Participation du GES cyclo (Club de cyclotourisme des agents de Grenoble) au 37e Téléthon, de Grenoble (Isère) à Cerbère (Pyrénées-Orientales), décembre 2023. ©Charles Crié/CCAS
La vie des Activités Sociales repose en partie sur les bénévoles. Parmi eux, de nombreux retraités qui s’impliquent au quotidien dans les SLVie et CMCAS. Et tâchent de transmettre le flambeau aux nouvelles générations.
Ils sont toujours prêts à donner de leur temps et de leur personne au service du Par et du Pour. Partants pour convoyer une colo, animer un réseau solidaire, organiser une activité de loisir ou participer à la préparation d’une fête. Parmi les 170 920 retraité·es des Industries électriques et gazières (qui représentent près de 55 % des bénéficiaires), une part très importante s’investit sans compter dans sa CMCAS ou sa SLVie.
Christian Camphin, 67 ans, fait partie de ces engagés volontaires. Très impliqué dans la vie de sa SLVie, il est toujours disponible pour donner un coup de main. La veille de la cérémonie des vœux à la CMCAS Picardie, il est accouru avec sa perceuse afin d’effectuer des petits travaux de bricolage de dernière minute. Habitant à Candas, dans un petit village situé entre Amiens et Arras, Christian consacre du temps autant par altruisme que pour sortir de la solitude, lui qui avoue avoir mal vécu son départ à la retraite. « Au début, ç’a été dur, le contact avec les gens me manquait terriblement. »
Des fêtes de CMCAS à l’activité quotidienne des SLVie, en passant par l’encadrement des centres de vacances, le convoyage des enfants en colonie ou le réseau solidaire, les inactifs et retraités conjoints bénéficiaires répondent présents pour tous et toutes. ©Sébastien Le Clézio/CCAS
« J’aime les gens et j’ai besoin de donner… »
Le contact avec les autres, le besoin de se rendre utile, c’est ce qui motive une bonne part des retraités bénévoles au service des Activités Sociales. Ainsi Marie-Rose de Gugliemo, 67 ans, confie : « J’aime les gens et j’ai besoin de donner aux autres. » Depuis quinze ans, elle est tutrice des formations « Prenez le relais », qui permettent d’encadrer dans les centres de vacances CCAS adultes ou jeunes, après avoir été responsable principale bénévole de villages vacances (Abbeville, Munster, Morgat et Trébeurden).
Cette ancienne agente de l’expertise gaz a trouvé sa vocation de « RP » lors d’un séjour à Cagnes-sur-Mer avec son mari. « Il m’a dit : “Je te verrais bien faire ça.” » En juillet, elle quittera Chalon-sur-Saône, où elle réside, pour officier pendant un mois en tant que responsable adjointe à Merlimont. En hôtesse de luxe, Marie-Rose y accueillera le mieux possible ses jeunes collègues, qu’elle considère comme des membres de sa famille de travail.
De nombreux retraités, agents inactifs ou conjoints bénéficiaires, participent chaque saison au convoyage des enfants en colonie de vacances. Ici, Odile convoie les enfants de Caen (Calvados) à Mesquer (Loire-Atlantique) durant les vacances d’hiver 2024. ©Charles Crié/CCAS
Retraité bénévole de la CMCAS Caen, septuagénaire, Gérard Crépin est engagé depuis des lustres : son histoire personnelle d’enfant adopté n’y est d’ailleurs pas étrangère. Il a connu « les deux côtés de la barrière », comme il le dit. Il a créé en 1992, au sein de la SLVie du Réseau transport électricité, l’association Ifs Énergie Solidarité, qui vient en aide aux personnes les plus démunies de la ville d’Ifs (Calvados), où il réside.
Forte de 27 membres actifs et retraités de RTE, elle invite chaque année 400 enfants au cinéma pendant les vacances de février. Elle fournit également une aide à la rentrée des classes pour une cinquantaine d’enfants et a participé, l’an dernier, à sa 33e collecte en faveur des Restos du cœur, ainsi qu’à un 13e défi Téléthon. « Avec la crise, on met les bouchées doubles », indique Gérard, qui n’attend rien en retour de son engagement, un simple merci et un petit sourire suffisant à son bonheur.
Gérard Crépin préside l’association Ifs Énergie Solidarité. Ici en 2021 lors de la collecte de denrées alimentaires au profit du Téléthon et des Restos du Cœur. ©Charles Crié/CCAS
La valeur de l’engagement ne se mesure pas au nombre des années. Ancien agent à RTE, Bruno Carré, 64 ans, a attendu d’être à la retraite pour s’investir. D’abord au sein du Réseau solidaire pendant quatre ans et depuis comme président de l’activité nautisme de la CMCAS Loire-Atlantique Vendée. « J’y trouve clairement mon compte », affirme Bruno, qui est très attaché aux liens sociaux et au vivre-ensemble.
Titulaire des permis côtier et hauturier, il est skipper du bateau de pêche-promenade de la CMCAS, amarré à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Le Solieg fait chaque été escale aux Sables-d’Olonne pour des sorties découverte en mer. Mais cette année Bruno ne sera pas du voyage : il a validé son cursus « Prenez le relais » et va devenir responsable adjoint de séjours vacances. Prochaine étape : l’encadrement de séjours voile. Pour cela, il suivra prochainement une nouvelle formation.
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« Soudés par une époque et un esprit commun »
Indispensable au fonctionnement des Activités Sociales, le bénévolat ne reposerait-il pas trop sur les épaules des retraités ? La question est sur toutes les lèvres et mérite d’être soulevée.
