Pour Jean-Baptiste Thoret, réalisateur et critique de cinéma, il y a un avant et un après Dario Argento, auquel le Festival cinéma La Rochelle, partenaire des Activités Sociales, consacrait cette année une rétrospective. Les films du maître de l’horreur italien sont à voir ou revoir sur la médiathèque de la CCAS.
Qu’est-ce que Dario Argento a apporté au cinéma, selon vous ?
Quand il se lance dans la réalisation à la fin des années 1960, il invente des images qu’on n’avait jamais vues auparavant. Son premier film, « l’Oiseau au plumage de cristal » sorti en France en 1971, est une véritable déflagration dans l’histoire du cinéma italien. Il renouvelle totalement les codes du thriller et se situe d’emblée à la croisée entre, d’un côté, un cinéma exigeant et classique, et, de l’autre, la fiction populaire avec le cinéma de genre. Rappelons aussi qu’il a coécrit le scénario d’« Il était une fois dans l’Ouest » (1968) avec Sergio Leone et Bernardo Bertolucci.
Pourquoi votre documentaire « Dario Argento : soupirs dans un corridor lointain », qui date de 2001, ressort-il ce mois-ci en salle dans une version enrichie ?
En 2001, Argento est encore un cinéaste un peu méprisé par la critique officielle. Dans les années qui suivent, je ne cesse de le recroiser à Paris ou en Italie pour des conférences. Et puis, il y a quelques mois, je me suis dit : ‘Maintenant que nous sommes devenus assez proches, ce serait formidable de réaliser une sorte de portrait dans le temps. »
J’avais envie de le suivre dans Rome, la Ville éternelle, de le faire revenir sur différents lieux de tournage de ses films, dont certains sont aujourd’hui complètement laissés à l’abandon. Je suis assez sensible à l’esthétique de la ruine. Il y a une certaine mélancolie qui se dégage de ce film. Réaliser ce portrait était aussi une façon pour moi de boucler cette longue aventure avec Argento, qui est désormais reconnu par la critique institutionnelle, comme en témoigne l’hommage qui lui est ici rendu.
S’il ne fallait retenir que trois de ses films, lesquels choisiriez-vous ?
Outre « l’Oiseau au plumage de cristal », je dirais « Profondo rosso » (« les Frissons de l’angoisse ») et, bien évidemment, « Suspiria ». Il y a un avant et un après « Suspiria » dans l’histoire du cinéma d’horreur. C’est un film que beaucoup de gens ont vu et qui a inspiré toute une génération de réalisateurs. Je pense par exemple qu’un cinéaste comme David Lynch n’aurait pas pu faire ses films si Argento n’avait pas ouvert la voie.
En septembre dernier, vous avez lancé en collaboration avec Studiocanal une collection de DVD intitulée « Make my day ! »
Oui, avec cette collection, j’ai à cœur d’exhumer des films formidables, qui pour la plupart étaient jusqu’à présent invisibles. Comme « Mandingo » [de Richard Fleischer, sorti en 1975, dont Quentin Tarantino s’est fortement inspiré pour « Django Unchained », ndlr]. C’est pour moi une sorte de terrain de jeu et en même temps une façon de prolonger mon travail de critique.
Vous signez vous-même la musique de vos documentaires. Quel regard portez-vous sur l’évolution de la musique dans le cinéma ?
La musique de films n’est plus que l’ombre d’elle-même quand on compare ce qui se fait aujourd’hui à la période qui va de la fin des années 1960 jusqu’au début des années 1980. Pour moi, cette période constitue l’âge d’or de la musique de films avec son cortège de compositeurs aussi talentueux qu’avant-gardistes, comme François de Roubaix à qui le festival a aussi rendu hommage cette année.
Voir ou revoir Dario Argento sur la médiathèque
« L’Oiseau au plumage de cristal » (1971), 1 h 32.
Langues : français, anglais, VO italien sous-titrée français.
« Suspiria » (1977), 1 h 39.
Langues : français, anglais, VO italien sous-titrée français.
Attention : film soumis à une restriction d’âge, un code parental est requis. Voir plus loin le mode d’emploi de la médiathèque.
Et encore : « Phenomena », « le Chat à neuf queues », « Ténèbres »…
Voir tous les films de Dario Argento sur la médiathèque de la CCAS
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