Des polars à mourir de rire avec Thierry Caquais

Ancien bibliothécaire, Thierry Caquais est désormais organisateur, animateur et formateur littéraire auprès de publics variés. Il sera en tournée à la CCAS cet été. ©Thierry Caquais

Animateur littéraire, Thierry Caquais a préparé un florilège de dix titres qui font rimer roman policier et gaieté. Au fil d’une causerie inspirée par les plaisirs de la table, il les présente comme autant de morceaux savoureux à déguster. Et fait découvrir dans le même temps des écrivains actuels, de la Française Pascale Dietrich à l’Américain Iain Levison en passant par la Belge Nadine Monfils. L’été prochain, cet amoureux du livre sera en tournée dans les villages vacances CCAS.

La rencontre

Le suspense n’est pas incompatible avec l’humour. Dans le cadre des Rencontres culturelles, Thierry Caquais en fait la démonstration au cours d’une présentation informelle. Tablier autour des hanches, ce fin connaisseur vante les romans qu’il a choisis comme de bonnes bouteilles qu’il sortirait de derrière les fagots. Parmi des titres pétillants de fantaisie, pimentés d’esprit satirique ou truffés de personnages insolites, les romans noirs gastronomiques de Chantal Pelletier, les comédies sociales de Jacky Schwartzmann ou encore le rocambolesque « Du rififi à Wall Street » de Vlad Eisinger, et d’autres auteurs sélectionnés par la CCAS.

Au programme

• « Demain c’est loin », de Jacky Schwartzmann, éditions Points, coll. « Points Policier », 2018, 192 p.
• « Nos Derniers Festins », de Chantal Pelletier, éditions Gallimard, coll. « Série noire », 2019, 198 p.
• « Les Mafieuses », de Pascale Dietrich, éditions Liana Levi, 2019, 160 p.
• « Du Rififi à Wall Street », de Vlad Eisinger, éditions Gallimard, coll. « Série noire », 2020, 308 p.
• et bien d’autres surprises !

Thierry Caquais : « Faire entendre un passage drôle vaut souvent mieux qu’un long discours ! »

En quoi consiste la « causerie » que vous présentez ?

Thierry Caquais – Cette proposition n’a rien d’une conférence. En tant qu’animateur littéraire, j’ai choisi une approche portée par la passion et l’émotion. Mon intention est d’amener le public à aller rencontrer les livres. J’aime le prendre par la main et lui donner quelques clés pour éveiller chez lui l’envie de découvrir des titres de qualité. L’ambition de cette causerie est de parler des livres dans une ambiance détendue, comme lors d’un apéro entre amis. Je m’amuse à jouer le caviste qui vante ses bons crus. Pour chaque titre, je situe le décor, je précise les thématiques traitées, que ce soit le trafic de drogue ou la politique. Et je résume l’intrigue… sans dévoiler l’essentiel, bien sûr !

Il s’agit d’allécher mes auditeurs, tout en laissant le suspense intact. J’invite ceux qui ont déjà lu le roman ou qui connaissent l’auteur à poser des questions et à partager leurs impressions. Enfin je propose une dégustation d’échantillons en lisant quelques extraits. Faire entendre un passage drôle vaut souvent mieux qu’un long discours ! Si je fais bien mon boulot, les participants devraient avoir envie de se jeter sur les livres…

Vous présentez des polars à la tonalité humoristique. Est-ce un sous-genre du roman policier ?

On ne peut pas le considérer comme tel, au même titre que le polar historique, par exemple. En général, les auteurs de polars humoristiques ne décident pas de se lancer dans cette veine même si quelques-uns sont capables d’écrire du très sombre ou du très drôle avec le même succès et la même qualité. Ils écrivent plutôt « naturellement » avec une dose d’humour ou d’ironie. Les polars humoristiques existent depuis longtemps, de façon sporadique mais régulière et constante. Même dans certains polars « sérieux », l’humour est parfois intégré au récit. C’est le cas chez Agatha Christie, qui brocarde parfois ses héros, comme le détective Hercule Poirot inventé en 1920.

