C’est à Pleaux dans le Cantal que Slimane Madadi (CMCAS Languedoc) encadre pour cinq semaines estivales comme directeur adjoint. Ce quadragénaire n’a jamais oublié les colos (des mineurs) de son enfance. Des parenthèses merveilleuses qui ont forgé son caractère et ouvert son esprit au monde.
Slimane Madadi, 44 ans, a fait une grande partie de sa carrière dans le secteur privé. Énergéticien en poste de transformation pour le photovoltaïque dans une entreprise sous-traitante d’Enedis, il est démarché par celle-ci puis embauché, en 2012, comme technicien du réseau électrique à Enedis Alès, dans le Gard. En intégrant les IEG, Slimane y décèle immédiatement, et avec ravissement, toute la richesse des Activités Sociales.
« En entrant chez Enedis, j’ai découvert cet outil extraordinaire qu’est la CCAS en matière d’éducation populaire notamment, raconte l’agent. Si l’on pouvait avoir cela partout, la société s’en porterait mieux. » Lui est foncièrement convaincu – et ce depuis l’enfance – des vertus de l’éducation populaire et milite déjà au sein de différentes associations de son quartier pour développer l’émancipation des populations.
Dans les Activités Sociales, Slimane est comme un poisson dans l’eau. Ce père de trois enfants, qui partent en colo CCAS, trouve dès lors naturel de convoyer les petits de ses collègues. Puis il devient correspondant de la SLVie d’Alès pour « faire évoluer les AS comme on peut ». On le sollicite ensuite pour encadrer des centres de vacances. « J’ai suivi la formation Prenez le relais de directeur de centre. Un stage extraordinaire, très intéressant, affirme-t-il. Encadrer est un investissement familial qui ne peut s’envisager que si l’expérience est partagée. » Sa femme, qui a arrêté de travailler après la naissance de leur troisième enfant, le soutient pleinement.
Un fervent partisan de l’éducation populaire
Slimane prend ses premières fonctions d’adjoint au directeur en 2015 au Cap d’Agde. L’agent est très impliqué dans le rapprochement des peuples et des cultures. Au Cap d’Agde, il invite l’association de femmes de son quartier Main dans la main. Une belle rencontre et des échanges fructueux naissent entre les membres de l’association et les vacanciers. Son engagement n’est pas cloisonné et Slimane s’attache à lier le tout : « Les femmes de mon quartier ont découvert nos Activités Sociales et les vacanciers, les prérogatives de l’association. »
Lever les a priori, favoriser l’envie de connaître l’autre, faire en sorte que les gens vivent des choses ensemble et s’apprivoisent, une évidence pour lui. « On ne transformera pas la société si l’on fait de l’entre-soi », soutient-il. S’il cultive ce besoin de rapprocher les gens, c’est que Slimane connaît parfaitement l’incompréhension et l’injustice du rejet.
« Ces colos ont été une chance pour nous »
Ce fils d’immigrés algériens arrivés en France dans les années 1970 a profité durant toute son enfance des « vacances populaires » octroyées par le comité d’entreprise des Charbonnages de France où son père était mineur. Un véritable enchantement. Slimane en gardera un merveilleux souvenir et une profonde reconnaissance. « Ces colos ont été une chance pour nous. C’était le seul endroit où l’on n’était pas traités comme des immigrés. Elles nous ont aidés à nous intégrer dans un pays que l’on ne connaissait pas », souligne-t-il.
Outre la possibilité de pratiquer des tas d’activités sportives et culturelles, la colo a également été la source de son émancipation, de son éveil au monde, de son ouverture d’esprit grâce notamment à l’éducation populaire qui y est développée. « On grandit en partageant nos différences », martèle l’agent.
Ces moments précieux l’ont profondément transformé, l’ont fait grandir et envisager l’avenir autrement. Jeune adulte, Slimane passera son Bafa pour offrir à d’autres enfants ce dont il a bénéficié. « Tout ce qu’on nous donne n’a de valeur que si on le partage », martèle-t-il, convaincu que « l’évolution de la société passe par une meilleure éducation. Mais surtout avec l’éducation populaire qui reste la seule alternative au modèle éducatif dominant ».
À Pleaux, cet été, Slimane Madadi, directeur adjoint, a pour mission le bien-être moral et physique des vacanciers. Lui s’est mis en tête de les faire philosopher. Et ses cafés philo hebdomadaires font le plein. Encore et toujours l’éducation populaire…
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