Augusto Soares Dos Reis, nouveau directeur d’ EDF en Guyane , dévoile les ambitions de l’entreprise en matière de développement des énergies renouvelables et d’accès à l’électricité pour les populations des communes isolées.
Avant d’arriver en Guyane, vous avez occupé des responsabilités à Electricité de Mayotte ainsi qu’à SEI (1) La Réunion et Corse. Quels enseignements tirez-vous de ces expériences ?
Le premier enseignement, c’est l’importance de notre mission. On peut tous être très fiers de travailler pour une entreprise qui mène une mission essentielle, au service de ses clients mais aussi au service du développement du territoire, développement que nous voulons durable. Dans les unités de la Direction des Systèmes Energétiques Insulaires, la totalité des métiers ou presque sont regroupés dans un même ensemble managérial, ce qui fait que chacun prend bien la dimension de sa contribution à cette finalité du service au territoire et au client. Ce que je retire de mes dix années dans cette Direction, c’est l’importance et la noblesse de notre mission au service des clients et des territoires.
Et par rapport aux spécificités des DOM ?
Les DOM ont des systèmes électriques isolés : ils tirent leur force de leur propre territoire. L’équilibre offre-demande y est donc toujours un défi technique. Par ailleurs, mon expérience m’a montré à quel point ce sont des territoires à forte identité où les dimensions sociales et culturelles sont primordiales dans la conduite de nos activités.
Jean-Philippe Biava, votre prédécesseur, avait pointé les limites du système électrique guyanais en agitant la menace d’une pénurie d’électricité dans les années à venir. La Guyane doit, selon lui, se lancer dans la biomasse. Qu’en pensez-vous ?
Il faut commencer par faire un point de situation sur le système énergétique guyanais et rappeler que, comme souvent dans les territoires ultramarins, la croissance de la consommation y est très forte. On a en Guyane une croissance moyenne de la consommation de plus de 3%, soit deux fois plus que dans les autres territoires ultramarins, et bien plus encore qu’en France métropolitaine. C’est aussi la raison pour laquelle les actions d’efficacité énergétique sont, et resteront durablement, l’une de nos priorités en Guyane. Cette croissance, qui est elle-même sous-tendue par la croissance de la population, met évidemment sous tension les infrastructures énergétiques, et conduit à la nécessité d’investir et de renouveler une partie du parc de production. Ce que mon prédécesseur a notamment souhaité souligner, c’est l’importance de définir l’après Dégrad des Cannes (2), puisque c’est une centrale qui a un peu plus de 30 ans d’exploitation et qu’il va falloir l’arrêter entre 2020 et 2023. Il soulignait l’importance d’assurer la sûreté du système énergétique guyanais, notamment par un renouvellement d’une capacité de production à puissance garantie suffisante sur l’île de Cayenne..
Concernant la biomasse, y a-t-il des projets en cours ? Et que peut-on en attendre ?
Il est incontestable que la Guyane dispose avec l’hydraulique et la biomasse de deux atouts importants. Pour autant la biomasse reste une filière qui n’est actuellement pas très développée. Aujourd’hui, il n’y a qu’une centrale connectée au réseau (1,7 MW) même s’il y a quelques dizaines de mégawatts de projets pour les prochaines années. Le potentiel ultime va dépendre de la capacité à structurer des filières d’exploitation pour fournir du bois-énergie. Le territoire va investir dans cette filière qui est amenée à jouer un rôle à côté d’autres filières dans le mix guyanais.
Quel serait le mix énergétique idéal compte tenu des atouts de la Guyane (eau, soleil, bois, vent) ? Qu’en est-il de l’éolien ?
