En visite au barrage de Génissiat

En visite au barrage de Génissiat | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 54135 Centrale hydroelectrique de Genissiat

Le barrage d’Injoux-Génissiat, dans l’Ain, inauguré en 1948. ©Eric Raz/CCAS

Ses visites étaient suspendues depuis plus de dix ans. Depuis mars, pour son 70e anniversaire, le barrage de Génissiat dans l’Ain est à nouveau ouvert aux visiteurs, pour la plus grande joie des amateurs de tourisme industriel.

Premier, le barrage de Génissiat l’est à plus d’un titre. Il est le plus en amont du chapelet de 19 barrages gérés par la Compagnie nationale du Rhône (CNR, filiale d’Engie), tout au long du fleuve. Il est aussi le premier à avoir été construit sur le Rhône, dans un chantier pharaonique qui s’étala entre 1937 et 1948. Il est enfin le premier barrage à avoir été ouvert aux visiteurs, dans le cadre d’une politique impulsée dès 1949 par le Conseil central des œuvres sociales (CCOS, ancêtre de la CCAS) présidé par Marcel Paul.

Cathédrale industrielle

Le barrage – sis rue Marcel Paul ! – était en effet le fleuron de la reconstruction de la France après-guerre. Plus puissant barrage d’Europe au moment de son entrée en service en 1948, ce « Niagara français », selon le mot du président de la République Vincent Auriol lors de son inauguration le 1er août, était un motif de fierté nationale.

« Génissiat : le plus formidable barrage d’Europe occidentale », inauguré par Robert Lacoste, ministre de la Production industrielle, le 29 janvier 1948. Source : ina.fr

Commandé à distance

La salle des alternateurs, qui est un des moments forts du parcours de visite, fait ressentir combien l’installation a été pensée comme une véritable cathédrale industrielle. Dans le fracas incessant des eaux du fleuve qui dévalent les 65 mètres de chute qui séparent le lac de retenue des turbines, six immenses alternateurs d’un rouge flamboyant, pesant chacun 750 tonnes, trônent dans un vaste hall. La courbe du grand escalier qui mène aux anciennes salles de commande, couvert de dalles de calcaire poli aux allures de marbre, est digne d’un château de la Loire. La solennité du site est renforcée par le fait qu’il semble désert. Même si cinquante salarié·es de la CNR y travaillent toujours, le barrage est aujourd’hui commandé à distance, depuis le siège de la CNR à Lyon, en particulier pour ajuster sa production aux variations des prix de l’électricité.

Le parcours de la visite, remarquablement conçu, permet de découvrir la vie du barrage et de son usine hydro-électrique. Des tablettes interactives présentent la variété des métiers des salarié·es chargés de sa maintenance et de son entretien. Un court film retrace l’épopée de sa construction, qui nécessita la dérivation du Rhône à travers deux vannes capables d’absorber le volume d’une piscine olympique en deux secondes.

Préserver la faune… et après ?

D’autres films abordent les préoccupations nouvelles, qui n’existaient pas au moment de la construction, de préservation de l’environnement. Seul barrage de moyenne chute sur le Rhône (les 18 autres sont construits au fil de l’eau), Génissiat ne peut être équipé en passes à poissons. De ce fait, il coupe le fleuve en deux du point de vue de sa continuité écologique, ce qui oblige les équipes de la CNR à relâcher chaque année, en amont de la retenue, des centaines de milliers d’alevins élevés en pisciculture des principales espèces de l’aval du fleuve.

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Le barrage comporte 6 turbines pour une puissance installée de 420 MW. ©Eric Raz/CCAS

Le plus vertigineux est que, au dire des ingénieur·es, l’installation n’a pas de durée de vie limite. Sa masse de 700 000 m3 de béton, régulièrement inspectée, retiendra comme infiniment les eaux du fleuve. Mais 2023 pourrait être une date charnière dans l’histoire du site. La concession de l’État à la CNR arrivera alors à expiration. Si elle n’était pas renouvelée, l’entreprise, première productrice française d’énergie renouvelable, se devra de rendre à l’État ses 19 barrages, mais conservera les champs d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques qu’elle a installés autour des sites hydroélectriques… comme à Bollène, où le barrage de Donzère-Mondragon sera lui aussi ouvert aux visiteurs à partir de septembre.

Infos pratiques

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©Eric Raz/CCAS

La visite a lieu tous les jours de 10 h à 18 h. Elle dure un peu plus de 2 heures. Le port de chaussures plates et fermées est obligatoire.

La réservation pour les deux barrages (Génissiat et Bollène) est obligatoire, et peut se faire en ligne sur le site du CNR dédié.

Tarifs : 10 euros par adulte, 5 euros pour les – de 18 ans, étudiants, demandeurs d’emploi et accompagnateur·rices de personnes en situation de handicap. Forfait familles avantageux.

Site internet : www.lescircuitsdelenergie.fr

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