En organisant la liquidation du régime spécial de retraite des Industries électriques et gazières (IEG), le gouvernement veut en finir avec l’une des plus grandes conquêtes sociales de notre histoire. Une conquête dont l’origine date d’il y a soixante ans. Et qui a bénéficié à tous les Français.
Au nom de « l’équité » entre tous les Français, le gouvernement veut mettre fin aux régimes spéciaux. Supprimer les acquis des uns ferait donc le bonheur des autres… La logique de nos responsables politiques actuels ferait sans doute bondir de colère les artisans du régime de retraite des IEG.
Ces syndicalistes, électriciens et gaziers, ont permis, en un siècle de luttes, la construction d’un système de protection sociale de très haut niveau, bénéficiant aux agents de toutes les entreprises de la branche. Un régime qui a ouvert la voie, avec les autres régimes spéciaux, à une généralisation de la retraite à l’ensemble des Français.
1858 : la Compagnie parisienne du gaz part en éclaireur
L’aventure des retraites dans les IEG est une longue et étonnante histoire. Il faut revenir cent soixante ans en arrière pour en trouver les racines, comme le racontent Alain Beltran, directeur de recherche au CNRS, et Jean-Pierre Williot, professeur à l’université de Tours dans « Les retraites des Industries électriques et gazières. Éléments historiques » (2007).
Dès 1858, expliquent-ils, une caisse de secours et de prévoyance est mise en place à la Compagnie parisienne du gaz. « Elle assurait la gratuité des soins médicaux et la moitié de son salaire à l’employé ou à l’ouvrier malade. » En outre, la caisse pourvoyait aux frais funéraires et versait une indemnité aux orphelins et aux veuves. L’année suivante, une caisse de retraite est créée au sein de l’entreprise. Progressivement, les autres compagnies gazières de l’Hexagone s’alignent sur ce modèle.
1928 : création d’un régime de retraite obligatoire dans les IEG
Jusqu’au début du XXe siècle, les caisses de retraite sont essentiellement instituées à l’initiative des employeurs. Cette pratique paternaliste « n’était pas philanthropique », soulignent Alain Beltran et Jean-Pierre Williot. En permettant aux salariés de partir tout en conservant un revenu, il s’agissait de « remplacer les vieux ouvriers usés par des ouvriers actifs ».
Mais à partir des années 1920, c’est la revendication syndicale qui va permettre la plupart des avancées en matière de retraite. La Fédération CGT de l’éclairage des forces motrices « oriente ses luttes en faveur d’un statut du personnel unique et d’une harmonisation des régimes de retraite pour l’ensemble des entreprises électriques et gazières », notent les deux chercheurs. Ces luttes vont aboutir au vote de la loi du 28 juillet 1928 qui crée un régime de retraite obligatoire dans les IEG.
1938 : loi instituant une caisse nationale de retraite des IEG
« Dans les années 1930, les syndicats de l’éclairage revendiquent un régime de retraite particulier pour tenir compte du caractère spécifique de l’énergie électrique et gazière », rapporte François Duteil, président de l’Institut d’histoire sociale Mines-Énergie (IHSME) de la CGT. L’État va reconnaître que les salariés de l’électricité et du gaz exercent des métiers vitaux pour la nation. « Mais le débat à ce moment-là, c’est « qui va payer » ? » insiste l’ancien secrétaire général de la FNME-CGT. « Pour les syndicats de l’époque, c’était à l’entreprise de prendre totalement en charge les cotisations du régime de retraite. »
En 1937, avec le Front populaire, les syndicats de L’Énergie industrielle, l’un des principaux groupes énergétiques privés, obtiennent « un statut social avancé et la gestion paritaire de leur régime de retraite », poursuit François Duteil. Le 17 juin 1938, un décret de loi relatif au développement des industries électriques prévoit la mise en place d’une caisse nationale de retraite. Celle-ci sera effective le 4 décembre 1941.
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22 juin 1946 : loi créant le statut national du personnel des IEG
Sous l’impulsion de Marcel Paul, ministre de la Production industrielle, le statut national du personnel des IEG, issu de près d’un siècle de luttes sociales, est gravé dans la loi le 22 juin 1946, deux mois après la nationalisation de l’électricité et du gaz.
« L’élément fondamental dans ce décret, c’est que la retraite est considérée comme une rémunération d’activité », estime François Duteil. « La création de richesses par les électriciens et gaziers doit non seulement leur bénéficier lorsqu’ils sont actifs mais aussi lorsqu’ils sont inactifs. » En somme, « on a pris le meilleur du statut de chaque entreprise et on l’a mis dans le statut national », conclut-il.
