Présidente de l’association Aide et Partage Burkina, Marie-Pierre Bigot est agente retraitée d’EDF, bénéficiaire de la CMCAS Valence. Elle découvre le milieu associatif lorsqu’elle a 20 ans. En 2006, elle part pour une mission avec Électriciens sans frontières au Burkina Faso. Le début d’une belle histoire.
Que fait votre association, Aide et Partage Burkina ?
Notre association travaille en partenariat avec une autre association burkinabé, Idebak. Cette dernière s’occupe d’une quinzaine de villages dans la province du Koulpélogo. Ce sont les membres d’Idebak qui nous présentent les besoins des populations locales. Ensuite, nous rencontrons les habitants et leur expliquons ce qu’ils pourraient faire dans le projet, sous réserve de subventions. On ne donne rien sans un investissement de leur part. Nous considérons que cet échange est important pour préserver la dignité des personnes.
Qu’avez-vous réalisé ?
Nous avons créé une bibliothèque et un moulin à grain. Nous travaillons actuellement sur un centre de formation en cultures agroécologiques. La nourriture est l’une des activités les plus génératrices de revenus. L’excédent de légumes pourra être revendu sur des marchés. Nous prévoyons aussi de faire du compost.
Combien coûtent de tels projets ?
Pour le jardin agroécologique par exemple, nous devons encore construire un bâtiment et un forage. Ce genre de construction coûte entre 22 000 et 24 000 euros. On se donne beaucoup de mal pour trouver des financements. On frappe à toutes les portes : mairie, conseil départemental… Nous faisons aussi partie d’un collectif d’associations qui œuvre sur le Burkina Faso. Les concerts, vide-greniers et voyages solidaires que nous organisons financent également une partie des projets.
Ne perdez-vous pas espoir parfois ?
Nous avons conscience que nous n’allons pas changer le monde. Mais on essaie d’apporter une amélioration dans la vie des gens. On aimerait qu’ils puissent mieux se nourrir, être en meilleure santé. Avec un petit revenu, on peut faire repartir une économie locale. Et quand l’économie locale fonctionne, ça fait boule de neige. Notre but est de pouvoir répondre aux besoins de base : manger, se soigner, aller à l’école, avoir un toit décent sur la tête. Nous savons que nous ne sommes qu’une goutte d’eau. Mais plusieurs gouttes d’eau peuvent former une rivière.
Pourquoi avez-vous choisi de vous engager au Burkina Faso ?
J’aimerais le faire partout mais c’est impossible. C’est un pays francophone, ce qui aide énormément. Le Burkina Faso est « le pays des hommes intègres ». Les Burkinabés sont gentils, accueillants. Ça donne envie de se battre.
Quel est votre plus beau souvenir ?
Le moulin à grain. Quand on voit tout ce dont nous disposons dans nos jolies cuisines aménagées… Alors que les femmes ici devaient moudre les céréales entre deux cailloux ou faire 20 kilomètres à pied aller-retour en portant des sacs extrêmement lourds. Rien que d’y penser, ça me met les larmes aux yeux. Ce moulin à grain a changé leur vie. Il a aussi permis de relancer une petite économie à Welguemsifou, ce village au milieu de nulle part.
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