À partir d’échanges sur le travail avec près de 500 jeunes des Hauts-de-France, Thierry Duirat du collectif Étymologie poétique et Jean-Marc Flahaut sont montés sur scène le 4 mars dernier à la Maison du développement économique de Saint-Omer. Un projet de l’association Travail et Culture, partenaire des Activités sociales de l’énergie.
Ils sont collégiens, lycéens, apprentis, demandeurs d’emploi. En tout, 491 jeunes âgés de 13 à 30 ans ont participé au projet « Premiers pas, des mots aux gestes de travail », mené par l’association Travail et Culture et le collectif Étymologie poétique sous forme d’ateliers d’écriture.
« Notre but : restituer une parole qui n’est pas la nôtre tout en la rendant audible », explique l’auteur Jean-Marc Flahaut, qui s’essaie sur scène à la lecture de fragments de textes issus des échanges menés avec les jeunes. Le metteur en scène, Thierry Duirat, s’amuse quant à lui à faire des jeux sur la langue. Dans le même temps, un livre rassemblant des témoignages est paru aux éditions les Venterniers, co-édité par Travail et culture.
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S’il est une chose que les deux artistes tiennent à souligner, c’est que le spectacle se transforme au gré des territoires, « soit par la thématique, soit par la géographie, sans toutefois changer fondamentalement de structure ». Cette représentation, d’une durée d’une heure environ, mêle plusieurs formes : de la danse, du théâtre, de la lecture et du jeu.
« Pour la suite, nous aimerions inclure plus de salariés. Nous sommes en relation avec ceux de la SNCF, via leur comité d’entreprise. Faire participer des agents EDF est une piste qui reste ouverte », confie Nicolas Naudé, directeur de l’association Travail et Culture. À l’initiative de ce projet lancé en 2016, cette association culturelle d’éducation populaire basée à Roubaix, partenaire des Activités sociales de l’énergie, élabore notamment des projets artistiques, culturels et scientifiques dans la région Hauts-de-France.
« Notre société est en crise de parole »
Pour préparer le spectacle, Thierry Duirat et Jean-Marc Flahaut se sont appuyés sur leurs rencontres avec les jeunes d’un collège, de deux centres sociaux et d’un centre d’apprentissage. « Bien souvent, lorsque l’on est en difficulté, on reste dans son coin. Mais on s’aperçoit que le fait de parler est la solution à toutes les problématiques liées au travail », constate Jean-Marc Flahaut.
« Notre société est en crise de la parole », ajoute Thierry Duirat qui tente d’y remédier pendant toute la durée de la représentation en définissant par exemple le sens du verbe « travailler » au fil des siècles. On apprend ainsi que le terme signifiait « faire souffrir physiquement ou moralement » au XIIe siècle et qu’il a pris le sens de « faire de grands efforts » au XIXe siècle.
Parmi les spectateurs ce lundi 4 mars, Valentin Decobert, un élève du lycée de Saint-Omer, qui a participé aux ateliers d’écriture l’an dernier. Ce jeune de 18 ans envisage de poursuivre ses études post-bac dans la maintenance. « Ils ont retranscrit mes paroles comme je les avais écrites, se réjouit-il. Finalement, ils arrivent à rendre le mot « travail » sympa. »
Car oui, pour les deux artistes sur scène, il est important de respecter les mots des auteurs. « Chaque fois, on leur demande s’ils ne se sentent pas trahis par ce que l’on dit. Il est important pour nous qu’ils valident ce que l’on produit. »
Les projets du duo ? Au-delà de la poursuite des ateliers, faire voyager le spectacle, encore et encore.
Site Internet du collectif : etymologie-poetique.fr
Site Internet de Travail et Culture : www.travailetculture.org
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