Les malades d’Alzheimer et leurs proches peuvent bénéficier de séjours dans plusieurs centres de vacances, notamment à Anglet (Pyrénées-Atlantiques) dans le cadre du partenariat entre la CCAS et France Alzheimer. ©Marine Poron/CCAS
Plage, sophrologie, jeux et soirées conviviales : à Anglet, fin septembre, aidés et aidants concernés par la maladie d’Alzheimer ou par les maladies apparentées ont bénéficié d’un séjour vivifiant grâce au partenariat des Activités Sociales avec France Alzheimer.
Des éclats de voix, des rires et des applaudissements. Ce n’est pas une colo d’adolescents qui a pris possession de la salle de spectacle du village vacances d’Anglet (Pyrénées-Atlantiques), mais une dizaine de couples de seniors touchés par la maladie d’Alzheimer ou une des maladies apparentées. Loto, tennis de table, réflexologie, discussions animées… Les ateliers sont disséminés dans l’immense pièce légèrement climatisée, à l’abri du soleil brûlant de cet été indien qui n’en finit plus.
Des ateliers dédiés aux aidé·es, animés par les bénévoles, laissent du temps libre aux aidant·es. ©Marine Poron/CCAS
Alors que la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées peuvent être associées à l’incapacité à communiquer, enfermant le malade dans la solitude et affectant, par ricochet, le conjoint, ici tout n’est que bonne humeur et partage. « On casse les barrières et les a priori ! On pourrait imaginer que ces séjours sont tristes. Bien au contraire, ils sont joyeux ! », se réjouit Cécile Castendet, la responsable principale du centre de vacances d’Anglet. Pour elle, l’inclusion fait sens lors des « soirées festives et des sorties dans l’arrière-pays » qu’elle programme. Elles facilitent les échanges entre les bénéficiaires des Activités Sociales et le groupe de vacanciers de France Alzheimer.
Cecile Castendet, responsable principale du centre de vacances CCAS d’Anglet. ©Marine Poron/CCAS
Le village vacances d’Anglet est en effet partie prenante de la convention qui lie la CCAS et l’Union nationale des associations France Alzheimer et maladies apparentées depuis 2016. Grâce à ce partenariat, les bénéficiaires des Activités Sociales touchés par la maladie bénéficient d’une réduction sur les séjours proposés par l’association ; et parallèlement, les adhérents de l’association bénéficient d’un accueil en séjour de vacances à Anglet (lire encadré plus loin).
Fin septembre, c’est Bernadette Collonge qui est la responsable du séjour organisé par France Alzheimer. Pour cette infirmière à la retraite, bénévole depuis quinze ans, l’objectif est « de proposer des moments de répit » aux aidants ; le but étant de leur « permettre […] de rester en forme pour mieux accompagner leur conjoint par la suite ». Durant ces « vacances organisées », la stimulation permet de redonner le sourire à des participants venus des quatre coins du pays.
Priorité aux primo-participants
Les temps de repos offerts aux aidants les libèrent de leurs obligations, et sont aussi un grand bol d’air dans un quotidien compliqué. Catherine revient de la plage. Pendant deux heures, elle a « sauté dans les vagues ». Son conjoint, Jean-Jacques, est resté aux soins. Ces Toulousains, anciens sportifs, assurent revivre. « J’ai l’impression de retrouver ma capacité à faire des choses dont je ne pensais plus être capable. Ils m’ont redonné confiance en moi », confie Jean-Jacques, atteint d’une maladie apparentée depuis dix ans. « Je sais que je vais pouvoir me souvenir de ces moments et des gens rencontrés », assure-t-il. Catherine, qui a participé aux groupes de parole avec une psychologue et une sophrologue, résume parfaitement l’esprit du séjour : elle a « rechargé les batteries durant une semaine joyeuse dans un lieu agréable ».
