Elle a découvert dans le chant un exutoire à sa souffrance et une source d’énergie pour aller toujours de l’avant. Malgré une lourde pathologie du dos, Céline Méneveau-Stankov, assistante GRDF à Ifs (Calvados) et ancienne championne d’aviron, se produit avec son groupe de rock, Pura Vida.
Le groupe Pura Vida, ce sont quatre personnalités : Bruno à la basse, qui est par ailleurs agent EDF, Cathy à la guitare, Mathieu le batteur et Céline au chant. Le groupe de rock s’est formé en 2020, après le premier confinement, et a donné son premier concert lors de la fête de la CMCAS Caen, en septembre 2021, à l’invitation de la présidente, Valérie Delaunay.
À force de travail, le groupe a pris ses marques et s’est forgé une identité. Il se produit régulièrement dans des bars en Normandie et dans différents festivals : au Tilly American Festival de Tilly-sur-Seulles (Calvados) et au Festival d’Énergies de Soulac (2023), sur le stand Normandie.
« Basta Ya ! », par Pura vida.
C’est avec l’arrivée de Céline Méneveau que Pura Vida a trouvé sa véritable expression. À 46 ans, la chanteuse – dans la vie assistante appui administratif à GRDF, à Ifs (Calvados), et membre du bureau de la SLVie Le Chatelet – a une voix puissante. Son timbre épouse parfaitement le style des compositions de Pura Vida. « J’ai toujours aimé fredonner. C’est charnel, instinctif », explique-t-elle.
« Devant le public, je ne ressens aucune peur. Je suis quelqu’un d’autre. Je me libère »
Chanter a été une révélation, un vrai bonheur. L’opportunité de vivre pleinement une passion qu’elle avait mise de côté, de se faire plaisir, de laisser éclater un désir trop longtemps tu. « Devant le public, je ne ressens aucune peur. Je suis quelqu’un d’autre. Je me libère », affirme Céline. Dotée d’une oreille musicale mais autodidacte, elle peaufine sa voix grâce à des stages de technique vocale. « Sur scène, je transmets », assure-t-elle. De l’énergie assurément. Et la niaque » de vivre l’instant. Car, si elle a dû faire face à plusieurs épreuves, elle a toujours eu l’envie d’aller de l’avant.
Son rêve de participer aux JO brisé net
Adolescente, Céline se destine à une carrière de sportive de haut niveau. Championne d’aviron, elle a des chances de prendre part aux JO de Sydney en 2000. Malheureusement, son rêve se brise brutalement au moment où elle intègre l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), en 1995.
On lui découvre une malformation congénitale au niveau des cervicales et des lombaires, que la pratique intensive du sport a aggravée. Ce qui explique l’origine de son mal de dos incessant.
La jeune femme se « fait une raison » et s’oriente quelques années plus tard vers une carrière de commerciale dans une grande compagnie d’assurances. Mais les trajets en voiture inhérents à sa fonction amplifient les douleurs dorsales. Après avoir subi une grave opération des cervicales, une arthrodèse, en 2014, comme elle ne peut plus exercer ce métier, elle est licenciée. Nouveau coup dur.
Céline ne se laisse pas abattre pour autant et trouve un emploi chez GRDF, en 2015, via une agence d’intérim dédiée aux travailleurs handicapés. « J’étais tellement contente de retrouver un travail », confie-t-elle. L’intérim se transforme en embauche sous le statut en 2016. Son poste est adapté à son handicap invisible. Et l’agente met un point d’honneur à remplir sa fonction malgré les douleurs quotidiennes : « Ici, je n’ai jamais été en arrêt à cause de mon dos, s’enorgueillit-elle. Je préfère aller travailler plutôt que ruminer ma douleur à la maison. »
D’ailleurs, elle peut compter sur l’aide de ses collègues en cas de besoin et s’appuyer sur une famille très présente. L’an dernier, elle a dit oui à Marko, le père de ses filles, Viktoria et Elena, et cela deux fois : en juin en France et en août à Belgrade, en Serbie, le pays d’origine de Marko.
« Je trouve ma résilience dans le chant »
Elle a décidé de tenir la douleur à distance, quoi qu’il arrive. « Je trouve ma résilience dans le chant, témoigne-t-elle. Bizarrement, je peux souffrir le martyre avant d’entrer en scène, puis chanter pendant une heure ou deux et oublier la douleur. »
Devant le public, elle se sent en osmose avec son groupe. Son seul regret, ne pas pouvoir jouer de la guitare sur scène, toujours à cause du mal de dos. Pura Vida reprend des tubes mais joue aussi ses créations : Céline écrit les paroles des chansons avec Cathy, qui, elle, compose les mélodies. « Ça me permet de crier ce que je n’ai jamais osé dire », reconnaît la chanteuse.
Elle apprécie les voix étoffées : celle de Dolores O’Riordan, la chanteuse des Cranberries, celles de Céline Dion, d’Adèle ou encore de Patty Smith. Elle se délecte à regarder l’émission « The Voice » : « Il y a tellement de gens qui ont une jolie voix et ne le savent pas. »
Céline la solaire est sur un petit nuage. Au printemps, le groupe fêtera la sortie de son premier disque.
Pour aller plus loin
Site web : SoupaireCat prod
Page Facebook : Pura Vida
Tags: Handicap Musique Pratiques amateurs