La rédaction du Journal des Activités Sociales de l’énergie a sélectionné pour vous le meilleur du cinéma chinois actuellement proposé par la médiathèque numérique.
Le nouvel an lunaire, appelé par facilité « nouvel an chinois » (alors qu’il est célébré dans de nombreux pays d’Asie), nous invite chaque année à savourer quelques nems ou bouchées aux crevettes en attendant les festivités clôturées par la célèbre danse du lion. Mais c’est aussi l’occasion de (re)découvrir quelques chefs-d’œuvre du cinéma asiatique d’aujourd’hui. Entre tradition revisitée, arts martiaux et chroniques de la société chinoise du XXIe siècle, chacun peut y trouver son bonheur. Petit aperçu des « fortune cookies » (biscuits chinois contenant de petits messages prophétiques) du 7e art à déguster ce mois-ci sur la médiathèque.
1. L’empereur, l’amant et l’assassin
The Assassin, de Hou Hsiao-Hsien, 2015, 1 h 45, 16 jetons.
Chine, IXe siècle. Sous ses airs de jeune fille sage en tenue traditionnelle, Nie Yinniang cache des talents redoutables : élevée par une nonne qui l’a initiée en secret aux arts martiaux, elle revient dans sa famille après de longues années d’absence. Avec une mission : éliminer Tian Ji’an, le gouverneur de la province de Weibo, mais aussi son ancien fiancé, qui défie ouvertement l’empereur. Et un cruel dilemme : sacrifier l’homme qu’elle aime, ou quitter à jamais l’ordre des Assassins. À ses risques et périls.
Hou Hsiao-Hsien, que l’on pensait davantage porté sur l’autobiographie ou l’exploration de la Chine contemporaine, revisite ici avec maestria le « wu xia pian » que l’on peut traduire par « film de sabre », alternant les scènes feutrées dans les alcôves rouge et or des palais, les combats virevoltants d’une héroïne en apesanteur, et les séquences contemplatives dans un décor irréel. Prix de la mise en scène à Cannes, voici une œuvre d’une beauté rare, magistrale.
2. Chine 2025 : entre fortune et illusions perdues
Au-delà des montagnes, de Jia Zhang-ke, 2015, 2 h 5, 16 jetons.
« Au-delà des montagnes » s’ouvre sur des scènes de liesse : des étudiants fêtent le passage du nouveau millénaire au son du tube occidental des Pet Shop Boys « Go West ». Deux d’entre eux, Zhang et Liangzi, issus de milieux sociaux différents, se disputent les faveurs de Tao, leur amie d’enfance. Tous rêvent d’un ailleurs, qu’il soit géographique, social ou sentimental. C’est Zhang qui, au volant de sa décapotable rouge, l’emportera face à Liangzi, devenu mineur. À travers trois décennies, l’on suit le destin de ces trois personnages, malmenés par les soubresauts de la vie, qui conduira l’un d’entre eux jusqu’en Australie.
Jia Zhang-ke balance sans ménagement ses héros dans le grand shaker qu’est devenue la Chine depuis trente ans. La mutation accélérée du pays, passant d’un système collectiviste ultrarépressif à une économie capitaliste non moins autoritaire, broie les individus brusquement soumis au règne sans partage de l’argent, qui s’immisce partout, jusque dans les relations sentimentales ou familiales – Zhang et Tao vont jusqu’à prénommer leur fils Dollar. Dans ce mélo des temps modernes, c’est l’avenir de tout un peuple qui se dessine, entre rage de vivre et illusions perdues.
3. Kung-fu et séduction
The Grandmaster, de Wong Kar-wai, 2013, 2 h 10, 12 jetons.
À la tombée de la nuit, sous une pluie battante, deux hommes se font face, prêts à bondir. On perçoit presque la plainte étouffée d’un harmonica. Et pourtant, nous ne sommes pas dans un western, mais dans un film de Wong Kar-wai, le mythique réalisateur de « In the mood for love ». L’un des duellistes est Ip Man, maître de wing chun, une variante du kung-fu, l’autre appartient à une école rivale. Dans la Chine de 1936, ils se disputent la succession de Baosen, grand maître de l’Ordre des arts martiaux chinois. Dans cette guerre de clans, Ip Man croisera Gong Er, la fille du défunt maître, seule à maîtriser la figure mortelle des 64 mains. Entre amour et vengeance, le destin tragique de ces deux-là se fond dans la grande histoire de l’empire du Milieu, à la veille de l’invasion japonaise de 1937.
À travers la légende d’Ip Man, inspirée de la vie du mentor de Bruce Lee, c’est une Chine en transition qui nous est dépeinte. Celle d’un monde traditionnel, impérial, qui disparaît, broyé par la Seconde Guerre mondiale, pour se lancer dans le grand récit maoïste. Dans cette fresque historique, qui voit tout un pays basculer dans l’ère moderne, nous est livré un plaidoyer pour l’exercice et la transmission de son art – fût-il martial – malgré toutes les contingences.
4. Quand la comédie musicale s’invite au cœur d’une multinationale…
Office, de Johnnie To, 2015, 1 h 59, 16 jetons.
À la veille de la crise financière de 2008, la multinationale Jones and Sunn embauche deux jeunes gens : Lee Xiang et Kat Ho. Le premier, un idéaliste fraîchement diplômé, entreprend de séduire la seconde, surdouée dans le domaine de la finance, et accessoirement fille du big boss, Ho Chun Ping. Lequel a promis à Winnie Wang, son ancienne maîtresse, une bonne part des actions de l’entreprise si l’introduction en Bourse de celle-ci était un succès. Tandis que David, protégé de Mme Wang, profite de l’affection que lui témoigne Sophie, pour trafiquer la comptabilité. Ce qui démarre comme un improbable imbroglio sentimental va rapidement se transformer en nuit des longs couteaux entre les différents personnages… Au menu : coups tordus et délits d’initiés, tout sera bon pour parvenir au sommet.
On connaissait Johnnie To pour ses polars hongkongais violents (son interview est à lire sur la médiathèque). On le retrouve ici dans un exercice inédit : la réalisation d’une comédie musicale sur le monde de l’entreprise. Épreuve dont il se tire avec un brio et une dinguerie jouissifs. Car finalement, des triades chinoises aux requins de la finance, des fusillades sanglantes dans des ruelles sombres aux trahisons qui ruinent les carrières et les vies, il n’y a qu’un saut de puce que le réalisateur exécute allègrement. Les scènes musicales de pop taïwanaise chorégraphiées au cordeau donnent à l’ensemble un ton aussi enlevé que goguenard, qui permet de faire passer une critique assumée du capitalisme financier. Pari réussi.
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