Sorties, atelier mémoire, gym douce… Les ateliers animés par les bénévoles de l’association sont adaptés aux personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées. ©Marine Poron/CCAS
Neuf des dix couples présents viennent en séjour Alzheimer pour la première fois, la priorité étant donnée aux primo-participants. Certains ont hésité avant de sauter le pas. « J’avais une certaine appréhension, explique Jeannine, venue de Gironde avec André, malade depuis cinq ans. Je suis agréablement surprise, car j’avais peur que mon mari se retrouve avec des personnes gravement atteintes et que ça lui mine le moral. »
Celui-ci, dont « l’état est stable », se réjouit au contraire de ces vacances au soleil et de cette ambiance festive. Alerte, il appuie avec fierté sur le bouton « play » de la machine à souvenirs, pour raconter les années où il a participé à l’épopée de la construction de la fusée Ariane, ses parties de pêche pendant les vacances en famille… Il parle aussi, avec pudeur, de la maladie qui a emporté son aîné. De la sienne aussi. Du bonheur d’être écouté. Pour finalement avouer que ses problèmes « ne sont rien à côté du malheur des autres ».
André et Jeannine, qui se sont laissé porter pendant dix jours, concèdent qu’il va être « difficile de rentrer ». Avant de glisser, malicieux, qu’il est « agréable de savoir qu’on peut revenir »…
Au-delà des ateliers adaptés qui sont animés par les bénévoles, les temps conviviaux font partie de la richesse des séjours proposés par France Alzheimer en partenariat avec la CCAS. ©Marine Poron/CCAS
« J’ai appris beaucoup de choses qui vont m’aider »
Danielle et Michel en sont à leur quatrième séjour. Danielle a travaillé pendant quarante ans pour la Croix-Rouge. Aujourd’hui, son combat est d’éviter que Michel ne retombe dans l’alcool, qui lui a causé de graves troubles neurologiques. « Voilà pourquoi on multiplie les séjours, souffle-t-elle. Ici, il n’est pas tenté et je peux me reposer. » À 74 ans, Michel ne partage pas la joie de sa compagne. Sa Savoie lui manque. Impatient de retrouver son potager, il dit ne jamais s’ennuyer chez lui. « Dix jours, c’est trop long ! », assure-t-il. Comme un miroir de sa propre condition, « le handicap des autres [le] met mal à l’aise… », confie-t-il.
Devant l’entrée du village vacances, le groupe part en sortie au village de La Bastide-Clairence près d’Anglet. ©Marine Poron/CCAS
Une main sur l’épaule de Francine, qui somnole, Alexis a les yeux qui s’embrument. « Ça nous apporte énormément à tous les deux, déclare le Breton. J’ai l’impression de ne plus être seul. Je suis écouté. J’ai appris beaucoup de choses qui vont m’aider. Et j’ai pu m’évader pour la première fois en six ans… » Sans la culpabilité de devoir abandonner sa moitié. La CCAS ? « Je ne connaissais pas, je suis surpris par l’empathie du personnel et la beauté du centre », glisse-t-il.
À l’heure du bilan collégial et des au revoir en chansons, Cécile Castendet fait savoir que les familles présentes lui ont dit leur « fierté que les Activités Sociales soient partenaires de France Alzheimer ». Et la responsable du centre de conclure : « Avec la CMCAS Bayonne et l’antenne locale de l’association, nous avons la volonté de nous organiser pour les bénéficiaires car nous sommes tous concernés. On espère aussi susciter de l’engagement chez nos agents pour qu’ils viennent grossir les rangs des bénévoles de l’association. »
Quelques-uns des participants du séjour France Alzheimer au centre de vacances CCAS d’Anglet, fin septembre. ©Marine Poron/CCAS
Les séjours France Alzheimer
©France Alzheimer
Le partenariat des Activités Sociales avec l’association France Alzheimer et maladies apparentées permet à l’ensemble des bénéficiaires concernés par la maladie de partir en séjour de vacances avec France Alzheimer, en bénéficiant de 100 euros de réduction.
Douze places sont réservées aux couples de bénéficiaires chaque année, dans plusieurs régions, et avec plusieurs formules de vacances.
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Tags: CMCAS Bayonne Partenariat Séjour Seniors
