Un an après le lancement de leurs marques de thé et d’infusion, les ex-salariés de Fralib, licenciés en 2011 par Unilever, croient plus que jamais en leur aventure coopérative. Reportage à Gémenos, près de Marseille.
Il y a tout juste deux ans, le 26 mai 2014, les ex-salariés de l’usine de thé et d’infusion Fralib – située à Gémenos –, licenciés trois ans auparavant par le géant de l’agroalimentaire Unilever, signaient un protocole de fin de conflit avec la multinationale anglo-néerlandaise à l’issue d’un bras de fer de 1336 jours. La voie était libre pour le déploiement d’un tout nouveau projet, loin des pratiques managériales et environnementales d’Unilever. Exit Lipton et ses arômes artificiels, place à Scop TI (Société coopérative ouvrière provençale de thés et infusions), à ses tilleuls de la Drôme et à ses arômes naturels. Lancées le 26 mai 2015, les marques 1336 et Scop TI, destinées respectivement à la grande distribution et aux circuits bio, trouvent peu à peu leur place sur les linéaires (voir l’interview de Gérard Cazorla, président du conseil d’administration). Si les défis à relever ne manquent pas, la vie dans l’entreprise n’a plus rien à voir avec celle qui prévalait du temps d’Unilever. Polyvalence, participation, responsabilité et fierté sont les maîtres mots de la Scop et de ses trente-trois salariés-coopérateurs.
En récupérant l’outil de production pour un euro symbolique, les Fralibs ont gagné une bataille décisive face à leur ancien employeur. 12000 mètres carrés de locaux pour réceptionner les matières premières, les transformer et stocker les boîtes de thé. Dans ces grands sacs blancs, des tonnes de feuilles et de fleurs séchées (tilleul, verveine, camomille, menthe, lavande), en partie cultivées en France. L’approvisionnement en circuits courts est l’un des principaux chevaux de bataille de la coopérative provençale.
Outre ses deux marques propres, Scop TI conditionne du thé pour des marques distributeurs comme Leclerc et Super U. Cette nouvelle ligne de production qui sort 350 sachets à la minute a été mise en place avec le concours de l’ensemble du personnel. « Tous impliqués et polyvalents », c’est la nouvelle devise de la maison. Le directeur est d’ailleurs un ancien mécanicien… Ce qui n’empêche pas, comme dans toute entreprise, qu’il y ait parfois des tensions et des désaccords.
Arrivé à Fralib en 1998, Frédéric Garabedian est opérateur polyvalent. Il s’occupe ici de l’entretien d’une machine C2000. Pour lui, Fralib et Scop TI sont deux univers totalement différents. « On n’a plus la pression. Il n’y a plus de staff technique en charge de la maintenance autour de nous. »
« 1336 » pour 1336 jours de lutte contre Unilever et pour leur emploi. C’est la marque phare de Scop TI. Présente dans de nombreux magasins Carrefour et Franprix, elle est désormais disponible dans tout le réseau Auchan de l’Hexagone.
C’est parti pour les infusions bio de la marque Scop TI ! Issues de plantes cultivées en France, elles commencent tout juste à sortir des lignes de production et seront bientôt commercialisées dans le réseau bio.
Xavier Imbernon, assistant qualité et ancien technicien sur machine, échange quelques mots avec Dominique Basset, l’un des piliers du combat des Fralibs. « Le travail au labo, c’est nouveau pour moi, glisse Xavier. Ici, on contrôle tout : la qualité et la conformité des produits, les normes, la réglementation, les étiquettes… »
Assistante laboratoire, Marie Sasso est entrée en 1974 comme manutentionnaire dans ce qui s’appelait alors Le Thé de l’éléphant. Si les Scop TI n’ont pas pu récupérer la marque (toujours propriété d’Unilever), ils ont renoué avec la qualité des thés et infusions d’antan. Avec ses deux collègues, Marie contrôle les matières premières et les emballages, de la réception à la distribution. « On contrôle tout ce qui entre et tout ce qui sort. On vérifie que le produit n’est ni trop fin ni trop gros, on vérifie la densité du produit et son humidité. Et on fait des dégustations. Beaucoup de dégustations ! » A Scop TI, la notion de chef et de hiérarchie est toute relative, estime Marie. « C’est des collègues. On est une famille. »
Voilà un geste que Nadine Fiquet, la responsable du laboratoire, connaît bien, après quarante ans de maison. Goûter les thés et infusions, une opération essentielle pour s’assurer de la qualité du produit. Nadine est loin d’être en terre inconnue : c’est elle qui a concocté les dernières recettes.
Fini la spécialisation, l’heure est à la coopération ! Tout le monde est concerné par ce qui se passe sur la chaîne de production. Ici, Olivier Leberquier, le directeur général délégué, inspecte les nouvelles boîtes Scop TI bio, sous les yeux de Nadine Fiquet, la responsable du laboratoire.
Avec la multiplication des commandes, Yves Flohic et son équipe logistique, planning et achat ne chôment pas. Ce qui a changé depuis le démarrage de Scop TI ? « On est libres de tous nos choix. On peut choisir nos fournisseurs, nos transporteurs et on gère la marque de A à Z. Avec Unilever, ce n’était pas du tout le cas. Aujourd’hui, on peut aussi s’impliquer dans la vie de l’entreprise, comprendre comment ça fonctionne. Les choix importants sont validés en assemblée générale. Il y a plus d’horizontalité et plus de responsabilité. » Les journées d’Yves sont souvent longues : de 7h20 le matin jusqu’à 17 ou 18 heures, parfois plus. « Il y a du stress, mais c’est du bon stress. Si on s’est battus, ce n’est pas pour se tourner les pouces. On est contents de venir travailler dans notre Scop et de voir que ça prend une bonne tournure. »
➥ A lire aussi : « On veut simplement vivre de notre travail », entretien avec Gérard Cazorla, président du conseil d’administration de Scop TI. |
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