Sécu, t’y touches ou t’y touches pas ?

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Financièrement à l’équilibre, la Camieg, le régime de sécurité sociale des Industries Electrique et Gazière, coûte moins cher et offre une meilleure couverture de soins que les autres systèmes. Le résultat des urnes des prochaines échéances électorales changera-t-il la donne ?


En souhaitant « focaliser l’assurance publique universelle sur des affections graves ou de longue durée, et l’assurance privée sur le reste », François Fillon a déclenché un tsunami, en novembre dernier. La polémique qui n’a cessé d’enfler aura au moins eu le mérite de placer la protection sociale au centre des débats. En septembre dernier, trois thèmes étaient déterminants dans le vote des Français (sondage Ifop réalisé du 20 au 22 septembre 2016) : la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le chômage et le niveau des impôts. En février 2017, les personnes interrogées sur les enjeux qui compteront le plus au moment du vote plaçaient l’emploi en tête de leurs préoccupations, suivi de près par la protection sociale et le pouvoir d’achat (sondage OpinionWay réalisé du 21 au 23 février 2017).

Des soins mieux remboursés

Pour faire retomber la fièvre, Fillon a entièrement revu sa copie et fait machine arrière. Plus question de privatiser la Sécu. Il veut désormais aboutir à un reste à charge zéro pour les audioprothèses, l’optique, les prothèses dentaires et les dépassements d’honoraires. Des soins aujourd’hui très peu remboursés par l’assurance maladie (4% pour les soins optiques, 37% pour les soins dentaires). Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et Benoît Hamon sont exactement sur la même ligne.

Marine Le Pen s’engage à « garantir la Sécurité sociale pour tous », sans plus de précision. Ces prestations, la Camieg les remboursent déjà à de très bons niveaux. Augmentés en 2014, leurs taux de remboursement ont engendré 30% de volumes supplémentaires. Preuve que le besoin était bien réel. C’est une triste réalité : selon les sources, au niveau national, 25 à 27% des assurés renoncent aux soins pour des raisons économiques.

Mieux vaut prévenir que guérir

La prévention semble faire l’unanimité chez les candidats, hormis pour Le Pen qui n’en dit pas un mot. C’est un axe fort de la Camieg. Chaque année, près de 600 actions de prévention sont proposées aux assurés, sous forme d’ateliers ou de d’actions personnalisées. Le taux de réponses aux campagnes de dépistage est, par exemple, bien supérieur à celui des actions nationales. Résultat : les assurés, que l’Inserm suit depuis des années, vivent plus longtemps et en meilleure santé que l’ensemble de la population française.

Lire aussi : Chute des seniors, la meilleure prévention, c’est être « bien dans sa tête »

La raison ? Lorsqu’on peut consulter régulièrement sans (trop) regarder à la dépense, le médecin peut détecter à temps des pathologies qui pourraient devenir graves. Dans cet esprit, Mélenchon veut développer les centres publics de santé ainsi qu’une véritable stratégie pour reconquérir une médecine scolaire et une médecine du travail. De son côté, Hamon propose de faire rembourser par la Sécu les activités sportives prescrites par un médecin aux patients atteints d’affections de longue durée. Tandis que Fillon veut instaurer une consultation de prévention longue et gratuite tous les deux ans, Macron souhaite obliger les 40 000 étudiants en médecine à réaliser un « service sanitaire » de trois mois axé sur la prévention.

Grand flou sur le financement

Puisque la plupart des candidats envisagent d’augmenter les remboursements de soins, comment entendent-ils les financer ?
Ils semblent ne pas trop avoir envie de s’aventurer sur ce terrain sensible. Seul Macron joue cartes sur table. Il prévoit d’augmenter la CSG tout en supprimant les cotisations maladie des salariés. Une idée qui ne doit pas déplaire au Medef, le syndicat des patrons. « D’accord pour cotiser pour tout ce qui concerne le travail, mais l’assurance maladie et celle de la famille doivent être financées par l’impôt », a lancé Pierre Gattaz, président du Medef, lors de la présentation des doléances du patronat aux candidats à l’élection présidentielle, le 13 février. Pour le Medef, le financement de la Sécu devrait passer par une augmentation de la TVA et/ou de la CSG et non plus par les cotisations sociales des entreprises. Avec en ligne de mire un objectif clair : une diminution très nette des dépenses sociales et donc de santé.

Les entreprises, qui produisent la richesse, ne participeraient donc plus au financement de la protection sociale. Seuls les assurés y contribueraient. Pour financer sa réforme, Fillon évoque, pour sa part, un « nouveau partenariat » entre la Sécu et les organismes complémentaires, promettant que les cotisations aux complémentaires santé n’augmenteraient pas de façon « abusive ».

Les promesses n’engagent que ceux qui y croient…

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