Faire la chasse à l’utilisation des jeux vidéo, passe-temps favori des enfants ? Et si on essayait plutôt d’en faire un outil d’apprentissage porteur de valeurs !
La CCAS profite des vacances de printemps pour faire fleurir une nouvelle thématique : les jeux vidéo, oui, mais pas n’importe comment. C’est à Graçay (Cher), dans un ancien moulin rénové rebaptisé « la Maison des énergies », que les enfants ont pu s’adonner à un jeu qui cartonne : Minecraft.
Rester seul derrière son écran à combattre des zombies sans échanger un mot ? Perdu ! Ici, on travaille en équipe pour construire un village écologique autosuffisant. Matteo et Antoine, 11 ans, ont bâti la maison commune. « Au début de la colo, le jeu était en mode “survie”. Nous n’avions pas beaucoup de matériaux, donc on a réfléchi à un bâtiment pour que tout le monde puisse s’abriter ! », expliquent les deux amis. Réfléchir aux énergies et aux cultures, une éolienne plutôt que du charbon, de la paille plutôt que le béton, Minecraft en mode « créatif » se révèle être un vecteur d’apprentissage du respect de l’environnement.
Si ce village reste virtuel, les notions de citoyenneté et de solidarité qui s’en dégagent sont bien réelles pour les enfants : « On construit le village ensemble, si on fait une erreur, on la répare ensemble », poursuit Matteo. Les enfants de la colo de Graçay ont fait leur la devise de Minecraft : « Les seules limites sont celles de vos idées !» Théo, intervenant et passionné lui aussi, qualifie cette première expérience d’« étonnante » : « Ils sont très attentifs et imaginatifs ! C’est un vrai travail d’entraide. »
L’équipe pédagogique a su tirer au maximum profit de l’idée de la création d’une micro-société. Au sein du village, chaque enfant a sa mission, qui se transpose dans la réalité : maire, conseiller municipal, shérif, magicien et même pêcheur de ballons Une belle manière de s’initier à la citoyenneté et la démocratie. « Je suis le maire, je dois protéger les autres et faire des lois qui rendent tout le monde heureux. Ce n’est pas toujours facile », explique en souriant Axel, 10 ans. Avant de venir, si les enfants avaient déjà entendu parler de Minecraft, ils n’avaient pas tous le même niveau mais chacun a pu acquérir de nouvelles connaissances : « J’y joue régulièrement mais je ne savais pas que l’on pouvait faire autant de trucs ! » se réjouit Loris, 9 ans.
Si l’activité dominante du séjour est celle du jeu vidéo, les petits passionnés du centre de Graçay ont aussi décliné leur passe-temps favori dans les activités annexes. Parmi elles, une séance de pixel art ! Comprenez le dessin, la création d’images carré par carré. « J’ai dessiné un de mes personnages préférés, Yoshi, on le trouve dans le jeu Super Mario ! » Proposée par quelques enfants, l’activité a ravi toute la colo, comme en témoigne la ribambelle de personnages pixelisés qui trône dans la salle d’activité.
Conception d’un nouveau monde où la citoyenneté et le respect de l’environnement sont les moteurs de la création, partage des tâches, solidarité, la mauvaise réputation des jeux vidéo semble bien loin. Pari réussi pour cette première de la CCAS !
Des enfants acteurs de leur séjour
Pour Axel Villers, directeur de la colo de Graçay et toute l’équipe pédagogique, il ne s’agit pas seulement de notions abstraites. « Enfant d’agent, j’ai beaucoup fréquenté les centres CCAS depuis tout petit, les valeurs de l’organisme me sont familières. A cela s’ajoutent mes expériences dans l’animation qui m’ont permis d’identifier ce qui était le plus approprié pour les enfants, l’autonomie me semble aussi essentielle que le jeu », explique Axel. Tout au long du séjour l’équipe pédagogique n’a eu de cesse d’accompagner les envies des enfants tout en garantissant leur sécurité. Encourager les jeunes à être acteurs de leur séjour en leur permettant de proposer des activités, sans jamais en imposer, pas d’horaires de lever ni de coucher, la colo n’est ni la maison, ni l’école, c’est un lieu de vacances, une semaine de temps libre animé pour développer le savoir-vivre ensemble, la curiosité et l’autonomie. |