Rémi David, auteur du roman « Mourir avant que d’apparaître » (Gallimard, 2022), échange avec les lecteurs et lectrices au Festival du premier roman 2023 de Chambéry. ©Etienne Mehr/CCAS
À l’occasion de l’édition 2023 du Festival du premier roman de Chambéry, une rencontre a été organisée entre l’écrivain Rémi David et des bénéficiaires de la CMCAS Pays de Savoie, partenaire de l’événement tout comme la CCAS. Une façon d’impulser une dynamique dans le club de lecture de la CMCAS, en plein renouvellement.
Christine, Luc et Françoise ne connaissaient pas l’écrivain Rémi David avant de se plonger dans son livre « Mourir avant que d’apparaître », paru aux éditions Gallimard en 2022. C’est l’équipe du Festival du premier roman de Chambéry qui leur a conseillé cet ouvrage, dans le cadre du partenariat avec le club de lecture de la CMCAS Pays de Savoie. Ces trois « mordus » de littérature forment aujourd’hui le noyau dur du club, le groupe étant en train de se reconstruire à la suite de la disparition, fin 2022, de Roger Colombani, l’élu de la CMCAS qui en était la cheville ouvrière. Ils ont apprécié l’ouvrage de Rémi David, par ailleurs lauréat du festival, et profitent de la possibilité de converser avec lui, ce jeudi 13 mai.
Au bistrot du festival et au cœur du roman
La causerie, décontractée et cordiale, se déroule autour d’un déjeuner au bistrot du festival. Elle s’amorce avec des considérations sur la région savoyarde, que l’écrivain quadragénaire connaît peu. Rapidement, on entre dans le vif du sujet : la littérature.
Luc Lemaire, 68 ans, ancien responsable de gestion de projet à la centrale EDF de Flamanville, ne manque pas de questions. Que Rémi David ait choisi de décrire la relation qui unit Jean Genet, écrivain majeur du XXe siècle, et le jeune acrobate Abdallah Bentaga l’intrigue particulièrement. « J’aime beaucoup les œuvres de Genet mais il est quand même considéré comme un écrivain maudit : pourquoi lui ? », s’enquiert Luc avec franchise. Rémi David évoque l’importance du cirque, milieu dans lequel il évolue lui-même en tant qu’artiste magicien.
« Certains imaginent qu’intégrer un club de lecture oblige à lire des titres qui ne leur plaisent pas. Mais ce n’est pas un programme scolaire ! Ce qui prime, c’est la liberté de lire. »
Christine Glatigny, salariée d’Enedis en Savoie
Un peu plus tard, Christine Glatigny, la soixantaine vive, salariée à Enedis (Savoie), fait part de son avis sur le comportement critiquable de certains « personnages », à commencer par Genet lui-même vis-à-vis de son amant. Cela soulève des discussions sur la part de réalité et d’imagination, sur le lien entre une personnalité et son œuvre. Rémi David, lui, explique avoir voulu décrire, sans la juger, une relation complexe. Il précise : « Je remarque qu’il y a des lecteurs qui ont envie de lire Genet ensuite, et d’autres non, parce qu’ils trouvent que ‘c’est un sale type’. »
Christine, curieuse de connaître la vie d’un artiste pour juger de son œuvre, ira le lire. Françoise Lemaire, 72 ans, plutôt discrète lors de l’échange, n’en perd pas une miette. Elle apprécie, elle, le côté documentaire du récit. Au bout de presque deux heures de discussion, les convives auront abordé la question de l’emprise dans la relation amoureuse, celle de la collaboration entre l’auteur et son éditeur ou encore celle du risque mortel que prennent les funambules.
Leur mission : choisir un auteur pour les Rencontres culturelles
Après un échange très libre entre l’auteur et les bénéficiaires de la CMCAS Pays de Savoie, ces derniers repartent avec de nouveaux livres : leur auteur coup de coeur sera choisi par la CCAS pour animer des Rencontres culturelles l’été prochain dans les villages vacances de la CCAS. ©Etienne Mehr/CCAS
Rémi David quitte bientôt la table pour aller participer à une rencontre avec des adolescents. Le Festival du premier roman a, en effet, à cœur de mettre en lien les auteurs avec tous les publics. Créé en 1987 par l’association Lectures plurielles, ce rendez-vous repose sur un réseau de 3 000 personnes, jeunes et adultes, de Savoie et d’ailleurs, seules ou regroupées en comités de lecture. Ces lecteurs lisent, échangent et votent pour sélectionner les lauréats qui seront invités. Ce rôle actif du public correspond parfaitement à la philosophie des Activités Sociales de l’énergie : faire de la culture un vecteur de lien social et d’émancipation pour tous.
« Les livres sont une forme d’oxygène. Faire partie d’un club de lecture est stimulant : on est encore plus actif dans ses lectures. Pour nous qui sommes nouveaux dans la région, c’est aussi une façon de nouer des liens. »
Françoise Lemaire, bénéficiaire de la CMCAS Pays de Savoie
Pour l’heure, Christine, Luc et Françoise repartent du restaurant avec de nouveaux romans à dévorer. Leur mission ? Sélectionner celui dont l’auteur sera invité aux Rencontres culturelles de la CCAS en 2024. En septembre prochain, le club de lecture pourra participer, comme les autres comités de lecture, à la préparation du Festival du premier roman 2024. D’ailleurs, la création d’un club de lecture national des CCAS permettra à des bénéficiaires de toute la France de s’inscrire dans ce vaste mouvement de lecteurs. À suivre.
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« Nous nous retrouvons pour partager nos impressions de lecteurs. C’est très formateur : on apprend à élaborer son propre jugement, à formuler sa pensée, cela structure l’esprit. Sans compter que cela donne une aisance à l’oral. »
Luc Lemaire, 68 ans, retraité d’EDF Flamanville.