On peut d’abord rappeler que la Guyane est la région de France dans laquelle le taux d’énergie renouvelable est le plus important (deux tiers de la consommation), majoritairement grâce à la centrale hydroélectrique EDF de Petit Saut. Le potentiel éolien reste faible en Guyane, avec des alizés qui soufflent régulièrement mais faiblement. En revanche, le paysage des énergies renouvelables se dessine autour de l’hydraulique – grande mais également petite -, de la biomasse qui va monter en puissance, et d’une énergie photovoltaïque qui aujourd’hui, sans stockage, va atteindre dans les toutes prochaines années les limites de son intégration au système électrique.
Cela veut dire qu’on ne pourra pas aller au-dela ?
On ne pourra pas aller au-delà sans stockage. Mais pour autant, il y a de plus en plus d’unités de stockage qui sont connectées. Il y a notamment EDF Energies Nouvelles qui a construit une unité photovoltaïque de 5MW couplée avec du stockage, en service depuis un an, et une seconde centrale de puissance équivalente construite par EDF PEI (3) sera mise en service cet été. Un nouvel appel d’offres est par ailleurs en cours par la Commission de Régulation de l’Energie pour développer cette forme de photovoltaïque avec stockage. Enfin, dans ce panorama du système énergétique guyanais centré sur les énergies renouvelables, il est important de ne pas oublier les moyens de puissance garantie basés sur du thermique qui sont là pour garantir la sûreté du système électrique et la qualité de l’approvisionnement de nos clients.
EDF en Guyane est face à un autre défi majeur : l’accès à l’électricité dans les zones non interconnectées (communes de l’intérieur) qui comptent environ 80 000 personnes. Selon un rapport parlementaire de septembre 2014 , « la sécurité de l’approvisionnement électrique est très précaire » dans des communes comme Maripasoula. Cette situation risque même de « devenir intenable en raison de l’évolution démographique ». Que faire ?
Il faut situer quel est le défi de l’alimentation en électricité des communes de l’intérieur. Ce sont des communes éloignées du réseau électrique principal (qui est essentiellement sur le littoral) et qui ont des conditions d’accès extrêmement difficiles, rendant nécessaire le fait de les alimenter à partir de petits systèmes électriques isolés. Je prends juste un exemple : Maripasoula, c’est 10 000 habitants et un habitat dispersé sur un territoire qui fait 174 fois la taille de Paris ! Cela montre bien le défi immense que l’on doit relever conjointement avec la Communauté de Communes de l’Ouest Guyanais (CCOG). Si l’on prend le cas du Haut-Maroni, il y a des petits systèmes électriques – dans lequel nous sommes concessionnaire – au niveau de chaque bourg des Communes ; et ensuite, il y a des villages qui sont assez nombreux, sur lesquels nous avons un projet d’électrification avec la CCOG et l’Etat. Cinq « écarts », c’est-à-dire cinq villages éloignés du bourg principal, sur lesquels la collectivité a décidé d’implanter des écoles et établissements de santé ont été choisis pour faire l’objet d’un projet d’électrification basé sur une solution innovante (étudiée par EDF R&D) de centrale hybride avec du photovoltaïque couplé avec du stockage et des petites unités de diesel en complément. A cette solution, nous allons associer des micro-réseaux de distribution. C’est un projet assez ambitieux qui peut représenter pour les Communes de l’Intérieur une vraie solution pour l’électrification des écarts. L’idée première de l’hybridation photovoltaïque-diesel est de réduire la dépendance au combustible dont l’approvisionnement passe par des fleuves réputés non navigables.
C’est la réponse d’EDF à ces populations ?
C’est du moins la réponse que nous pouvons apporter dans les écarts qui sont des secteurs non électrifiés et qui posaient de longue date une problématique d’accès à l’électricité. L’autre réponse à apporter se situe plutôt dans les bourgs qui eux-mêmes connaissent une forte croissance. Les taux de croissance de la population dans les communes de l’intérieur sont a minima deux fois supérieurs à la moyenne guyanaise qui elle-même est très élevée. La population de la Guyane a doublé en vingt ans. A Maripasoula, le taux de croissance démographique sur ces dernières années est de 8%. Dans le bourg, l’idée est d’accompagner aux côtés de l’autorité concédante le renforcement des moyens de production et les réseaux associés pour tenir compte de cette croissance. Comme vous le voyez c’est un beau et grand défi collectif à mener pour EDF aux côtés des autorités locales au service du développement de la Guyane.
