Tout en restant propriétaire, la CCAS se donne la possibilité de confier l’exploitation de certains villages vacances à des partenaires. Décryptage avec Sébastien Germain, président de la Commission vacances adultes.
Cet article fait partie d’un dossier :
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Pourquoi confier l’exploitation de certains villages vacances à d’autres opérateurs ?
Sébastien Germain – Depuis plus de trente ans, la CCAS fait évoluer le modèle d’exploitation des villages vacances pour le rendre plus efficient. Déléguer la gestion de certains villages vacances qui sont peu demandés par les bénéficiaires, permet tout simplement de les proposer à d’autres salariés, soit à titre individuel, soit à travers des accords avec d’autres comités d’entreprises comme la SNCF ou de la RATP, mais aussi ceux de plus petites entreprises.
Dans un contexte de ressources toujours plus contraintes, nous ne pouvons pas nous permettre d’assumer des coûts de gestion et d’entretien de centres qui resteraient inoccupés, car notre statut nous impose de ne proposer des vacances qu’aux seuls agents et leur famille. Les opérateurs partenaires peuvent les ouvrir à d’autres vacanciers, permettant ainsi d’alléger nos frais de gestion tout en préservant le patrimoine des électriciens et gaziers. Les activités culturelles et sportives sont maintenues, financées par les Activités Sociales.
On ne laisse personne sur le carreau. Souvent les employés sont gagnants.
Que deviennent les salariés des sites concernés ?
S. Germain – Lors d’un transfert de gestion, notre charte sociale prévoit la reprise du personnel. On ne laisse personne sur le carreau. Souvent les employés sont gagnants : grâce à la délégation, ces centres peuvent ouvrir sur des périodes étendues, ce qui permet aux saisonniers d’avoir des contrats plus longs. Les expériences passées permettent de rassurer les salariés quant à leur avenir en cas de transfert de gestion d’un village vacances.
Par exemple à Val-d’Isère, une réflexion est en cours concernant une mise en délégation de gestion. Celle-ci pourrait offrir l’opportunité à ce village vacances d’ouvrir l’été alors que le faible taux d’occupation par nos bénéficiaires à cette période ne nous le permettait pas.
« De belles perspectives pour l’avenir »
Annette Orczykowski, directrice adjointe du village vacances de Montbrun-les-Bains (Drôme)
« En 2013, quand le site a été mis délégation de gestion, j’y travaillais déjà depuis de nombreuses années en enchaînant les contrats saisonniers de trois, puis neuf mois. Je garde un très bon souvenir de cette période et j’ai encore des contacts avec de nombreux ex-collègues de la CCAS devenus des amis.
À l’arrivée de Vacances Léo Lagrange, j’ai souhaité rester, car j’adore mon métier, qui est polyvalent et riche de contacts humains. Certains de mes collèges étaient inquiets de voir l’ambiance changer, mais cela n’a pas été le cas. Les tournées culturelles de l’été restent assurées par la CCAS et la dotation en livres de la bibliothèque aussi. Les valeurs sont toujours là. Par exemple, à Montbrun, nous sommes très engagés dans la préservation de l’environnement et le développement durable.
Ce qui est plus confortable pour moi, c’est que j’ai pu être embauchée en CDI, en 2019, puisque nos plages d’ouverture étendues et un taux d’occupation des gites plus important justifient mon emploi à plein temps. C’est aussi plus stable en matière d’encadrement puisque je ne change plus de responsable tous les deux mois. Avec mes nouveaux employeurs, j’ai pu poursuivre ma formation professionnelle. J’ai ainsi obtenu un diplôme national de responsable d’établissement, qui m’a permis d’accéder au poste de directrice adjointe que j’occupe aujourd’hui. Et de belles perspectives s’offrent à moi pour l’avenir. »
Vente, délégation de gestion : trois exemples
La vente de Théoule
Pour garder le château de Théoule (Alpes-Maritimes), la CCAS aurait été dans l’obligation d’y construire un parking. Le produit de la vente de Théoule servira à la rénovation du village du Brusc, qui en a grandement besoin.
La configuration des lieux imposait qu’il soit sous-terrain pour un coût de 10 millions d’euros. Les travaux de rénovations et de mises aux normes de sécurité à l’intérieur de l’établissement chiffraient également en millions d’euros. « Lorsqu’une partie de notre patrimoine ne répond plus aux demandes des bénéficiaires et nécessite des investissements colossaux que nous n’avons pas les moyens d’assumer, il est parfaitement logique de le vendre afin de réinvestir dans un autre bien pour tenter de toujours mieux répondre aux besoins des électriciens et gaziers », explique Nicolas Cano.
La Napoule, un patrimoine ouvrier pérennisé et modernisé
Joyau du tourisme social, le château d’Agecroft a fait le bonheur de 500 000 familles de mineurs avant d’être racheté par la CCAS, en 1999, via une SCI créée à cet effet. Ce domaine est aujourd’hui l’un de premiers à être transféré dans la Foncière des Activités sociales.
Ce site a été mis en délégation de gestion, dès 1999, à l’opérateur Touristra qui entretient les équipements et effectue des rénovations à l’intérieur des bâtiments depuis plus de vingt ans. Le loyer versé à la SCI a permis d’effectuer des travaux importants sur le bâti sans apport financier de la CCAS. Le loyer qui sera désormais encaissé par la Foncière pourra être affecté à des investissements sur le site de La Napoule ou, si nécessaire, sur d’autres biens appartenant à cette société qui compte à ce jour quatre villages vacances : La Napoule (Alpes- Maritimes), Mimizan (Landes), Montbrun (Drôme), et Ambleteuse (Pas-de-Calais).
Les bénéficiaires de la CCAS, mais aussi des vacanciers venus avec d’autres comités d’entreprises, comme celui de la RATP, plébiscitent cette destination en bordure de la Méditerranée. Preuve que l’esprit des Activités Sociales est bien présent en ce lieu : l’ancien château des mineurs est le cadre de Visions Sociales, le festival de cinéma de la CCAS qui accueille, chaque année au même moment que celui de Cannes, un public de cinéphiles ainsi que des acteurs, des réalisateurs, et autres invités prestigieux.
Gruissan, un bail emphytéotique pour un site rénové et embelli
En 2013, la CCAS, propriétaire en nom propre du village vacances de Gruissan, a décidé d’en déléguer la gestion pour trente ans à Cévéo en contrepartie d’investissements pérennes sur le site.
Les avantages pour la CCAS
- Aucune charge à payer
- Aucuns frais d’entretien et de rénovation à engager
- 4, 7 millions d’euros d’investissements pérennes par l’exploitant
- En 2043, la CCAS récupèrera un patrimoine valorisé et décidera soit de l’exploiter elle-même, soit de le remettre en délégation
Les avantages pour les vacanciers
- Un restaurant plus vaste 60 cottages neufs
- Un nouvel espace paysagé
- Un espace bien-être (sauna et hammam) et une piscine de nage de 25 m
- Des plages d’ouverture étendue de début avril à fin septembre
- La garantie de séjours de qualité chez un opérateur issu du tourisme social
Tags: Gestion Séjour