S’occuper de ses petits-enfants tout en protégeant sa santé, et sans remplacer les parents ? L’atelier Papy-Sitter, organisé par la CMCAS Finistère-Morbihan et la Caisse d’assurance maladie des électriciens et gaziers, a offert, à l’automne dernier un espace-temps aux grands-parents soucieux de leur forme pour le bien-être des petits.
Carole Rigaud, psychomotricienne, effectue un long tour de table des personnes présentes à cet atelier, toutes des grands-parents. Deux mots émergent : plaisir et stress. Michelle Lerandy souhaite savoir comment gérer la tension. À 66 ans, elle doit faire face à l’allergie de son petit-fils de 6 ans, « une histoire vitale ». « Il faut éviter tout ce qui est noisette, amande. Je passe beaucoup de temps dans les magasins à lire les emballages. Je me couche tard aussi pour voir s’il respire. » Et il ne faut pas, surtout pas, oublier la piqûre, même sur la plage.
Cette vigilance, Daniel Terlan la vit également pendant les quinze jours où il garde son petit-fils qui n’a pas encore 4 ans. « Mon fils et sa compagne sont très stricts : pas de télévision avant les 3 ans des enfants, et pas de tablette non plus. Nous avons souvent l’ordinateur allumé à la maison. Il est scotché devant donc, maintenant, on l’éteint quand il vient », confie le grand-père qui se dit encore plus précautionneux qu’avec ses enfants. « Mais c’est vrai qu’à mon époque il n’y avait ni tablette ni ordinateur », relativise-t-il.
Le problème de Daniel, « c’est la patience », qui n’est plus la même. Elle va de pair avec « la peur de faire des erreurs relationnelles », d’autorité, qui pourraient altérer les liens avec les parents. D’une voix douce, Carole Rigaud rappelle un principe de base : « Le rôle des grands-parents est un rôle secondaire, l’éducation doit être laissée aux parents. » Les grands-parents, bienveillants et tolérants, sont là pour garantir un autre amour… mais attention, là aussi, à ne pas tomber dans certains travers. Ne pas non plus user des « mon chéri » ou « mon bébé » à chaque phrase avec l’enfant. Ce champ lexical doit rester dans l’univers parental.
La règle des trois tiers
Puis vient la question de la durée de la garde. Maryvonne Barbotin est la seule à ne pas imposer de planning à sa famille. Cette mère de six enfants, grand-mère de cinq petits-enfants et bientôt arrière-grand-mère pour la première fois (sans parler des trois petits-enfants venant d’une union recomposée), sort épuisée des vacances. C’est le contraire de Jean-Marc Dumoulier. L’ancien agent du service immobilier EDF à Vannes est un papi avec un agenda. « Un ancien me disait que pour réussir sa vie de retraité, il fallait consacrer un tiers de son temps à sa famille, un tiers aux autres et un tiers… à soi-même. Je suis dans l’associatif, je vois mes petits-enfants et je pense à moi », sourit-il. Concrètement, cela veut dire : « Je choisis les temps où je veux les garder et, là, je les emmène à la pêche, ramasser des champignons, etc. J’appelle ma fille pour savoir ce qu’ils font chez eux et je leur propose autre chose. »
Savoir dire non… aux parents
Être grand-parent, c’est aussi être capable de dire non aux parents. « Faire comprendre que l’on n’est pas toujours disponible ou tout simplement se ménager du temps. Le volume des gardes des grands-parents est équivalent à celui des assistantes maternelles », fait remarquer Carole Rigaud qui entre dans l’enjeu de l’atelier. Le bien-être des grands-parents. Ces derniers, explique-t-elle, « ont tendance à s’oublier, pris dans une relation intense avec un petit-enfant. Or pour que le petit-enfant soit bien, il faut être bien, soi ». La clinicienne aborde alors quelques principes de base : alimentation, activités sportives et sommeil. Des remparts contre la dépression et le vieillissement.
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