(1) Systèmes énergétiques insulaires
(2) Centrale thermique située près de Cayenne
(3) Production électrique insulaire
Je pense que la solution solaire biomasse pour les village isolés est à approfondir et la plus adapté. Le cout et l »approvisionnement des groupes diesel est parfois étonnant! ( Saul approvisionné par avion) Ce n’est pas le bois qui manque et les chutes sont parfois brulées sur place. A Saul chaque habitation possède son carbet de batterie recouvert de panneau solaire la plupart sont en bon état ( 1 avait pris feu lorsque j’ai parcouru le village) et le bruyant groupe ne tourne que 12h tous les 2 jours à la satisfaction des habitants!
A part les régions côtières les plus denses en population comment faire passer et entretenir des lignes connectées a un réseau voisin inexistant? ( le plus gros danger dans la forêt étant toujours les chutes d’arbres!) . Installer des micro centrales nucléaires me semble très osez, l’entretien des simples batteries pose déjà un problème!
Ceci est mon point de vue naturellement discutable!
Je m’étonne que des responsables techniques adoptent les rêves idéologiques des pouvoirs politiques, sans s’intéresser aux technologies nucléaires, non polluantes et moins dangereuses que celle retenue par les états pour se doter de la bombe nucléaire. Les centrales aux thorium et les micro centrales des sous marin ou des porte avions sont faciles à maîtriser et présentent moins de risques d’emballement
Ces centrales sont bien acceptées par la population. La dizaines d’engins à propultion nucléaires stockés à Brest n’ont jamais été la cible des opposants contrairement aux centrales civiles.
Il est regrettable que la France abandonne son avance technologique au profit de pays moins à l’écoute de quelques dizaines de manifestants.
Je m’étonne que des responsables techniques adoptent les rêves idéologiques des pouvoirs politiques, sans s’intéresser aux technologies nucléaires, non polluantes et moins dangereuses que celle retenue par les états pour se doter de la bombe nucléaire. Les centrales aux thorium et les micro centrales des sous marin ou des porte avions sont facile à maîtriser et ne présente moins de risques d’emballement non maîtrisés.
Ces centrales sont bien acceptées par la population. La dizaines d’engins à propultion nucléaires stockés à Brest n’ont jamais été la cible des opposants contrairement aux centrales civiles.
Il est regrettable que la France abandonne son avance technologique au profit de pays moins à l’écoute de quelques dizaine de manifestants.
L’energie electrique est dans certains pays une denrée rare et couteuse dès lors qu’elle est essentiellement d’origine thermique, or j’ai pu constater que certains pays comme Djibouti qui developpe énormément d’espace de production Photovoltaique s’approvisionne avec un pays voisin l’Ethiopie dont les moyens de production sont diversifiés , s’agiçssant de la Guyane, pourquoi ne pas envisager un achat d’energie avec le Bresil ?évidemment cela implique le developpement d’un reseau de transport approprié …..
Les energies nouvelles auraient du se developper bien avant, je me souvient affecté à La Reunion en 1983 avoir remarqué que la CEB (l’ile Maurice) était bien en avance sur nous dans le domaine du solaire et paradoxalement on veut faire un peu tout et n’importe quoi avec le photovoltaique particuliers en métropole sauf que beaucoup de nos clients se sont fait pieger par des entreprises peu scrupuleuse mais dont les traces génèrent un frein considerable au developpement des energies renouvelables !!! il aurait été tellement plus simple qu’EDF loue les espaces toitures et autres pour l’installation de panneaux photovoltaiques par notre entreprise , comme des espaces publicitaires…. et rémunérer ainsi le client