Entre les années 1950 et 1970, des auteurs connus se sont affirmé dans la veine humoristique : Charles Williams, Ned Crabb ou encore Frédéric Dard avec les « San Antonio ». Ces dernières années, cette veine a pris de l’ampleur. Citons par exemple Jean-Bernard Pouy, Sophie Hénaff ou J. M. Erre et ses polars « hommages » ou parodiques. Et n’oublions pas ce que les Anglais appellent le « cosy mystery », que l’on peut traduire par « meurtres tranquilles » : un avatar des enquêtes d’énigme, dont le côté humoristique est accentué jusqu’à en faire des comédies policières. Les enquêtes d’Agatha Raisin, de M. C. Beaton font partie des séries les plus lues dans le genre.

De manière générale, le roman policier a connu une explosion éditoriale à partir de 2000 et s’est en quelque sorte mondialisé. Depuis, on trouve de plus en plus d’auteurs de toutes nationalités qui utilisent l’humour de façon marquée dans leurs polars.

Quels ont été vos critères pour cette sélection ?

Pour moi, un polar, c’est d’abord de la littérature. J’ai donc choisi des titres qui présentent une qualité d’écriture, un véritable contenu et permettent d’apprendre quelque chose, de se poser des questions sur notre société, tout en laissant une place à l’émotion. Je cherche également à faire connaître des auteurs qui ne sont pas sous les feux des médias.

Enfin, parmi les trois catégories principales que sont le roman à énigme, le thriller et le roman noir, je privilégie la dernière. Ce sous-genre a vu le jour aux États-Unis dans les années 1920, au moment de la Prohibition – l’époque d’Al Capone. Sa particularité est de pointer des dysfonctionnements de la société. Dans ce cas, l’humour peut servir à nous faire réfléchir à des questionnements de fond et à des sujets de société. C’est ce que je préfère.

Pouvez-vous nous donner un avant-goût de quelques titres ?

Parmi les dix romans noirs retenus, on trouve différents types d’humour. La lecture de certains peut faire simplement sourire, faire rire franchement, ou encore faire rire jaune – car on y reconnaît ses propres travers. « Demain c’est loin », de Jacky Schartzmann, est, par exemple, un road-movie assez loufoque, qui réunit de manière improbable un jeune de cité et une banquière plutôt bourgeoise. Le récit joue avec les clichés associés à ces catégories sociales : à la manière de la satire sociale. Il interroge, au fond, la possibilité de se parler quand on est issu de milieux que tout oppose.

Dans « Mamie Luger », de Benoît Philippon, la drôlerie vient d’un personnage haut en couleurs, une dame de 102 ans au verbe truculent, dont les répliques semblent sorties d’un scénario de Michel Audiard. Dans la série « Dortmunder », de Donald Westlake, auteur classique du polar américain, le comique est produit par le fait que tout finit toujours par rater ! On suit un braqueur qui s’entoure de véritables bras cassés. Quant à la série « Les Folles Enquêtes de Magritte et Georgette », de la romancière belge Nadine Monfils, elle baigne dans une atmosphère décalée, teintée d’humour absurde.

Des livres et des rencontres pour l’été

Cet été, découvrez plus de 150 titres sélectionnés par la CCAS, dont des ouvrages en gros caractère : romans, polars, documentaires, bandes dessinées, mangas, poésie, science-fiction… il y en a pour tous les goûts !

Et pour anticiper vos lectures de vacances, vous pouvez déjà feuilleter la sélection adulte et la sélection jeunesse, à retrouver dès le mois de juillet dans les bibliothèques des villages vacances, sur la Médiathèque en ligne et sur la Librairie des Activités Sociales (Bénéficiez d’une participation de 25% de la CCAS  sur votre commande + frais de ports offerts ou réduits).

Voir aussi : les rencontres culturelles de l’été