La bonne nouvelle, une des rares en matière de changement climatique, est passée quelque peu inaperçue : les émissions de gaz à effet de serre de la Chine, premier émetteur mondial, ont diminué en 2014 de 2 % alors que la croissance économique du pays s’élevait à 7,4%.
« On dit toujours que la Chine est le pays le plus polluant, c’est vrai, mais en même temps elle produit pour tout le monde ! Et au moins la Chine mène des politiques publiques contre le changement climatique. Mais vous ne pouvez pas lui demander de cesser d’utiliser le charbon du jour au lendemain » commente Janos Pasztor, sous-secrétaire général au changement climatique de l’Onu. L’utilisation du charbon, seule ressource énergétique fossile abondante en Chine (cf. camembert), a ainsi décru de 2,9 % en 2014. Pour le remplacer, l’empire du milieu mise sur deux tableaux.
Le premier est le nucléaire. Le pays compte à ce jour une vingtaine de centrales, d’une capacité installée de 18 GW (le tiers de la France et le cinquième des États-Unis). Mais une trentaine d’autres réacteurs sont en projet, dans le cadre d’une politique nationale de développement de la filière nucléaire qui doit la rendre de plus en plus indépendante des coopérations internationales, la France étant de loin le principal partenaire. Le plan national d’adaptation au changement climatique compte faire passer la part du nucléaire, aujourd’hui marginale, à 6 % en 2020 et 16 % en 2030. Bloqué après Fukushima, le programme de construction vient de reprendre avec le feu vert donné en mars au lancement des chantiers de deux réacteurs de 1 GW, de facture chinoise, à Hongyanhe, au nord du pays.
Le second est celui des énergies renouvelables, dont la capacité installée est déjà de 109 GW (loin devant les États-Unis, avec seulement 78 GW). Les gigantesques installations hydro-électriques comme le barrage des Trois-Gorges, au centre du pays, avec sa retenue de 600 km de long et ses 22 GW (soit une vingtaine de tranche de centrales nucléaires) de capacité en sont les principaux fleurons. Mais la Chine est à présent résolue à développer aussi le solaire et l’éolien. Quelques 77 milliards d’euros ont été investis dans ces deux secteurs en 2014, bien plus qu’en Europe (53 milliards d’euros). Avec l’objectif d’installer dans les quatre prochaines années 85 GW, soit le chiffre astronomique de 34 hectares par jour de panneaux solaires.
Le gouvernement chinois est en effet très préoccupé par le fait que le rythme actuel de la croissance économique du pays ne sera pas tenable à terme sans une réorientation de son mix énergétique, qui repose aujourd’hui aux deux tiers sur le charbon, source d’énergie la plus émettrice de gaz à effet de serre. Or la Chine est directement touchée, particulièrement dans son approvisionnement en eau, par le réchauffement global. Comme le relevait le très officiel Quotidien du peuple, « la température en Chine a augmenté […] depuis le milieu du 20e siècle, presque deux fois plus vite que le reste du monde. La situation de cette chaleur supplémentaire a coûté environ 1% du PIB de la Chine, soit huit fois plus que le reste de la planète, depuis 2000 ».