L’escale charentaise au camping des Mathes s’est soldée par une plongée au cœur d’un centre CCAS passé cet été sous la gestion de Campéole. Au contact des autres vacanciers, de l’équipe d’encadrement et du personnel, j’ai pris la température durant deux jours… Chaud.
Un bruit court… aux Mathes le début de saison a été électrique. Certains bénéficiaires ont même tranché dans le vif, l’irréversible : « On ne reviendra plus ici ! » Dans cet écrin de verdure, où la nature reine t’insuffle instantanément un sentiment de repos des guerriers, entre les arbres… les colères font écho aux clameurs. Le « passage à Campéole » ne passe pas. Et à chaque recoin, le même refrain. Furieux et tenace. « C’est la fin des Activités Sociales, la mort de l’esprit du CCOS. La disparition du Par et du Pour, que ce soit dans la réunion d’accueil, les animations, ou les jeux (billards, baby-foot, etc.), qui sont payants. Et la nourriture : n’en parlons pas ! Tout est contraire à nos habitudes et à nos valeurs. »
Devant ce constat accablant, quasi unanime, il faut que je vérifie, que je sonde. Que je me plonge dans cet univers apparemment austère le temps d’une journée à la sauce Campéole !
Voir aussi : Délégations d’exploitation, entretien avec le président de la CCAS
Samedi matin, 9 heures du mat’ aux Mathes. Sommeil froissé et le dos cassé (Milky y est pour quelque chose), le café devient ma priorité. Direction le point rencontre pour une première désillusion fâcheuse mais cependant inopinée. « Désolé, mais je ne peux pas vous servir de café. On m’a coupé le jus. » Aïe. Ça fait mal et ça m’oblige déjà à trouver une parade. « What else », me dis-je ? « Beh, un Coca, s’il vous plaît. » Le breuvage gazeux en main, je m’installe en terrasse, la piscine en panorama. Dans la douceur charentaise, le calme matinal est précaire…
Sur ma gauche, alors que pour moi, côté cérébral, la latence s’évapore en douceur, des femmes, en majorité, s’activent au rythme d’une musique soutenue, en plein réveil… musculaire, sous la houlette de Kevin, l’animateur sportif. Effarant ! Aussi, devant leurs efforts conséquents, tout en observant leurs prouesses, je me fais très discret. Avec ce genre de gabarit, on ne sait jamais, vous avez vite fait d’être happé par le mouvement. Est-ce la répétition des gestes ou la cadence uniforme, je me laisse finalement entraîner par la vague, me lève et prend part au cours du coach pour une prestation, de courte durée au final. Trahi par une extension du bras droit, lors de la séance d’étirement. A ce moment, au loin, j’entends : « Monsieur, si vous voulez, je peux vous faire votre café, ils m’ont remis le courant ! » « Non, ça va aller merci ! » C’est de l’eau qu’il me faut et de la décontraction, pas de l’excitant !
Avec ma tête enflée sous l’effet conjugué des bulles de Coca et du soleil, je divague alors en direction de la piscine et du pédiluve. A l’horizon, aucun batracien. J’ai le bassin pour moi tout seul, ou presque. Car derrière moi, je sens une présence, quelqu’un me suit… C’est Louane, la surveillante de la piscine, qui m’accompagne. Ce matin, je n’ai pas pris soin de me regarder dans le miroir mais, à sa tête, j’imagine que mon visage l’intrigue. J’opte alors pour l’humour, lourd ! « Ne vous en faites pas, mademoiselle, je sais nager et je ne vais pas me noyer. » A cette phrase d’un commun aberrant, elle rétorque, stoïque et souriante à la fois : « Non, mais c’est le règlement, monsieur ! Même avec une seule personne dans la piscine, je me dois d’être présente. » Ça alors ! Je n’ai jamais nagé sous la surveillance d’une surveillante particulière… Et c’est avec le sentiment d’être en liberté sous contrôle que je multiplie les brasses, les crawls et les planches, et elle, les allers et retours. Jusqu’à ce que l’odeur émanant de la cuisine me rappelle à mon devoir.
Il est midi et Elsa, ma comparse, n’a pas l’intention de jeuner. Pourtant, la diète aurait été plus subtile, comme choix… On m’avait prévenu : « Ici, pas de place pour l’épicurisme. » Et ça se voit. A défaut d’un menu gourmet, la nourriture, apparemment, c’est du lourd ! Les yeux rivés sur mon cordon bleu aux nuances de rose, tendance malabar bi-goût, et sur mes pâtes blanches maladives nappées d’une sauce inconnue de mes papilles, j’en fais finalement, et amèrement, l’expérience. Bref, passons, et allons nous reposer en attendant mon rendez-vous de l’après-midi avec une vieille connaissance. Pierre Aliphat, dit « Pierrot le fou ».
Il est là, en congé. Toujours à la page, le retraité d’EDF poursuit, non sans écueils initiaux, son initiation échecs auprès des bénéficiaires. En ce qui me concerne, l’apprentissage tourne à la démonstration. Une partie et puis s’en va. Je suis échec et mat aux Mathes !
Lire aussi : notre portrait de « Pierrot le fou » |
Déçu mais heureux de partager ce moment, je me réfugie dans la bibliothèque, où je tombe sur « Le Journal d’un fou » (c’est de circonstance) de l’écrivain russe Nicolas Gogol. Pfff… trop alambiqué pour moi à cette heure de la journée. Surtout que dehors les sonorités diverses m’entraînent vers le programme de la soirée. A droite du bar, le piano, en accès libre, est pris d’assaut par des ados, dont les notes de musique couvrent à ma grande satisfaction les cris de joie provenant de la piscine…
Emporté par la foule, je me laisse aller jusqu’au concert « live » du soir, en prenant le soin de sauter le dîner. Deux guitares, une batterie, une basse, et la soirée défile en toute légèreté. Et tant pis pour les puristes… mais l’interprétation de « Sexy Mother Fucker » de Prince sera un symbole de fusion entre le public et les musiciens.
Il est temps maintenant de rentrer à la toile. De fermer les yeux. Mais de gamberger un peu aussi. Pourquoi tant d’animosité ? Jusqu’où et jusqu’à quand ? Aussi, le matin, en quittant cette propriété de la CCAS, sans faire offense aux réactions légitimes des vacanciers et du personnel, je me dis « qu’avec le temps… » Et là, un autre refrain me revient comme un boomerang que j’ai envie de briser : « Il est où le bonheur, il est oùùùù… »
Alors « je coupe le son ». Et ne le remets pas !
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Bonjour,
Ils sont inquiétants ces commentaires, pour quelqu’un qui a encadré ce Centre l’été dernier.
Que l’on reprenne rapidement nos activités et nos Centres.
Cordialement
Très déçu de ma première expérience dans ce camp. Un point de restauration sans intérêt. Une équipe d’animation qui fait ce qui peut mais malheureusement pas à la hauteur. Dommage car le lieu est très sympa.
En vacances 1ère semaine de juillet aux Mathes, il faut bien se faire rentrer dans la tête que l’on est plus chez nous mais chez les autres.
Qu’on supprime carrément le point restauration serait plus honnête.
Cordialement