Festival d’Énergies : bâtir Soulac, un passage de relais

Des stands de CMCAS à l’aménagement et à l’électrification du site, comme ici en 2018, le Festival d’Énergies est un événement national 100 % construit par les jeunes agents. ©Sébastien Le Clézio/CCAS

Pour les trentenaires, le Festival d’Énergies est une école de l’engagement et le moment où ils passent le relais aux agents les plus jeunes, majoritaires parmi les festivaliers comme chez les bâtisseurs.

« Une réunion de famille, comme une gigantesque cousinade ! » Voilà comment Mylène Dufit, chargée de projet raccordement chez Enedis à Avignon (Vaucluse), résume le Festival d’Énergies. Pour son deuxième « Soulac », la jeune femme de 34 ans est responsable de l’équipe des bâtisseurs de la CMCAS Avignon, dont plus de la moitié n’ont jamais participé au festival. Pour motiver ses collègues, un argument imparable : « Quand tu es bâtisseur, tu profites plus longtemps de Soulac que les festivaliers ! »

Son voisin de bureau, Emmanuel Leroy, chargé de conception raccordement depuis huit mois seulement, et qui, à 24 ans, n’a pour sa part « organisé que la guinguette du village [rires] », s’est jeté dans l’aventure à 300 %. « Ça m’a fait plaisir qu’en si peu de temps, on m’intègre », témoigne-t-il.

À la fois rituel et rite de passage, bâtir « Soulac » est un enjeu de taille pour la cohésion des électriciens et gaziers, désormais embauchés dans des entreprises séparées voire concurrentes. Les trentenaires en sont le maillon fort : une génération relais, entre leurs prédécesseurs, qui ont bâti plus d’un festival et ont connu l’éclatement des entreprises publiques, et les plus jeunes, pour qui les entreprises n’ont jamais été publiques.

Accueillir les festivaliers sur leur stand leur permet de faire des rencontres voire de lier des amitiés essentielles pour intégrer les plus jeunes à la grande famille des Industries électriques et gazières. Le fait que de nombreuses entreprises des Industries électriques et gazières soient représentées à Soulac donne l’occasion aux jeunes agents de nouer des liens qui ne se créent plus par le travail. Et de capitaliser sur ces liens pour inventer ensemble d’autres projets, une fois la fête terminée.

Un festival « issu de la base »

Car tel est l’enjeu du Festival d’Énergies, que rappelait François Mairey, président de la Commission jeunes travailleurs nationale en 1985, à l’issue de la première édition : « Nous n’avons pas fait un festival pour faire un festival. Six mille à sept mille jeunes c’est bien, mais ce qui sera très bien, c’est d’avoir créé une dynamique. Trois mois avant le festival, on a vu dans les CAS [ancien nom des CMCAS, ndlr] des têtes nouvelles. Le phénomène festival, c’est cette dynamique-là ».

Qu’on soit festivalier, bâtisseur ou régulateur, l’aventure « Soulac » essaime en effet une fois le festival terminé. « Le Par et le Pour démarre souvent à Soulac pour les jeunes », constate Romain Cazeneuve, 38 ans, administrateur de la CMCAS Gironde et animateur de la commission jeunes.

De la grande scène aux stands des CMCAS, la programmation du festival réunit toutes les générations. ©Charles Crié/CCAS

Les agents de moins de 40 ans, qui sont majoritaires dans les Industries électriques et gazières (plus de 40 % des effectifs), en sont la cible autant que la cheville ouvrière du Festival d’Énergies. Et quoi de mieux qu’un festival de musique pour rassembler les jeunes agents ? Mais, entre faire la fête, se cultiver et revendiquer, nul besoin de choisir au Festival d’Énergies. « Nous ne sommes pas venus à Soulac pour ne penser à rien », tranchait une festivalière en septembre 1995, à l’orée des grandes grèves contre la réforme des retraites, retirée un mois après son annonce par le gouvernement Juppé.

Nul doute que l’édition de ce mois de mai, qui aura lieu après quatre mois d’une mobilisation exemplaire contre la réforme du gouvernement Borne, tout juste promulguée, sera une édition historique.