Après deux années de restrictions sanitaires, les Rencontres internationales du moyen-métrage, créées en 2004, ont redonné des couleurs à une approche du cinéma qui fait la part belle à l’éducation populaire et à la curiosité du public.
Que faire quand on est à Brive un 6 avril et que Météo France annonce trois jours de pluie ? Courir aux Rencontres internationales du moyen-métrage, évidemment ! Au fil des années, ce festival atypique s’est imposé dans le paysage cinématographique français par la qualité et l’originalité de ses propositions. Au Rex, monument vivant de l’éducation populaire, on vient regarder des films qu’on a peu de chances de voir ailleurs.
Originaux par leur format (de trente à soixante minutes), ils le sont aussi et surtout par la liberté de leur contenu et de leur scénario. Sans parler de la diversité des productions. Japon, Corée, États-Unis, Chili, Brésil, France, Lituanie, Danemark, Grèce… La sélection officielle est un vrai tour du monde !
Un espace à taille humaine où se côtoient amateurs et professionnels
« C’est un moment que j’attends chaque année. J’ai été privée de culture pendant tellement longtemps », confie Monique Léger, une retraitée. Elle a en effet vécu à la campagne, entre l’Aveyron et le Cantal, quand son mari travaillait dans l’hydraulique. Depuis qu’ils se sont installés à Brive, elle fait chaque printemps une bonne cure de cinéma.
« Je ne suis pas experte, précise-t-elle. J’aime discuter avec des gens qui ont un œil plus critique que moi. » C’est en partie grâce à elle que la CMCAS Tulle-Aurillac a pu créer l’an dernier un jury de bénéficiaires au sein des Rencontres internationales. Bref, Monique est un peu chez elle ici, dans cet espace à taille humaine où se côtoient amateurs et professionnels.
Le hall d’entrée du Rex est une petite agora où l’on vient discuter, boire un verre ou un café entre deux séances. Tandis que les nuages s’écartent pour laisser filtrer quelques timides rayons de soleil, Daniel Dexet, retraité d’EDF, lui aussi amoureux du festival, discute avec Stéphane Goudet, directeur artistique du cinéma municipal Le Méliès de Montreuil (Seine-Saint-Denis). À côté d’eux, Christophe Goursau, chargé d’affaires au centre d’ingénierie hydraulique d’EDF à Brive et récemment élu administrateur de la CMCAS, échange avec Maguy Cisterne-Venries.
La cofondatrice et secrétaire générale des Rencontres internationales est ravie du succès de cette 19e édition, qui aura accueilli « plus de 8 000 personnes » après deux années marquées par les restrictions sanitaires. « Les gens viennent ici voir des œuvres singulières, des choses qu’ils ne voient pas ailleurs, ni à la télé ni au cinéma, où les longs-métrages sont beaucoup plus formatés. » Maguy Cisterne-Venries a de bonnes raisons d’avoir le sourire : lors de la cérémonie de clôture, le festival a reçu une pluie d’éloges. « C’est quand même un festival incroyable », lâche Stéphane Goudet, venu en Corrèze en tant que membre du jury « Label jeune création ». Sur la scène du Rex, le directeur du Méliès évoque les « moments magiques » passés avec des lycéens autour de films de Buster Keaton.
« Une sélection ambitieuse mais qui n’est pas réservée à une élite cinéphile »
Les Rencontres de Brive développent depuis 2004 une approche du cinéma axée sur l’éducation populaire. « Les films que nous montrons sont issus d’une sélection assez pointue et ambitieuse mais qui n’est pas réservée à une élite cinéphile, reprend la secrétaire générale. Ici, nous faisons de l’éducation à la citoyenneté. Autour des séances, il y a toujours des gens – le réalisateur ou la réalisatrice, un membre du comité de sélection ou un membre de l’équipe du festival – qui sont là pour éclairer, expliquer, aider les spectateurs à porter un autre regard sur le cinéma. »
La formule séduit Monique car elle permet d’ »aller plus loin dans le film, de mieux comprendre les choix faits au montage, de connaître les techniques cinématographiques utilisées. Toutes ces choses que le néophyte ne perçoit pas ».
Élu président de la CMCAS Tulle-Aurillac il y a un an, Arnaud Veber commence lui aussi à prendre goût à ce festival. Il a découvert le moyen-métrage grâce à son nouveau mandat et « grâce au fait que la CMCAS est partenaire ». « Si l’on veut accéder à la culture dans sa diversité, il faut développer sa curiosité », estime-t-il non sans autocritique.
Arnaud Veber, président de la CMCAS Tulle-Aurillac (à g.), a assisté avec fierté à la remise du Prix des Activités Sociales (à dr.), en présence du jury et du délégué général du festival, Giulio Casadei ©Charles Crié/CCAS
Le jeune président n’a pas pu se libérer en journée pour regarder les films de la sélection officielle. Mais il a assisté avec un brin de fierté à la cérémonie de clôture, pendant laquelle le jury des Activités Sociales a récompensé le talentueux Sébastien Betbeder, auteur de « Planète triste ». Ce moyen-métrage plein d’humour et d’humanité sera projeté l’an prochain dans plusieurs villages vacances. Une place au soleil dans un palmarès riche de quelques pépites
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