Cette année, lors du traditionnel rendez-vous du Festival de cinéma de Douarnenez dont elle est partenaire, la CMCAS Finistère-Morbihan avait souhaité mettre en lumière l’association El-Mecki, créée il y a plus de trente ans par des agents des IEG. Rencontre avec sa secrétaire générale, Delphine Delmarre.
« J’ai passé toute la soirée à préparer des litres de bissap [sirop d’hibiscus, ndlr] et tout est parti en une après-midi », constate la secrétaire générale d’El-Mecki, ravie de l’enthousiasme du public pour son association de solidarité internationale. Pour la première fois, elle tenait un stand à coté de celui de la CMCAS Finistère-Morbihan au Festival de Douarnenez. Pour l’occasion, cette grande fille du Nord avait revêtu une tenue africaine. Et c’est entourée des photos de réalisations au sein de villages nigériens qu’elle a partagé durant trois jours son engagement. Même si elle n’était pas présente lors des débuts de l’association, créée il y a plus de trente ans, Delphine connaît son histoire sur le bout des doigts.
El-Mecki est née d’une rencontre, lors de la commission internationale à la CCAS à Montreuil (Seine-Saint-Denis), entre des jeunes agents de la CMCAS du Nord Pas-de-Calais et de celle de Picardie et des représentants de la Nigelec, la compagnie nationale d’électricité du Niger. Lors de la réunion, l’un des participants nigériens a raconté les difficultés auxquelles il était confronté au quotidien dans son village. Cet homme venait de perdre un jeune enfant des suites de la bilharziose, une maladie parasitaire mortelle provoquée par la consommation ou le contact prolongé avec de l’eau croupie. Elle touche plus de 300 millions de personnes en Afrique et provoque 800 000 décès chaque année. La bilharziose s’attaque aux organes indispensables à la vie : les reins, les intestins, la vessie et le foie. Des actes de la vie courante sont difficiles à pratiquer, tels que se laver, pêcher, faire sa lessive ou même boire, car les mares sont contaminées.
Émus par la découverte de ce fléau, les électriciens et gaziers français ont décidé d’agir. En 1991, ils ont fondé une association du nom du village de leur collègue : El-Mecki. Avec à leur tête Jean-François Carlier, aujourd’hui encore président de l’association, ils y ont apporté des pompes à eau mécaniques fermées, permettant de puiser de l’eau potable, des médicaments de premier secours et ont accompagné une campagne d’information sanitaire. Une première réalisation qui en a appelé d’autres : les projets se sont multipliés dans plusieurs villages, toujours en partant de la demande des habitants. « Nous sommes des facilitateurs et nous agissons toujours avec les habitants locaux, précise Delphine. Il s’agit de les amener à l’autosuffisance, en développant des jardins maraîchers par exemple, ou en apportant notre contribution à une meilleure scolarisation des enfants, particulièrement les filles. »
Hélas, l’instabilité politique au Niger est parfois un frein. Le pays est confronté à une certaine radicalisation. Des villages avec lesquels l’association avait tissé des liens ont été attaqués par des rebelles et ne sont plus accessibles… « Il y a des endroits où on ne peut plus aller », déplore Delphine. « Mais, on a des tonnes de projets, tout le monde nous attend là-bas, il faut juste qu’on trouve les financements et avec les jeunes qui ont rejoint l’équipe, on est très motivés », ajoute, déterminée, la jeune administratrice dont le visage s’illumine dès qu’elle évoque ce pays qu’elle connaît bien.
Au sein de l’espace dédiée aux associations du Festival de cinéma de Douarnenez, qui met à l’honneur les peuples du monde, Delphine a pu rencontrer des passionnés des cultures africaines. « Des échanges d’une rare qualité, s’enthousiasme-t-elle. C’est seulement la deuxième année que je viens, explique la Bretonne d’adoption. Mais je suis bien décidée à bloquer sur mon agenda les dates des prochaines éditions de ce rendez-vous des âmes humaines solidaires. »
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