À l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires d’Engie, une intersyndicale a rappelé ses revendications en termes d’emplois et de salaire. La délégation qui a été reçue par la direction a également évoqué « l’avenir industriel » du groupe et « la brutalité managériale chez GRDF ».
Pendant qu’à l’intérieur du Palais des congrès de la Porte Maillot, à Paris, est validé un dividende de 1 euro par action, les tracts distribués à l’entrée dénoncent, pour le personnel, le « gel du SNB [salaire national de base] », la « forte réduction des augmentations individuelles » et les « plus de 7000 suppressions de postes » chez EDF et Engie. Une intersyndicale de l’Énergie (FO, CFE-CGC, CGT, CFTC) a choisi l’assemblée générale des actionnaires d’Engie, le 12 mai à Paris, pour porter ses revendications. Elle appelle en outre à un autre rassemblement pour l’assemblée générale des actionnaires d’EDF jeudi 18 mai (10 heures, Salle Pleyel à Paris).
« Nous avons eu la désagréable surprise de nous voir imposer, fin 2016, le gel du SNB, ce qui est historique », rappelle Éric Courtillet, secrétaire fédéral de FO Énergie et Mines.
Il oppose à cette décision « l’investissement des agents des Industries Électrique et Gazière », qui ne sont, en outre, pas responsables des « aventures financières des différentes entités » des IEG. « À cinq fédérations, nous avons demandé l’ouverture d’une réelle négociation sur la rémunération, mais nous avons reçu plusieurs fins de non-recevoir », insiste-t-il. Il ajoute que d’autres sujets sont sur la table, comme les droits familiaux : congés pour mères de famille, pour enfants malades, aides pour frais d’études…
Un groupe en pleine restructuration industrielle
Dans le rapport intégré 2017, publié à l’occasion de cette assemblée générale des actionnaires, Isabelle Kocher, directeur général d’Engie, annonce, « pour préparer l’avenir » du groupe, une accélération de « son développement sur ses métiers cœur : la production d’électricité bas carbone, les réseaux, notamment gaziers, et les solutions intégrées pour les clients ». Le groupe « entend aussi développer les énergies renouvelables en portant leur capacité à 25% d’ici à 2020 », ajoute-t-elle. La veille de l’assemblée générale, Engie annonçait ainsi « avoir reçu une offre ferme et irrévocable de Neptune Energy pour l’acquisition de sa part de 70% dans EPI [l’entité Exploration & Production International] ».
« Une austérité salariale généralisée »
De son côté, Sébastien Menesplier, nouveau secrétaire général de la FNME-CGT, dénonce « une austérité salariale généralisée au sein des groupes » Engie et EDF, qui « contribue à mettre en colère les personnels ». « On revendique une juste répartition des richesses », résume Sébastien Menesplier, qui pointe également les menaces de fermeture de boutiques EDF et Engie, « des services publics de proximité nécessaires pour les citoyens ». Évoquant l’assemblée générale en cours, il « espère que parmi les actionnaires, certains parleront du sort des salariés ».
Thierry Loichot, secrétaire de l’Ufict-CGT Énergie de l’Essonne, estime que de « grosses économies sont faites sur le niveau de technicité des agents, qu’on classe de plus en plus bas ». Il prend l’exemple de ces nombreux ouvriers qui, « au bout de trois ans, après avoir suivi des stages et des formations », sont toujours classés au premier échelon.
Outre que, « au bout de trois ans, on n’est plus débutant », ces mêmes agents, lorsqu’ils sont d’astreinte, peuvent être amenés à gérer seuls des situations dangereuses comme des fuites de gaz, alors qu’ils sont « payés 1500 euros par mois ».
En marge de l’assemblée générale, une délégation CGT et FO a été reçue par la direction d’Engie. Nelly Breheret, secrétaire générale de FO chez Engie, a ainsi abordé l’externalisation, souvent suivie de la délocalisation, de certaines tâches. Elle explique ainsi qu’il est prévu de « diminuer de 50% d’ici 2019 le nombre de commerciaux pour la clientèle des particuliers ». En plus de la « question salariale et de l’emploi », la délégation a évoqué « l’avenir industriel » d’Engie mais aussi « l’accélération de la brutalité managériale à GRDF, avec la multiplication des conseils de discipline pour tout et rien », confie Laurent Hérédia, secrétaire fédéral de la FNME-CGT. Éric Courtillet (FO) approuve, dénonçant un « non-respect de l’échelle des fautes, avec une tendance à aller jusqu’à la sentence ultime, la mise en retraite d’office ».
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