« M. Marcel Paul nous ruine ! », écrit pourtant le journal « l’Époque » huit jours après la publication du décret. « [Il] vient de créer une catégorie privilégiée de travailleurs et de menacer de ruine tout le secteur privé. » Mais pour les chercheurs Alain Beltran et Jean-Pierre Williot, la réalité est tout autre : « Les régimes de retraite créés dans les Industries électriques et gazières, par l’aspect novateur qu’ils comportaient, ont contribué, avec d’autres régimes spéciaux, à tracer la voie d’une généralisation de la retraite » pour l’ensemble des Français.
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Les séniors vont mourir au travail et les chômeurs le resteront. Certains se gavent et les autres s’appauvrissent. Y en a marre de ces individus qui nous prennent pour des imbéciles. Les réformes successives nous ont déjà fait perdre beaucoup. Faut pas lâcher et les faire cracher ce qu’ils nous doivent…
La retraite est la récompense de la participation à l’évolution de la société . Que ces ahuris du gouvernement commencent à se regarder dans un miroir et d’accepter de vivre comme de simples citoyens(à l’exemple de certains pays de l’Europe du Nord) et de supprimer leurs privilèges. J’ai éduquer mes enfants avec cette simple vérité : ne fait pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’on te fasse
Il faut mettre en place des actions fortes pour que le gouvernement se rend compte de l’importance des énergies électrique et gazière au sein de la république et que les salariés soumis aux risques et intempéries méritent un statut particulier.
Le régime spécial est déjà l’acteolitique de la destruction du statut. Il n’ avait pas de retraitésmais des agents les uns en service les autres en inactivité de service. Le premier en 1946, le deuxième en 2003. ..
L’heure est grave ! faut tenir bon
U n grand merci à la CGT, sans laquelle nous serions pliés sous le joug du patronat et de la finance
Même si c’est difficile, il faudrait que nos représentants nationaux s’imposent davantage dans les médias.
Le front syndical du 17 décembre est une aubaine.
Je frôle les 90 ans. Je suis dans toutes les manifs.
Courage à vous,
Amitiés.
Pourquoi cet article interne ne circule pas dans la presse. Je n’ai pas vu beaucoup de réactions de chez nous pour y défendre nos acquis et faire cette mise au point. On nous donne parfois l’impression d’être des profiteurs, comme on en voit beaucoup ces temps-ci et c’est très désagréable. C’est comme cette image des 3 électriciens en bas du pylône dont on nous rabat encore les oreilles aujourd’hui. Je gage que les sinistrés du sud-ouest rêveraient de les voir en bas de leur pylône. Mais ceci est une autre histoire. Confraternellement.
On ne parle pas trop des actions de Edf ou Engie.La grève est elle suivie?.Rien aux infos juste la sncf.Il faudrait se réveiller je pense par des moyens que nous connaissons par exemple coupure et passage en HC les clients.Coupure chez nos ministres aussi ce serait bien .Je manifeste depuis un moment dans le Sud mais je ne vois pas beaucoup de gens de Edf .Il n’y a pas que Paris ou l’on manifeste.
Cordialement
y a il un regime special pour les hauts fonctionnaires,lesmagistrats;les deputés,les senateurs,les maires,etc etc????????? qui en parle?????
le roi macron et sa cour de bouffons sont déconnecté de la réalité
tous avec leur fortune de plus d un million d euros ne sont que pour les riches et le profit
malheureusement une partie des jeunes qui n ont jamais lutter ne comprenne pas qu il vont subir les csq nefastes de ces mesures
Marcel Paul doit se retourner dans sa tombe et mon mari aussi.😢😢
ils feraient mieux de balayer devant leur porte tous ces très gros privilégies du gouvernement ,une seule question :pourquoi se battent-ils autant pour avoir une place ? la réponse vous l’avez ,très grosse pension même avec seulement quelques années de « présence » vous avez bien lu :présence et non travail
Le but de m. Macron est de détricoter tous les acquis sociaux résistons!
La reforme n est pas encore acquise au pouvoir en place les gaziers et electriciens sauront faire honneur a marcel paul
Vouloir uniformiser les régimes de retraite, c’est vouloir les niveler par le bas ; le progrès social ne naît jamais de l’uniformisation, il a au contraire besoin d’émulation, d’imagination créative, d’expériences nouvelles ; les régimes « spéciaux » de retraite ont une histoire, un contexte historique qui ne peut et ne doit pas être ignoré. Refuser d’entendre les spécificités de chaque métier , de chaque branche professionnelle, c’est en fait tourner le dos au progrès social.
Je crois comme Martin Nadaud que « tout ce qui donne de la valeur à l’homme en donne au pays ».