Après la balade aérienne, retour sur terre. Et ici, sur le bassin d’Arcachon, la terre, c’est le sable et les pins. Entre la forêt des Landes et la dune du Pyla, nous percerons quelques secrets d’histoire avec notre guide passionné. Vous comprendrez ce qu’est le gemmage et de quoi est constituée cette immense dune. Prêt pour un voyage dans le temps ?
Avec son million d’hectares, la forêt des landes est la plus grande forêt artificielle d’Europe. Elle s’étend de l’estuaire de la Gironde à Hossegor, et va presque toucher Agen à l’est. Il s’agissait, au 18ème siècle, de planter des pins pour assainir un sol marécageux et stopper la progression des sables. Les bergers qui vivaient du système agro-pastoral se recyclèrent alors dans le gemmage, à savoir la récolte de résine de pin. Et c’est cette technique traditionnelle que présente à un petit groupe de bénéficiaires du centre d’Arès Jean Lannes, un guide pour le moins passionné. Sous la fraicheur apaisante des conifères, cet instituteur retraité de 80 ans a le don pour captiver son auditoire. Il est « raconteur de pays » comme il aime à se définir :« Ce qui me passionne, c’est de transmettre des histoires, de raconter mon pays comme je le vois, comme je l’ai vu changer. J’aime raccrocher le présent à l’ancien. » Et il raconte.
Il raconte comment blesser amoureusement le pin pour en récolter la résine. Il raconte le respect de l’équilibre naturel, la cohabitation des écureuils et des musaraignes, il raconte le passé des bergers en échasses, mais le présent aussi. Le présent et même l’avenir, lorsqu’il s’enthousiasme de la découverte récente de nouveaux composants dans la résine, composants utiles dans le domaine de l’électronique. Les bénéficiaires écoutent religieusement. Ils font crépiter les épines de pin sous leurs pieds. Ils sentent et touchent la résine. Ils comprennent toute l’ingénierie écolo qui a permis d’obtenir la colophane des violonistes et la térébenthine des cirages, peintures et vernis.
Bercés par l’écho d’un autre temps, les bénéficiaires continuent le voyage vers la dune du Pyla. Dans sa voiture, pour relier le sentier du gemmage à la dune, un peu plus au Nord, Jean dévoile une délicate âme de poète : « Je raconte un pays, le mien, et un temps où les dieux descendaient sur la terre plus pour y répandre leurs bienfaits que leur colère, où la nature parlait aux Hommes, et où l’Homme réchauffait son âme et ses pieds le soir à la veillée, au partage et au pardon. » Son ton est parfait pour aborder la beauté ancestrale de la grande dune. Une beauté mouvante. Car la dune recule, et vite, de cinq mètres par an. Jean pointe du doigt deux squelettes de pins ensablés aux trois-quarts : « Un jour, je me suis assis à l’ombre de ces deux grands pins. » Impressionné, le petit groupe entame l’ascension des 112 mètres de sable.
En bons jurassiens, Bernard et Christine Viollon grimpent tranquillement. Ils sont venus en caravane passer quelques jours au centre d’Arès et découvrir le bassin d’Arcachon. Pour la première fois, ils arrivent au sommet de la dune. Ils découvrent deux océans : l’Atlantique, le bleu bien sûr, mais aussi le vert, cette forêt immense qui s’étend à perte de vue, avec ses vagues, son mouvement, ses camaïeux. Et pour couronner le tout, l’entrée du bassin et la pointe du Cap Ferret. Christine a le souffle coupé : « C’est pour ça que je suis venue, glisse-t-elle dans un sourire. L’océan infini. L’odeur des pins. Le vent et la lumière. Cet endroit est magnifique. »
Jean prend quelques grains de sable et les fait glisser entre ses doigts. « Vous sentez ce sable ? demande-t-il malicieusement. Il est très fin, et tout rond. Il y a des grains noirs, blancs, jaunes. Ce sont des cristaux de quartz, de feldspath, de micas et de silice. Et tout ça, c’était du granit. Des blocs de granit de Bretagne et du massif central, charriés par les fleuves, jusqu’à l’océan. Ils se sont échoués au cap Ferret, sur le banc d’Arguin, tout en continuant à s’affiner par érosion. Jusqu’à être assez fins pour se laisser porter par le vent et faire monter la dune, toujours plus haut. C’est un processus qui a débuté il y a 1000 ans, et qui recouvre progressivement la forêt. »
Maria et Jacques Vanduynslaeger viennent de Tourcoing, dans le Nord. Ils étaient déjà venus au centre d’Arès l’an dernier, et ils ont remis ça. Maria, pieds nus dans le sable, le regard vers l’horizon, murmure doucement : « On était déjà venus sur la dune, mais en simples touristes, sans comprendre ce qu’on avait sous les pieds. Quand on comprend un endroit, quand on connait son histoire, les émotions sont plus fortes, on se sent connecté au lieu. C’est comme un secret dévoilé. »
Autour du centre d’Arès
Chaque vendredi, pendant six semaines, nous vous présenterons toute la richesse des activités proposées aux bénéficiaires du centre d’Arès, sur le bassin d’Arcachon. Chaque semaine, découvrez un milieu naturel exceptionnel, des bénévoles passionnés, et des vacanciers curieux qui pourraient bien inspirer vos prochaines vacances…
Tags: Tourisme