidémie de Covid-19, la CCAS a dû mettre en place dans ses villages vacances un protocole sanitaire strict. Notamment dans les parties communes. Sens de circulation avec fléchage au sol, service à table et limitation du nombre de personnes dans la brasserie… Pas question de passer sa commande au bar tout en faisant connaissance avec d’autres bénéficiaires : chaque famille doit s’asseoir à sa table et attendre d’être servie.
« C’est plus triste que les autres années. D’habitude, les gens discutent au comptoir », regrette Loïc, en préparant deux cocktails, pendant que sa collègue sert les bénéficiaires en terrasse, masque chirurgical sur le visage. Créer de la convivialité tout en limitant au maximum les contacts, voilà la difficile mission confiée cet été à l’équipe d’animation du centre de Super-Besse.
À Super-Besse, l’été 2020, rythmés par les protocoles sanitaires mis en place par la CCAS, n’ont pas empêché les familles de profiter des vacances. ©Julien Millet/CCAS
Ce vendredi 31 juillet, à l’heure de l’apéritif, Mathieu propose dans le bel espace bar bordé de grandes verrières un quiz sur les fromages d’Auvergne. « Désolé… D’habitude on fait une dégustation… », s’excuse-t-il. Un grand plateau de saint-nectaire et de cantal, dans lequel chacun pourrait piocher ? Sanitairement incorrect. Sylvie, qui habite près de la station de montagne, doit elle aussi se rendre à l’évidence : « D’habitude, quand j’organise un loto, je rassemble toutes les tables, mais là on doit les séparer, alors les gens ne peuvent pas boire un verre ensemble. »
Plus généralement, « très peu de gens viennent aux animations et aux sorties », observe-t-elle. Le programme proposé aux bénéficiaires cette dernière semaine de juillet est pourtant alléchant : concert latino, spectacle de « danse jonglée » (voir encadré), initiation à la country et au madison, randonnées… Seules huit personnes se sont inscrites à la dernière balade de la semaine, dont Margaret, retraitée venue de Nancy. Très enthousiaste, elle refuse de se laisser démoraliser par l’épidémie : « Ça ne nous perturbe pas, on s’adapte ! Et le programme est formidable ! » Margaret a particulièrement aimé l’initiation à la sonothérapie, cet art de soigner par le son et les vibrations.
Des rencontres culturelles maintenues
Spectacle Copyleft, tourbillon jonglé de la compagnie Nicanor de Elia, village vacances de Suber-Besse (Puy-de-Dôme), juillet 2020. ©Julien Millet/CCAS
Un temps menacées par l’épidémie, les rencontres culturelles nationales ont bien eu lieu partout où la situation le permettait. Dans la belle salle d’activité du centre de Super-Besse, une cinquantaine de bénéficiaires ont assisté, le 31 juillet, à « Copyleft », spectacle de « danse jonglée » proposé par la compagnie Nicanor de Elia.
Une performance époustouflante qui a épaté l’assemblée. Après la représentation, les enfants ont même pu bénéficier d’une petite initiation au jonglage. Certains n’étaient pas pressés d’aller se coucher.
Au creux du chemin, le petit groupe se rassemble autour de la fontaine Goyon dont l’eau est très riche en fer. Sylvie distribue à chacun un gobelet rempli du pétillant breuvage. Emma, 18 mois, sourire jusqu’aux oreilles, en redemande, provoquant le rire attendri de l’assemblée. Outre des découvertes insolites, ces balades sont l’occasion de mettre son masque de côté et de discuter avec des personnes que l’on ne connaît pas.
Retour à Super-Besse. Tout le monde n’a pas l’obligation de porter le fameux masque dans les espaces clos. Notamment les enfants de moins de 11 ans et certaines personnes en situation de handicap. Comme Christian, bénéficiaire atteint d’une maladie neuro-dégénérative, avec qui Meriem et Olivier sont souvent en contact rapproché. « Le zéro contact, c’est impossible », affirme Olivier, pendant que Meriem, assise juste derrière Christian, lui lit une BD, au beau milieu d’une salle de bar presque déserte.
Où sont donc les vacanciers ? « Il y a des personnes qu’on ne voit jamais », confie Patricia Laroche, responsable principale du centre de vacances. « C’était déjà le cas avant, mais ça l’est encore plus cette année, vu le contexte. » Puis elle ajoute : « Vendredi soir, une dame est restée derrière la vitre de la salle pour regarder le spectacle de la rencontre culturelle. »
À Arès, les animations font le plein
La configuration des villages vacances situés en bord de mer est-elle plus propice aux échanges que celle des centres plus fermés comme Super-Besse ? Pour le savoir, cap sur Arès, au bord du bassin d’Arcachon (Gironde). Ici, les gîtes sont pleins, mais seulement 20 % des emplacements de camping sont occupés. La formule « gîte » rassure : « Ça permet de vivre en famille sans être constamment confronté au Covid », résume Catherine, venue avec son mari retrouver sa fille, son gendre et ses quatre petits-enfants.
Si le village est plus calme que d’habitude, les vacanciers ne restent pas pour autant cloîtrés. « Cette année, j’ai l’impression qu’il y a plus de personnes qui participent aux activités que les années précédentes. Les gens sont contents d’avoir pu partir en vacances », remarque Emma, animatrice activités sportives. « Et ils sont très respectueux des consignes sanitaires », poursuit la jeune femme qui doit désinfecter les raquettes de tennis et de ping-pong ainsi que les boules de pétanque après chaque utilisation.
Laurent Boulay, le responsable principal du village vacances d’Arès, ne cache pas sa satisfaction : « On a fait des repas festifs avec pratiquement la moitié des bénéficiaires. En respectant évidemment les gestes barrières et en limitant le nombre de personnes à quatre sur des tables de huit. » Certains ont même prolongé la soirée en dansant, en famille ou entre amis. Une douce parenthèse au cœur d’un été très particulier.
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comment ce fait il que quand les centres ferment certaines personnes restent y a t il des passe droit
Bonjour,
Si dans votre commentaire, vous faites référence à cet article, notez sa date de publication (18 septembre 2020) et la date indiquée dans la légende des photos (août 2020) : à ces dates, les villages vacances étaient tout à fait ouverts aux bénéficiaires.
La mesure annoncée par Nicolas Cano, président de la CCAS, est intervenue plus tard, suite aux annonces du gouvernement le 28 octobre, et court du 1er novembre au 18 décembre 2020.
Cordialement,
La rédaction
Comment se fait-il que certains centres avaient le droit d’organiser des repas festifs, alors que sur d’autres centres, notamment en Languedoc/Midi – Pyrénées, cela était strictement interdit? Un centre sans repas festif, est un centre mort !
On a quand même eu beaucoup de succès sur toutes les activités proposées en extérieur à Super-Besse. Les gens ont apprécié les sorties à la journée sur les château ou au plateau de Gergovie.