Comment les actions et postures de l’animateur peuvent-elles promouvoir des situations éducatives ? Décryptage de démarches pédagogiques lors d’une session Bafa à Serbonnes en novembre dernier.
En bref
- Le Bafa (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur) est un diplôme qui permet d’encadrer des enfants ou des adolescents dans des centres de vacances et de loisirs.
- Le BAFD (brevet d’aptitude aux fonctions de directeur) est le diplôme qui permet de diriger l’équipe d’encadrement.
9 heures au centre de formation Iforep de Serbonnes (Yonne). Vingt stagiaires et leurs trois formateurs entament le rite matinal du bulletin météo d’humeur. Un tour de table d’une vingtaine de minutes au cours duquel chacun exprime son ressenti, quel qu’il soit : par rapport à la veille, à la journée qui s’annonce… « J’ai passé une bonne journée mais, cette nuit, le bruit, pas trop cool. Il faut respecter ceux qui ont envie de dormir… » « Moi, je suis d’attaque, hâte de faire un nouvel entraînement. » « J’ai jamais autant ri, super-ambiance… Sinon, je ne suis pas de très bonne humeur, mais c’est perso… » « J’ai senti beaucoup de pression, mais j’ai aussi appris beaucoup. Je suis fatigué. »
Une construction collective de savoirs et savoir-faire
Romain Zimberger, formateur, intervient : « Dans un groupe fermé comme le nôtre, aux deux tiers du séjour, on entre dans une zone où les craquages peuvent exister, c’est comme ça, il faut en être conscient. Durant un séjour, vous êtes garant de ce qui se passe. Demain, il y aura des jeunes et même si on ne peut pas être au top à longueur de temps, on n’a pas le droit à l’erreur. Nous sommes tous adultes et responsables. »
On passe aux ateliers participatifs. Les formations de l’Iforep privilégient la construction collective de savoirs et savoir-faire en favorisant le partage des interrogations, des convictions et des controverses, rappelle Jean-Luc Bourseguin, responsable formation. Après le handicap, la gestion de conflit, les besoins paradoxaux, thèmes des journées précédentes, le sujet du jour est la confidence. L’exercice semble ludique : les stagiaires désignés tiennent tour à tour un rôle. Là, celui d’un animateur de colo confronté à la confidence d’un jeune dont les mots évoquent ce qui ressemble à une maltraitance familiale… Comment réagir face à une confidence qui peut s’avérer grave sans trahir la confiance ? Chacun donne son avis.
Après cette courte improvisation, le formateur commente ce qui vient de se jouer : « Tu as un peu hésité, mais, en réalité, nous n’avons pas le choix. Si l’enfant nous parle à nous, adultes, c’est qu’il a conscience que quelque chose n’est pas normal. Vrai ? Pas vrai ? Ce n’est pas à vous de le définir. À la CCAS, il y a un processus avec une fiche de signalement. C’est votre rôle de citoyen de protéger les mineurs. »
Scène suivante. Un jeune se confie à l’animateur : « Je n’arrive pas à m’intégrer, X et Y se moquent de moi. » Comment réagir face à la moquerie, à la discrimination qui peut se produire dans n’importe quel groupe ? « Hier, on a évoqué la technique de la préoccupation partagée et je trouve que ça pourrait s’appliquer à ce cas », lance Axelle, jeune stagiaire de 20 ans. Exact, renchérit Romain. La méthode, venue d’un psychologue suédois, consiste principalement en une série d’entretiens individuels avec les élèves ayant pris part à des pratiques d’intimidation. « Une approche non blâmante : le professionnel cherche à leur faire partager une ‘préoccupation’ pour la cible et à les amener à formuler eux-mêmes des suggestions pour que l’intimidation cesse. Avec bienveillance, mais obstination, les entretiens sont répétés jusqu’à ce que l’intimidation ou le harcèlement prenne fin. »
L’animation, c’est l’adaptation
Selon ce formateur qui a plus de dix ans d’expérience, la méthode, actuellement en cours d’évaluation dans les écoles, permet de réduire significativement le taux de harcèlement. Elle peut être utilisée en colo, assure-t-il. « Ce n’est pas une réponse de l’adulte, c’est l’enfant qui propose des solutions. » À l’heure du déjeuner, détente. Les rébus alternent avec des sujets plus sérieux. Quelles sont les qualités requises pour être animateur ? « Être innovant et réactif. On dit souvent : l’animation, c’est l’adaptation. Il se passera toujours quelque chose qui n’aura pas été prévu », explique Romain.
Qu’est-ce que le Bafa pour vous ? « Avec l’Iforep, on essaie de favoriser un travail d’introspection. Réfléchir, analyser les points de vue, partager. Pour savoir ce que l’on porte, qui on est et ce qui me rend plus fort et que je peux partager avec l’autre. » Beau et vaste programme.
Tags: Colos Engagement Formation Séjour
Bonjour ou trouve t on le détail des formations pour l encadrement merci
Bonjour,
Merci pour votre commentaire !
Vous trouverez les infos dans la brochure Bafa/BAFD éditée par la CCAS : https://fr.calameo.com/read/002013176f460fff20fd2 et dans le catalogue des formations édité par l’Iforep : http://www.iforep.fr/wp-content/uploads/2019/09/IFOREP-Depliant-FSE-2019-2020-sep2019_BD.pdf
Bien cordialement,
La rédaction