« Nous dessinons les contours de l’économie du futur »

Rob Hopkins / Charles Crié/ccas

Rob Hopkins / Charles Crié/ccas

A dix jours de la COP21 (1), entretien avec Rob Hopkins, auteur de « 21 stories of transition » (2) et co-fondateur du mouvement des villes en transition qui invente à l’échelle locale des modes de vie plus soutenables.

D’où vient le mouvement de la transition ?
Les graines de ce qu’est devenu le mouvement de la transition sont venues d’Irlande il y a bientôt dix ans. Elles ont d’abord germé à Totnes (3), en Angleterre. Il y a maintenant des groupes de transition dans 50 pays. Nous avons créé une sorte de réseau international d’apprentissage.

Quel est le plus grand succès du mouvement ?
Il y a beaucoup de projets qui marchent : les monnaies locales, les systèmes alimentaires locaux, les énergies gérées par les communautés. La principale réussite du mouvement de la transition est d’avoir montré comment on peut changer le monde, comment on aborde le problème du changement climatique et comment on peut travailler en tant que militants. Nous avons besoin de dépasser le stade de la pensée et de créer dès maintenant de nouvelles économies et de nouvelles ressources à l’échelle locale, au lieu de demander au gouvernement de faire ceci ou cela. Autre apport de la transition : elle a montré que le changement dont nous avons besoin est un changement intérieur autant qu’un changement dans notre environnement. Le mouvement de la transition est très ambitieux. Il veut transformer nos lieux de vie, notre manière de nous nourrir, de nous loger, de travailler, de prendre le pouvoir sur nos existences, de gérer nos entreprises.

La COP21 commence dans 10 jours. Avez-vous un message à adresser au gouvernement britannique ?
Notre gouvernement actuel poursuit malheureusement un agenda très austéritaire. Il semble tout faire pour ne pas pérenniser les énergies renouvelables. Pourtant, la transition a montré de manière très forte que si vous donnez aux communautés le pouvoir de développer leurs propres entreprises d’électricité, elles font beaucoup plus que produire de l’électricité. Des centaines et des centaines de groupes de transition dans le monde ont créé leur société de production d’énergie tout en générant dans le même temps des investissements, des formations pour la communauté, tout en s’attaquant aussi à la précarité énergétique, en faisant pousser des fruits et des légumes, en connectant les gens entre eux. Alors nous disons au gouvernement : « vous devez vous associer à tout cela. » Le gouvernement doit reconnaître qu’il n’est pas le seul acteur du changement. Les communautés d’habitants peuvent faire des choses incroyables.

Couverture du livre de Rob Hopkins

Couverture du livre de Rob Hopkins

Dans votre livre, « 21 histoires de transition », vous mettez en lumière des expériences venues de 15 pays différents.
Nous présentons une sélection d’expériences de transition menées dans le monde entier. Ces 21 histoires représentent pas moins de 30 millions de livres d’investissements en énergie renouvelable gérée par la communauté, 15000 heures de volontariat et l’équivalent d’un million de livres de monnaie locale en circulation. Les communautés n’ont pas besoin d’énormes sommes d’argent, mais elles ont besoin d’un cadre favorable pour les soutenir dans leurs actions. Et pour le moment, nous ne l’avons pas.

Quel avenir pour le mouvement de la transition ?
Nous sommes déjà en train de dessiner les contours de l’économie du futur. Les gens sont en train de se rendre compte de ce qu’il est possible de faire à l’échelle locale. Une grande part de ce que la transition a mis en place au cours des dix dernières années est souvent invisible. Les gens s’attendent souvent à voir émerger de grosses entreprises communautaires d’électricité ou de gros projets de logements alternatifs. Ces projets existent mais ils prennent du temps à voir le jour. Dans cinq ou dix ans, il y aura davantage de projets tangibles et j’espère qu’on n’aura plus besoin de les appeler « projets de transition. » Car il ne s’agit plus simplement de changer l’environnement. Nous avons besoin d’un véritablement changement culturel.

(1) Voir notre dossier
(2) Vous pouvez commander ici ce livre en anglais ou en français (à partir de décembre).
(3) Totnes est la première à avoir obtenu le titre de « ville en transition. »

0 Commentaires

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Votre commentaire est soumis à modération. En savoir plus

Qui sommes-nous ?    I    Nous contacter   I   Mentions Légales    I    Cookies    I    Données personnelles    I    CCAS ©2024

Vous connecter avec vos identifiants

Vous avez oublié vos informations ?