Les élus des instances locales et nationales l’ont d’ailleurs en tête et cherchent à changer la donne. Ainsi, pour Jérôme Faure, président de la CMCAS Agen, « c’est clair et net : sans eux, on ne pourrait pas fonctionner ». Mais il poursuit : « Le problème, c’est la réduction des moyens bénévoles, les heures de détachement se réduisent comme peau de chagrin. Nous essayons donc de proposer un maximum d’activités pour les familles, afin d’inciter les nouvelles générations d’agents à nous rejoindre et à s’investir. »
Sabrina Monchablon, présidente de la CMCAS Lorraine Sud Haute-Marne, également membre du Comité de coordination des CMCAS et de la Commission vacances jeunes de la CCAS, partage le même constat : « Il y a plein de choses qu’on ne pourrait pas faire sans nos retraités bénévoles, telles que nos activités de SLVie, l’entretien de notre patrimoine, tondre la pelouse, passer un coup de débroussailleuse… »
L’équipe des étangs de Balinghem, patrimoine de la CMCAS Littoral Côte d’Opale, a rénové bénévolement cet espace convivial installé au coeur du parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale en 2023. ©Marine Poron/CCAS
Idem pour Armand Mangot, président de la CMCAS Picardie : « On retrouve un peu toujours les mêmes. Mais, avec l’âge, nos retraités ne pourront plus faire certaines choses. On a bien des jeunes actifs qui s’investissent à leurs côtés, mais c’est plus compliqué de les mobiliser. » L’élu picard a son explication là-dessus : l’esprit corporatiste a disparu, les employeurs l’ont « cassé » en supprimant les écoles de métiers.
Et de poursuivre : « Les inactifs sont soudés par une époque et un esprit commun. Avant, des générations complètes d’électriciens et de gaziers se formaient, travaillaient et partaient en vacances ensemble. Les amitiés se nouaient entre collègues de travail, alors qu’à présent les jeunes n’attendent plus de rentrer dans les IEG pour se faire des potes. L’engagement de nos retraités doit aujourd’hui leur servir de modèle à suivre. »
« Tout n’est pas perdu ! »
Et les exemples ne manquent pas. À commencer par Franck Riquet, retraité bénévole et bénéficiaire de la CMCAS Picardie. Ancien de l’école de métiers de Nantes-Montluc, cet Amiénois de 63 ans y a puisé le sens de l’engagement à la source. Parti plus tôt en retraite grâce aux congés de fin de carrière, il n’arrête jamais, mettant gratuitement son matériel à disposition et prêtant main-forte quand il s’agit de préparer un cochon grillé ou un méchoui.
Entre l’Arbre de Noël de la CMCAS, où il joue depuis dix-huit ans les Père Noël, les activités de l’Aéroclub national des électriciens et gaziers (Aneg), le comité éditorial du journal de la CMCAS « Liaison », la Commission générale d’activités (Cogeac) Somme, le futur déplacement à Kaysersberg pour la féérie de Noël, etc., Franck a un agenda bien rempli, sans compter la section moto. « En restant dans la boucle, j’ai l’impression de ne pas vieillir », reconnaît-il.
Éric Chevalier ne voit pas le temps passer, lui non plus. Membre de la Commission loisirs de la CMCAS Caen, le jeune retraité de 60 ans organise des mini-séjours au ski et s’occupe du concours interrégional de pétanque, ainsi que des soirées patinoire. Chanceux propriétaire d’une Alpine 110 de 1972, il est à l’origine de la création du Club des amateurs de voitures de sport (CAVS), qui fêtera ses 30 ans en avril prochain. Éric y côtoie de nombreux jeunes agents actifs, qui partagent l’amour des belles italiennes (Ferrari, Lamborghini) et des rutilantes allemandes (Porsche) et anglaises (McLaren). Il établit naturellement le lien entre les générations.
« C’est très enrichissant de travailler avec [les retraités bénévoles]. Très formateur. Ils disposent d’un savoir énorme sur les entreprises et les Activités Sociales, qu’ils aiment partager. »
Anaïs Soler, chargée d’affaires au CNPE de Golfech, CMCAS Agen
La préparation des temps forts des CMCAS, comme ici l’Arbre de Noël de la CMCAS Poitiers en décembre 2023, est un moment privilégié durant lequel rassembler actifs et retraités bénévoles. ©Sébastien Le Clézio/CCAS
Car il existe une autre constante chez tous les retraités actifs dans les Activités Sociales : leur volonté de transmettre un héritage, en partageant avec les plus jeunes le fruit de leur expérience. Dans cette entreprise de renouvellement, « tout n’est pas perdu », comme le dit si bien Marie-Rose de Gugliemo avec optimisme.
Pour preuve, l’engagement d’Anaïs Soler, chargée d’affaires à la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne) et jeune maman de 28 ans. Active dans l’aide à la lecture et dans l’organisation des fêtes de la CMCAS Agen, Anaïs y est aussi membre de la Commission action sanitaire et sociale, où elle rencontre de nombreux retraités bénévoles. « C’est très enrichissant de travailler avec eux. Très formateur. Ils disposent d’un savoir énorme sur les entreprises et les Activités Sociales, qu’ils aiment partager. »
Autre exemple encourageant, à la CMCAS Allier-Creuse-Combrailles (fusion des CMCAS Montluçon et Moulins-Vichy) : Julien Tourret, le président, raconte comment l’Arbre de Noël constitue un événement propice au recrutement de nouvelles troupes bénévoles parmi les parents venus accompagner leurs enfants. « Avant le Covid, nous avions toutes les difficultés du monde à l’organiser, avec à peine dix personnes à table. Heureusement, grâce à nos efforts, de jeunes agents nous ont rejoints et c’est très bien reparti aujourd’hui. »
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