L’épopée des jolies colonies de vacances

L’épopée des jolies colonies de vacances | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 103878 Depart de colonies de vacances 1918 Agence Rol

©Gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France

C’est à partir des années 1880 que les premiers enfants partent en colonie de vacances estivales. Durant plus d’un siècle, différents courants politiques, associatifs, syndicaux ou religieux se disputent l’encadrement des colos, toujours porteuses d’un projet éducatif.

En 1966, un jeune débutant de la chanson, tendre et gouailleur, se taille un beau succès avec ses « Jolies colonies de vacances » et son fameux « Merci maman, Merci papa, tous les ans, j’voudrais qu’ça r’commence ». Mais lorsque Pierre Perret accède à la notoriété, les colos amorcent déjà leur déclin. Les débuts de la IIIe République, restée à la postérité pour son oeuvre scolaire, sont aussi ceux des colonies de vacances. Sous l’impulsion d’Edmond Cottinet, homme de lettres et responsable de la Caisse des écoles du 9e arrondissement de Paris, 18 enfants parisiens, choisis parmi « les plus malingres » des « écoliers étiolés au méphitisme ambiant de la grande ville », partent durant l’été 1883 un mois à la campagne. La Ligue de l’enseignement, fondée en 1886, emboîte le pas. Ces colonies de vacances dans l’orbite de l’école publique visent à faire profiter les jeunes enfants des milieux ouvriers urbains du « bon air de la campagne », comme on le dit en cette époque marquée par l’hygiénisme. Mais l’objectif est aussi politique. Il s’agit de montrer que l’école publique peut faire mieux que les patronats religieux, qui ont aussi commencé, à l’initiative du pasteur suisse Wilhelm Bion, à envoyer des enfants des villes se requinquer l’été en dehors des grandes villes. Mais au lieu de placement chez des familles paysannes, il s’agit pour Cottinet et ses successeurs de créer des centres de vie collective, animés par des adultes formés, au service d’un projet pédagogique.

Les comités d’entreprise en action

Léon Blum, appuie ces initiatives qui émanent pour l’essentiel des municipalités socialistes (comme Suresnes) et surtout communistes.

Aux mouvances de l’Éducation nationale, des patronages religieux et des municipalités de gauche, vient s’ajouter, après la Libération, celle des comités d’entreprise, en particulier dans les grandes entreprises des secteurs nationalisés comme l’énergie. Le mouvement syndical se partage alors entre une CGT très majoritaire et la CFTC, puis, après 1948, FO devient un nouvel acteur des colonies de vacances. À l’été 1955, un million d’enfants partent en colonies, soit de l’ordre de 12 % de la classe d’âge. Cette proportion reste stable pendant quelques décennies, avec un pic à 14 % des 3-19 ans en 1994, avant de connaître depuis une érosion massive et continue.

L’épopée des jolies colonies de vacances | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 25397 Colo a Campan en 1967.

Colo CCAS à Campan (Hautes-Pyrénées), en 1967. ©Archives CCAS

Quelles en sont les raisons ? Sans doute les difficultés économiques de nombre de familles. En cause également, le déclin de l’influence des grandes organisations politiques, syndicales, associatives ou religieuses. Et aussi l’essor, à partir des années 1980, d’une offre commerciale de vacances collectives pour enfants qui se veut ludique, voire consumériste, en tournant le dos au projet éducatif que partageaient les différents acteurs. Mais l’idée centenaire de colonies de vacances émancipatrices, fondée sur l’animation par des professionnels de collectif d’enfants, a-t-elle pour autant dit son dernier mot ?

Un été 47

Cette année-là, les enfants d’électriciens et gaziers connaissent pour la première fois les joies des colos organisées par le CCOS (Conseil central des oeuvres sociales), l’ancêtre de la CCAS, créé un an après la loi de nationalisation. Récupérant une partie des oeuvres sociales des anciennes sociétés du gaz et de l’électricité nationalisées, le jeune CCOS anime une trentaine de colonies de vacances durant cet été 47 alors que la France est en pleine reconstruction. 6 500 enfants de 6 à 14 ans y séjournent, un chiffre plus que doublé l’année suivante, et qui atteint 21 000 en 1950. Comme le souligne Marcel Paul devant le CCOS qu’il préside, ces colonies « ne sont pas des garderies, elles sont basées sur une conception nouvelle, et les activités mises à la disposition des enfants sont, suivant un dosage harmonieux, à la fois récréatives et éducatives ». Le CCOS s’est pour cela doté d’une École nationale de formation de cadres, chargée de former les moniteurs, recrutés de préférence parmi les personnels d’Électricité et Gaz de France, pour démontrer que la gestion des colonies de vacances sous la direction des salariés eux-mêmes est porteuse de valeurs émancipatrices.

 

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