Avec plus de 50 % de grévistes, la journée d’actions du 26 janvier est l’une des plus puissante qu’ait connue le service public depuis ces dix dernières années. Au centre des revendications : le retrait des mesures gouvernementales de relèvement du plafond de l’Arenh (et les 8 milliards de perte estimée pour EDF), et l’augmentation des salaires.
Cinquante et un pour cent : c’est le taux de grévistes estimé à EDF SA le 26 janvier dernier (et plus de 30 % chez Enedis), à l’appel de l’intersyndicale. Si beaucoup d’entre vous ont noté un surprenant décalage entre les chiffres de participation à cette journée d’actions diffusés par la presse (37,20 % de grévistes à midi, puis 42 % révélé plus tard dans la journée), et ceux des fédérations syndicales, son explication est pourtant simple et factuelle : les directions des entreprises publient le chiffre des grévistes sur l’effectif total des entreprises ; les fédérations, elles, comptabilisent les grévistes sur l’effectif présent (hors absences, RTT, congés maladie ou annuels), le jour même.
Selon les syndicats, c’est donc plus d’un salarié sur deux (51 %) qui a cessé le travail en protestation contre les mesures gouvernementales défavorables à EDF, soit deux fois plus que lors des mobilisations, très suivies, contre le projet Hercule l’année dernière, et qui avaient conduit au retrait du projet.
Salaires : 0,3 % d’augmentation cette année
Un peu estompé par la bataille largement diffusée dans les médias cette semaine, celle qui mobilise les collègues sur les salaires se prolonge depuis le 25 janvier.
Elle porte sur l’exigence de l’augmentation du salaire national de base qui plafonne encore cette année à 0,3 %, et qui aboutit à l’effondrement de la fiche de paie de 10 % en 10 ans, selon les fédérations syndicales. Du coup, d’aucuns notent que la courbe des salaires, à la baisse, croise significativement celle, à la hausse, des factures des usagers…
Le 27 janvier, les électriciens et gaziers manifestaient partout en France en convergence avec les travailleurs d’autres secteurs de l’emploi public et privé, pour le pouvoir d’achat, à l’appel d’une intersyndicale (CGT, FO, FSU et Solidaires), dans des cortèges interprofessionnels ayant rassemblé entre 89 000 et 150 000 personnes, selon les chiffres respectivement avancés par le ministère de l’Intérieur et les syndicats.
Des recours juridiques déposés
Les fédérations ont annoncé le même jour le dépôt de deux recours juridiques. Le premier, concerne les ambiguïtés du calcul du TRV (tarif réglementé de vente de l’électricité), qui contient des clauses de préservation de la concurrence pour justifier de ses hausses successives. Un point déjà contesté en 2019 par la Haute autorité de la concurrence.
Le second demande, pour à la fois sauvegarder l’entreprise et répondre à l’urgence de « maîtrise » des factures, la suppression de la TVA auxquelles elles sont soumises : « En effet, nos quatre fédérations exigent une baisse de la TVA à un niveau permettant de limiter l’augmentation des tarifs à 4 %, expliquent-elles dans un communiqué publié ce 27 janvier.
« C’est parfaitement possible, souligne l’intersyndicale, et c’est d’ailleurs ce qu’ont fait nombre de pays européens confrontés à la flambée des prix de l’énergie en plus, pour certains d’entre eux, de taxer les surprofits réalisés par les énergéticiens dans cette crise, pétroliers compris. Et c’est nécessaire pour maintenir le pouvoir d’achat des Français. »
« Nous notons d’ailleurs, poursuivent les fédérations, que si l’État a baissé la TICFE de 8 milliards d’euros, la hausse des prix de l’énergie va réduire le montant du soutien aux énergies renouvelables de 5 milliards d’euros ! C’est pourquoi, nous déposerons également un recours contre les textes augmentant le plafond d’Arenh de 20 TWh supplémentaires qui vise à faire payer à EDF les conséquences des turpitudes du Gouvernement et de la concurrence. »
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