Adjoint au gaz naturel ou utilisé dans des véhicules équipés d’une pile à combustible, l’hydrogène est vu par certains comme une énergie d’avenir. A Dunkerque, un projet fédère des partenaires d’horizons très différents : produire de l’hydrogène sur le site de l’ancienne raffinerie, fermée par Total.
« L’électrolyse de l’eau pour produire de l’hydrogène, oui, ça coûte cher. Mais aller chercher le dernier gramme de pétrole dans le bitume, au Canada, ça ne coûte pas cher ? » Marcel Croquefer, responsable du Pôle chimie CGT pour le littoral dunkerquois, en est persuadé : notre futur énergétique passe par l’hydrogène, dont l’utilisation n’engendre que de la vapeur d’eau. Il défend même, avec d’autres, un projet de production d’hydrogène à Dunkerque. Tout commence fin 2009, quand Total décide de rayer de la carte sa raffinerie dunkerquoise. Sur le terrain, la lutte s’organise, avec l’occupation du site et de nombreuses manifestations, à Dunkerque et au siège du groupe, à La Défense. Malgré une victoire judiciaire – un arrêt de la Cour d’appel de Douai ordonnant le redémarrage du raffinage -, rien n’arrête le rouleau compresseur Total. Aujourd’hui, le dépôt de stockage, l’école de formation et le centre d’assistance technique, qui ont remplacé le raffinage, sont bien loin de compenser ses 370 emplois directs et le millier en sous-traitance.
La lutte a pris une autre forme
Mais désormais, la lutte a pris une nouvelle forme, celle d’un « projet de mutation ». L’ancienne raffinerie a en effet tous les atouts pour produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau. D’abord, la présence de cinq éoliennes, qui pourraient fournir l’électricité nécessaire à l’électrolyse. Puis des compresseurs pour compresser l’hydrogène, une fois produit. Et encore le réseau de tuyauteries pour injecter une partie de la production dans le réseau de distribution de gaz naturel. Manque cependant une pièce maîtresse : le partenaire industriel. Total, pourtant impliqué dans un projet similaire en Allemagne, fait la sourde oreille. En s’invitant à une réunion, des militants de la CGT ont pu résumer leur projet à des cadres d’Air liquide. Une présentation qui a suscité, d’après eux, un intérêt certain, jusqu’à ce que les cadres du groupe leur demandent qui était leur employeur. « Ils nous ont dit : « Nous devons vérifier si nous n’avons pas un pacte de non-agression avec Total. Nous avions déjà échangé nos cartes de visite mais nous n’avons plus jamais eu de nouvelles », témoigne Marcel Croquefer, qui attend un relais politique. En Allemagne, l’État a un plan de développement de l’hydrogène. En France, cette filière n’est même pas évoquée dans la loi de transition énergétique.
« Une mutation industrielle » ?
Parmi les élus, Damien Carême, conseiller régional et vice-président de la Communauté urbaine de Dunkerque (CUD), chargé de l’environnement, de l’énergie et des transports, témoigne un fort intérêt. Ce dernier espère une « mutation industrielle » dans cette agglomération qui perd plusieurs centaines d’habitants chaque année. De l’adjonction d’hydrogène dans le réseau de gaz naturel à une flotte de bus fonctionnant en partie à l’hydrogène, en passant par l’installation d’une station de remplissage pour véhicules près d’un centre commercial, les projets locaux ne manquent pas. A l’exception, pour le moment du moins, d’un centre de production.
Des soutiens de tous horizonsAlain Vaillant, membre du « Réseau énergie » de France Nature Environnement, a vite été conquis par le projet de production d’hydrogène dunkerquois. Aux atouts déjà mis en avant (lire ci-dessus), il ajoute celui de « nœud gazier » et de « nœud électrique » que constitue le Dunkerquois. C’est en effet près de là que se trouve le point d’entrée sur le territoire national des importations de gaz naturel, tandis que le futur terminal méthanier de Dunkerque doit entrer en fonction dans quelques mois. Quant au nœud électrique, il est composé du réseau relié à la centrale nucléaire de Gravelines, qui rayonne jusqu’en Picardie. « Il n’y a pas beaucoup d’endroits en France où on a, à la fois, un nœud électrique et gazier. Il n’y a pas d’infrastructure à créer. C’est une vraie opportunité géographique », résume Alain Vaillant.
Autre soutien au projet, Yves Le Doujet, vice-président de la CGPME Nord-Pas-de-Calais et vice-président de l’association Bâtisseurs d’économie solidaire (BES). Il s’est d’abord documenté pour s’assurer que le projet de production d’hydrogène tenait la route, puis il a vite compris l’intérêt pour les PME et TPE locales. « Le Dunkerquois est un pôle important de la maintenance industrielle en France, mais ces entreprises souffrent » explique-t-il. Notamment parce que de grands donneurs donneurs d’ordres comme Arcelor-Mittal restreignent de plus en plus la sous-traitance dans ce domaine. D’où « le besoin de nouvelles activités », ajoute Yves Le Doujet. Un groupe local de réflexion s’est constitué, incluant la CGT, la FSU, la CGPME, l’association BES, la Communauté urbaine de Dunkerque et le Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais. Parmi les prochaines initiatives envisagées, un voyage d’étude en Rhône-Alpes, une région qui compte un certain nombre de petites entreprises innovantes dans le domaine de l’énergie. |
Le groupe ENGIE, GrDF et GNVert associés à une dizaine de partenaires industriels et la Communauté Urbaine de Dunkerque développe actuellement de projet GHRYD qui va précisément produire de l’hydrogène à partir d’EnR et pour une partie l’injecter dans le réseau de gaz naturel d’un nouveau écoquartier (projet piloté par GrDF) et pour une autre partie pour produire de l’Hythane(c) (un mélange d’hydrogène et de gaz naturel) qui sera utilisée dans la flotte de bus de la ville de Dunkerque qui fonctionnent déjà au gaz naturel. Le projet est soutenu par l’ADEME.
Pour en savoir beaucoup plus ; taper GHRYD dans votre moteur de recherche préféré.
http://lenergeek.com/2014/03/04/edf-et-total-investissent-dans-les-technologies-de-lhydrogene/
http://www.pulse.edf.com/fr/stockage-les-belles-promesses-de-lhydrogene
Stockage : les belles promesses de l’hydrogène
http://www.pulse.edf.com/fr/reversible-electrolysis-le-stockage-sous-forme-chimique
Sunfire est une entreprise de haute technologie qui développe et produit des piles à combustible et des électrolyseurs.
Ce projet est vraiment intéressant, et moi-même j’avais eu à mener des recherches pour l’augmentation du rendement d’une électrolyse de l’eau en stabilisant le diaphragme de l’électrolyseur ( 1983-1986 ) c’est exactement la mise en application industrielle de mes recherches ( Thèse en chimie-physique ) avec l’augmentation du rendement de l’électrolyse de l’eau pour produire l’hydrogène et l’oxygène.
J’avais réalisé cette thèse pour EDF-GDF de St Denis …