Jeudi 13 août dernier, le terrain de sport du village vacances de Pleaux (Cantal) a été foulé par les six curieux personnages de la troupe les Animaux de la Compagnie, venus présenter leur pièce, « Élevage ». Entre querelles familiales, environnement et effondrement, vous reprendrez bien un peu de justice sociale ?
Ici pas d’ouvreuse ni d’entracte, le sol du plancher des vaches offre la meilleure immersion possible. Les joyeux lurons auvergnats des Animaux de la Compagnie s’en sont donné à cœur joie et à gorge déployée pour contenter le public nombreux (mais pas trop, sécurité sanitaire oblige) des vacanciers de Pleaux.
Uniquement des vacanciers ? Que nenni ! C’est tout l’objet du festival Champ libre, qui essaime la création contemporaine de rue dans tout le Cantal au mois d’août, que de réunir tous les publics. Soutenu par l’Éclat (Centre national des arts de la rue et de l’espace public d’Aurillac) et la CCAS, Champ libre proposait donc, le 13 août, le spectacle « Élevage » aux bénéficiaires comme au tout-venant.
L’événement n’est d’ailleurs pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Malgré la distanciation physique, amatrices et amateurs de théâtre ou simples curieux ont fait du terrain de sport une salle comble… un comble ! Même une bande de Salers avait fait le déplacement.
Correctement installé sur de petits carrés de moquette positionnés de manière éparse devant la scène sans planches, le spectacle file sans encombre pendant près d’une heure trente.
Le pitch ? Un fermier et sa femme discutent progéniture tout en ramenant le bétail. Un bétail nommé public, nous donc. Il fallait oser ! Prises de position, revendications, la femme dit non ; pas besoin, pas envie de bambin. Non, toujours non.
La scène suivante nous apprend l’incendie du domaine, leur faisant perdre animaux, argent, maison, rêves et espoirs. Frappe à la porte, ou du moins ce qu’il en reste, l’homme fort et providentiel. Le frère du fermier, un présentateur vedette des médias.
D’un drame personnel, les Animaux de la Compagnie nous entraînent avec brio dans une satire sociétale exposée par un conflit fraternel brutal et affreusement touchant. La main tendue maladroitement de l’un ne trouve pas preneur auprès de l’écorché vif et abandonné par tous.
C’est brut, c’est astringent, c’est violent à l’instar de la scène qui s’écroule. C’est la fin. Pour nous offrir quelques respirations, trois musiciens masqués en cerf, sanglier et renard nous proposent des interludes comiques et musicaux, histoire de faire passer la pilule.
De l’effondrement personnel à celui d’un système, quand la petite histoire en fait la grande, c’est un coup d’éclat sauvage qu' »Élevage » !
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