Après les élections professionnelles, les dossiers chauds pour les nouveaux élus des CSE

Illustration du travail du CSE à venir. Getty images.

©CSA Images/Getty Images

La CFE Énergies, arrivée en tête à EDF à l’issue des dernières élections professionnelles, compte bien peser sur la réorganisation de la filière nucléaire et livrer son analyse sur la fixation des prix de l’électricité. À GRDF, la FNME-CGT, première organisation syndicale de la branche, veut faire valoir son point de vue sur la tarification du gaz et l’exposition à l’amiante.

En bref

  • À l’issue des élections professionnelles dans les Industries électriques et gazières, du 6 au 13 novembre dernier, la CGT reste la première fédération syndicale de la branche mais la CFE-CGC continue sa progression. 
  • Avec 33,1 % des voix, la CFE Énergies est passée pour la première fois devant la FNME-CGT à EDF SA. C’est le fait le plus marquant des élections professionnelles qui ont eu lieu du 6 au 13 novembre dernier et qui vont renouveler les membres des Comités sociaux et économiques (CSE), élus pour la première fois en 2019. La fédération de l’encadrement poursuit sa progression, entamée en 2007, devenant également la première organisation syndicale à GRT Gaz (37,8 %).
  • Malgré son rôle moteur dans le mouvement de lutte contre la réforme des retraites et dans les mouvements sociaux victorieux menés en 2022 dans les grandes entreprises de la branche, la FNME-CGT n’est pas parvenue à transformer l’essai dans les urnes. Avec un score global de 34,6 %, elle demeure toutefois le premier syndicat représentatif des Industries électriques et gazières (IEG).
  • Quant à FO Énergies et Mines (15,9 %), elle fait désormais jeu égal avec la Chimie Énergie CFDT (16 %).
  • À signaler, le taux de participation de 72,45 %, équivalent à celui de 2019.

Ces résultats s’expliquent en partie par l’évolution sociologique au sein des IEG. La proportion de cadres y a poursuivi sa hausse au cours de la dernière décennie, passant de 33 % en 2013 à 38 % en 2022. Cette part atteint même 50 % à EDF, entreprise où le collège exécution est tombé à 5,5 %.

Ne pas déshabiller le parc nucléaire pour rhabiller les nouveaux EPR 

Quels sont les grands dossiers que les nouveaux élus vont avoir entre leurs mains dans les prochains mois ? À EDF, le CSE central (CSEC) va devoir s’attaquer à un gros morceau : la réorganisation des activités nucléaires.

« Le dossier va être présenté dès la première séance ordinaire du CSEC en janvier 2024 pour information et avis, indique Arnaud Barlet, représentant syndical CFE Énergies au sein de l’instance. Notre rôle sera de nous assurer que la réorganisation proposée nous permette de construire six nouveaux réacteurs EPR, et peut-être davantage, mais aussi de garder la capacité de faire fonctionner normalement le parc actuel en gardant un taux de disponibilité important. »

« [Il faut] laisser au sein du parc existant les ressources d’ingénierie suffisantes pour pouvoir relever les challenges en cours et à venir. »
Arnaud Barlet, représentant syndical CFE Énergies au CSEC d’EDF

Attention à ne pas vouloir déshabiller l’ancien nucléaire pour habiller le nouveau, prévient en substance l’élu. Il faut, selon lui, « laisser au sein du parc existant les ressources d’ingénierie suffisantes pour pouvoir relever les challenges en cours et à venir : adaptation climatique, grand carénage et augmentations de puissance sur les tranches ».

Autre sujet de taille : le prix de vente du kilowattheure, objet de discussions intenses entre l’État et EDF SA. Certes, ce n’est pas en réunion de CSEC que les décisions vont être prises en la matière, mais les élus du Comité social et économique tiennent à se positionner et à formuler un avis technique, explique Arnaud Barlet. L’enjeu est le suivant, selon lui : « S’assurer que ces négociations garantissent aux clients, d’une part, des prix stables et acceptables et à EDF, d’autre part, un revenu suffisant pour être en capacité d’investir dans de nouveaux moyens de production. »

Exposition à l’amiante : pousser GRDF à assumer ses responsabilités

Dans la filière gaz aussi, les nouveaux élus vont devoir plancher sur la fixation des tarifs régulés pour les quatre prochaines années. Ici, il s’agit de « défendre la place du gaz dans le mix énergétique », avance Thomas Dutel, secrétaire CGT du CSE central de GRDF, comité qui sera renouvelé le 23 janvier prochain.

« Ce qu’on veut, poursuit-il, c’est que l’usager soit sûr que le montant de sa facture corresponde bien au cahier des charges réel de l’activité : le transport, l’entretien du réseau, l’intervention d’équipes de sécurité dans des délais satisfaisants, les travaux et les investissements à réaliser. « On n’est pas là pour rémunérer les actionnaires. Or, aujourd’hui, GRDF est l’un des plus gros remonteurs de dividendes du groupe Engie. » Le nouveau tarif régulé du gaz devrait être annoncé au printemps prochain.

« [Quand] un salarié a travaillé dans un environnement amianté et qu’il a développé un cancer, il faut que cette maladie soit reconnue comme maladie professionnelle. »
Thomas Dutel, secrétaire CGT du CSEC de GRDF

Si les questions de santé au travail ont été malmenées par la disparition des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), qui a accompagné la création des CSE, la CGT n’a pas l’intention de baisser la garde sur ces enjeux. Notamment concernant l’exposition à l’amiante, sujet qui concerne encore bon nombre de techniciens gaz et qui est inscrit à l’ordre du jour du prochain CSEC de GRDF.



Face à ce fléau, outre le respect des mesures de sécurité, « il faut que l’entreprise assume sa part de responsabilité, estime Thomas Dutel. Une fibre d’amiante suffit à développer un cancer. À partir du moment où un salarié a travaillé dans un environnement amianté et qu’il a développé un cancer, il faut que cette maladie soit reconnue comme maladie professionnelle ».

Pour peser sur les grands enjeux de santé comme sur les dossiers sociaux et économiques, les nouveaux élus des CSE et CSEC pourront-ils s’appuyer sur la dynamique collective lancée à EDF lors des combats intersyndicaux contre le projet Hercule et contre la réforme des retraites ? À la CFE Énergies et à la FNME-CGT, certains l’espèrent.

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