Avec la signature entre la CCAS et la Mutuelle d’Action Sociale 04-05 d’une convention de transfert de gestion, le Centre de Santé de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), se tourne résolument vers l’avenir.
Le soulagement et l’espoir se lisent sur tous les visages. La menace de désertification médicale qui pesait sur l’ensemble du bassin manosquin si d’aventure le Centre de Santé de Manosque avait été contraint de fermer s’éloigne un peu plus. En ce 18 février 2016, il y a foule pour assister à la journée « portes-ouvertes » de l’établissement sanitaire. Un événement qui en recèle un autre, d’importance, dont chacun semble mesurer la portée : la signature de quatre conventions de transfert de gestion entre la CCAS et la Mutuelle d’Action Sociale 04-05 (MAS 04-05).
Un équipement de santé publique incontournable et indispensable
Depuis sa fondation par la CMCAS Marseille en 1962 puis sa reprise en gestion par la CCAS trois ans plus tard, le Centre de Santé (CDS) de Manosque est largement fréquenté par les électriciens et gaziers de la région. Mais il est également devenu un lieu incontournable pour plus de 50% de la population manosquine, qui vient s’y faire soigner. Des patients arrivent même de départements voisins, c’est dire l’indispensable utilité de ce centre dans une aire géographique où l’offre de soins se fait rare.
Pourtant, cette mission de santé publique assurée par la CCAS en direction de ses bénéficiaires et, par solidarité, de la population locale a bien failli connaître un coup d’arrêt brutal il y a quelques années. « La formidable réussite à laquelle nous assistons aujourd’hui démontre que nos prédécesseurs à la CCAS ont pris la bonne décision, lorsqu’il s’agit de faire le choix écrit par la Cour des Comptes à l’époque soit de la fermeture des Centres de Santé parce qu’ils n’accueillaient pas seulement les électriciens et gaziers, soit de travailler sur des partenariats, rappelle le président de la CCAS Michaël Fieschi. Nous avons donc fait le pari de développer et pérenniser cette activité avec nos partenaires mutualistes, qui nous permettent de mettre en œuvre l’une des conceptions fondamentales sur lesquels nous nous appuyons : la coopération avec tous ceux qui agissent dans le cadre de l’économie sociale et solidaire, et notamment ici pour permettre l’accès aux soins de qualité et de proximité au plus grand nombre. »
« Que de chemin parcouru ! »
Pour en arriver là, il a fallu mobiliser toutes les forces en présence, et en premier lieu les partenaires de la MAS 04-05. « Que de chemin parcouru depuis la signature d’une convention de partenariat en octobre 2012, interpelle Jean-Claude Eyraud, président de la MAS. C’est un travail acharné que nous avons mené ces trois dernières années : nous avons négocié avec la CCAS en toute confiance, mais il nous fallait également porter le projet de santé, rencontrer les partenaires institutionnels de l’Agence Régionale de Santé (ARS), du Conseil Régional et surtout rassurer le personnel médical sur leurs perspectives… »
Un effort soutenu notamment par le député de la circonscription Christophe Castaner qui a réussi le tour de force d’organiser en un temps record une table ronde autour du devenir du centre, pour aboutir en quelques mois seulement à sa labellisation par l’ARS comme Maison Régionale de Santé. Le député a tenu à être présent pour l’événement : « si on s’est mobilisés, tous, rapidement, c’est que nous savions l’importance, l’enjeu du centre : ici, on soigne tout le monde, et on assume d’être en secteur 1. Ce centre est devenu un pôle social médical majeur sur le territoire de Haute-Provence. Il a fallu prendre le temps pour trouver un relai à la CCAS qui n’était plus dans son cœur de métier, pour analyser, formaliser, contractualiser cet échange d’engagement respectif ».
Un engagement qui permet également la préservation de l’emploi sur le site, soit quelque 60 personnels médicaux, paramédicaux et administratifs. Tous les acteurs et témoins de ce succès – le directeur du CDS Manosque Yves Gomez, le président de la CAMIEG et de la Commission Santé ASS de la CCAS Patrick Guillot, jusqu’aux partenaires institutionnels de la communauté d’agglomération (DLVA), représentants du Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, des municipalités concernées, ou encore de la Mutualité Française – se félicitent de l’issue de ce véritable « combat » pour la préservation du CDS et apportent leur soutien.
Les administrateurs de la CMCAS Marseille qui ont suivi de près le dossier et œuvré par le biais du Comité de pilotage, de même : « La nécessité de conserver sur le bassin manosquin un service public de qualité ne faisait pas de doutes. L’idée de départ était de procurer aux bénéficiaires des Activités Sociales de l’énergie et par solidarité à l’ensemble de la population locale une médecine pour tous, qui ne soit pas « marchandisée », sans dépassement d’honoraires et avec un tiers-payant appliqué ici depuis longtemps, se remémorent Jean-Christophe Fiandino, Thierry Madeleine et Nicolas Davant. Cela restera le cas, qui plus est avec comme objectif de créer un parcours de soin coordonné. Cette signature n’est qu’une étape. Le Comité de pilotage va continuer de suivre l’évolution du CDS. »
Et demain ?
Jean-Pierre Zappa, ex-agent EDF formateur à l’école des métiers de Sainte-Tulle, commune voisine, et sa femme Rose-Marie, patients du CDS depuis « toujours », disent leur apaisement. « Nous étions inquiets quant à l’avenir du centre de soins. Et bouleversés lorsque des changements de médecins ont eu lieu il y a un peu plus d’un an, faisant passer le nombre de généralistes de trois à un. Cette signature nous rassure en partie et nous espérons que le plan prévu sera appliqué, que de nouveaux médecins seront recrutés ».
Toutes les énergies convergent vers cette volonté de faire du CDS Manosque un pôle de santé « exemplaire, modernisé, innovant, pérenne », selon les mots de Michaël Fieschi et Jean-Claude Eyraud. De nombreux investissements matériels de pointe (rééducation fonctionnelle, dentaire, ophtalmologique) ont été effectués ces dernières années dans ce sens, tant par la CCAS que grâce à des financements obtenus du Conseil Régional dans le cadre de la labellisation Maison Régionale de Santé par l’ARS.
L’arrivée en début d’année d’un médecin coordinateur, le Dr Nathalie Detrait, doit permettre de poser les fondations d’un projet de santé dont les contours sont encore à définir. « De nouvelles spécialités sont ou vont être proposées au sein de l’établissement : chirurgie maxillo-faciale, médecine du sport, kinésithérapie… Et des partenariats sont en cours d’étude, avec l’hôpital voisin de Manosque, les maisons de retraite EHPAD. Enfin des formations médicales EPU (enseignement post-universitaire) pourraient bientôt être dispensées au sein du CDS en direction de médecins libéraux et hospitaliers », explique-t-elle.
« Nous avons un bel avenir devant nous, conclut le président de la MAS 04-05. Tout n’est pas fini, au contraire, tout recommence. Nous allons continuer de travailler ensemble, convaincus qu’un centre de santé pluridisciplinaire est la réponse aux besoins des populations. » La CCAS, qui conserve murs et terrain du CDS, accompagnera évidemment ce transfert de gestion avec la plus grande attention.
Bravo pour avoir su conserver au sein de l’économie sociale et solidaire une offre de santé de qualité.
Michael et Jean Claude, bravo pour votre pugnacité !!!! et merci.
Bonne chance au C D S de Manosque et à l’ensemble de son personnel.