Romane Boulard, handi-athlète et fille d’agent : « À Charléty, j’étais avec les meilleures mondiales ! »

Romane Boulard, handi-athlète et fille d'agent, prépare les Jeux paralympiques de Paris, qui auront lieudu 28 août au 8 septembre 2024.

Romane Boulard, handi-athlète et fille d’agent, prépare les Jeux paralympiques de Paris, qui auront lieu du 28 août au 8 septembre 2024. ©Florent Pervillé

Fille d’un technicien Enedis, Romane Boulard, clermontoise de 22 ans au caractère bien trempé, projette de participer aux Jeux paralympiques de Paris, en septembre 2024. Depuis son enfance, elle collectionne petites et grandes victoires, sur elle-même comme sur la piste.

Le stade de la Gauthière est calme ce mercredi 9 août. C’est la trêve estivale pour les sportifs de l’ASM Omnisport Clermont Auvergne. Assise sur un banc à côté de son petit frère, Romane Boulard tourne les pages d’un grand album photo consacré à ses premiers exploits. La jeune athlète voit défiler devant ses yeux les souvenirs de ses aventures sportives : championnats de France, meetings, compétitions à l’étranger…

Atteinte d’un déficit de motricité et souffrant de difficultés de concentration, Romane possède déjà à 22 ans un joli palmarès. Plusieurs fois championne de France handisport (saut en longueur, 100 mètres, 200 mètres, lancer de poids), elle sillonne l’Hexagone depuis 2016, participe à des compétitions internationales. Et côtoie ses idoles, parmi lesquelles Marie-Amélie Le Fur, agente EDF présidente du Comité paralympique et sportif français, neuf fois médaillée aux Jeux paralympiques.

Le 13 juillet dernier, Romane a réalisé un rêve : participer aux Championnats du monde de para-athlétisme organisés au stade Charléty, à Paris. Un mois plus tard, la championne est encore sur un petit nuage : « À Charléty, j’étais avec les meilleures mondiales ! Mon entraîneur est même venu me coacher ! », s’exclame-t-elle, partagée entre fierté et incrédulité.

Une « tête de mule » qui ne lâche jamais

À seulement 22 ans, Romane Boulard (au centre) est déjà plusieurs fois championne de France. Ici avec deux camarades d'entraînement de l'ASM handisport.

À seulement 22 ans, Romane Boulard (au centre) est déjà plusieurs fois championne de France. Ici avec deux camarades d’entraînement de l’ASM handisport Clermont Auvergne. ©DFR

Au premier contact, Romane surprend par sa détermination : son rire franc en cascade, son enthousiasme débordant, sa manière bien à elle de répondre du tac au tac aux questions qu’on lui pose, avec une économie de mots, tout laisse deviner qu’elle est une jeune femme extrêmement combative. « Têtue, ajoute son père, Pascal Boulard, technicien Enedis à Issoire (Puy-de-Dôme). C’est une tête de mule, elle n’écoute rien ! », soupire-t-il, en riant. L’intéressée ne dément pas : « C’est vrai, des fois je n’écoute pas, j’ai mauvais caractère. » Ce tempérament est aussi un atout, tempère Pascal : « Quand elle veut quelque chose, elle ne lâche jamais. »

Les parents de Romane ont vraiment pris conscience des difficultés de leur fille lorsque celle-ci est arrivée à la maternelle. « Elle avait un retard de la parole. Elle n’arrivait pas à suivre, à se concentrer. Elle ne pouvait pas faire une activité pendant plus de cinq minutes », se souvient son père. Diagnostic : « Retard global du développement. » Un trouble très large qui inclut différents handicaps, notamment « de la dysphasie, de la dyspraxie et de la dyslexie ».

Romane a quitté le milieu scolaire ordinaire et intégré dès le CP une classe d’inclusion scolaire (Clis, désormais unités d’inclusion scolaire, ou Ulis). Premier déclic. « [En Clis], j’ai trouvé ma place rapidement, je me suis vite fait des amis, raconte la jeune femme. Au collège, j’avais de bonnes notes en maths, en arts plastiques… et en sport. » Elle avait 14 ans à peine lorsqu’elle a rencontré Marion, une éducatrice, qui lui a parlé du handisport. Deuxième déclic.

Le groupe de l’ASM handisport, une deuxième famille

Romane a trouvé à la section athlétisme de l’ASM Handisport un milieu fertile pour s’épanouir et oublier son handicap. Ils sont une vingtaine de jeunes à se rassembler les lundis (pour la préparation physique) et vendredis au stade de la Gauthière. « On a tous des handicaps différents. Ça se passe super bien entre nous, on s’encourage, on se soutient. Ici, c’est ma deuxième famille », lâche la jeune athlète. « Il n’y a qu’ici qu’elle est détendue, observe son père. Elle est dans son élément. »

Le sport n’a pas effacé les problèmes de Romane, ses difficultés de concentration et de compréhension, ses angoisses, son agoraphobie. Mais la jeune femme, compétitrice née, s’accroche. Aux championnats du monde, en juillet dernier, Julien Lemardelé, son entraîneur, a été bluffé par l’aisance de sa protégée. Interviewée par la chaîne L’Équipe 21, Romane est parvenue à ravaler sa déception (septième au concours de saut en longueur dans sa catégorie) pour se projeter vers les Jeux paralympiques de Paris, qui auront lieu du 28 août au 8 septembre 2024. Un nouveau rêve pour la spécialiste du saut en longueur.

Finale saut en longueur T38, Championnats du monde de para-athlétisme, 13 juillet 2023. Source : Vidéos officielles HANDISPORT.

Romane veut avant tout continuer à progresser : battre ses records (4,24 m à la longueur), mais aussi mieux gérer ses émotions. Elle profite du mois d’août pour retourner « dans [sa] bulle », comme elle le dit souvent : jouer à Candy Crush, écouter Mika, regarder des séries… Ses deux feuilletons du moment ? « Demain nous appartient » et « Ici tout commence ». Tout un programme.

Tags:
0 Commentaires

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Votre commentaire est soumis à modération. En savoir plus

Qui sommes-nous ?    I    Nous contacter   I   Mentions Légales    I    Cookies    I    Données personnelles    I    CCAS ©2024

Vous connecter avec vos identifiants

Vous avez oublié vos informations ?