Sélection BD : les affres du monde en miniature

Sélection BD : les affres du monde en miniature | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 48876 Nicolas Poupon Ecrivain dotation livres CCAS 2018

Nicolas Poupon est écrivain et auteur de bandes dessinées. Son album « Une île à la mer » fait partie de la dotation livre CCAS 2018. ©Joseph Marando/CCAS

Un homme d’affaire et un poète sont sur une île déserte : une journée qui commence plutôt mal, et dont Nicolas Poupon profite pour évoquer à l’infini toutes les misères du monde. « Une île à la mer », BD pour adultes, est sans conteste une histoire loufoque à lire et regarder… et à découvrir cet été, avec son auteur, dans vos centres de vacances. 

L’histoire. L’homme d’affaires Jean-Marc Marq échoue sur une île déserte. Enfin, pas si dépeuplée puisque habitée par un naufragé, Jérôme Petitpas, poète de son état. S’en suivent des échanges à bâtons rompus, parfois grinçants, toujours percutants, entre les protagonistes qu’a priori tout sépare.

Bio express. Nicolas Poupon est dessinateur, scénariste, auteur de BD pour jeunes et adultes. Son album pour adultes « le Fond du bocal », paru en 2009, fut plébiscité par le public (16 000 exemplaires vendus). Ce sera le premier tome d’une longue série.

À travers la rencontre forcée entre un capitaliste et un poète, vous mettez en scène deux conceptions du monde qui s’affrontent. Un peu manichéen et caricatural tout de même ?

Effectivement, ce sont des stéréotypes, d’ailleurs, mes personnages le disent eux-mêmes, ils en parlent. Ils sont excessivement bavards. Mais leurs rôles respectifs ne sont pas si bien définis ni même si déterminés que ça. Ce sont deux mondes frelatés, censés s’affronter, mais qui peuvent s’allier contre un plus faible. En position de réfugiés eux-mêmes, mes personnages refusent l’arrivée d’un troisième naufragé ! Il ne faut pas les prendre trop au sérieux ! C’est l’île déserte sur laquelle ils ont échoué qui est, à mon sens, la plus caricaturale. C’est un monde en miniature !

Pourquoi avoir utilisé le ton de l’humour pour « Une île à la mer » ?

Si, dans une BD, tout est noir ou blanc, alors il n’y a plus de finesses. Dans le duo, on se rend très vite compte que les personnages ne sont pas si opposés qu’on pourrait le croire. Les lignes bougent. Parfois on ne sait plus qui est qui. Le ton s’y prêtait car les personnages vivent des situations aberrantes. J’aime particulièrement l’humour absurde. Si on n’aborde pas les sujets sérieux avec humour, alors on ne les remarque pas. L’humour permet de mieux toucher les gens.

©6 pieds sous terre

Vers lequel de vos personnages seriez-vous d’emblée le plus attiré : le gentil poète ou le méchant capitaliste ?

Dans la vie, j’irais plus naturellement vers le poète que vers l’homme d’affaires. Je serais plus intéressé par quelqu’un dont j’admire le travail. Mais parfois, lorsqu’on croise ces personnes dont on a admiré le travail, qu’on apprend à les connaître, il s’avère qu’on les trouve très cons…

Je ne veux surtout pas donner de leçon de morale.

Quel message voulez-vous partager ?

Je ne veux rien dire en particulier. Les sujets abordés sont ceux qui me passent par la tête. Je suis perméable à l’actualité, aux mêmes sujets que la majorité des gens. Je ne veux surtout pas donner de leçon de morale mais effectivement je pointe certains thèmes. Je me laisse guider. J’écris au fil de la plume. En fait, c’est la première histoire qui donne le ton. Dans « Une île à la mer », il n’y a pas tellement de dialogues finalement ; c’est le ton et la situation qui importent ; l’humour absurde qui prime. C’est leur situation qui est aberrante.

Vous écrivez, dites-vous ? C’est drôle pour un dessinateur…

J’écris toujours un scénario pour créer un album. La première étape est l’écriture, puis la réalisation du story-board : le récit. Pour pouvoir dessiner, il faut donc au préalable écrire. J’adapte mon dessin, sa mise en couleur à l’histoire que je vais raconter. Si l’on me forçait à choisir entre le dessin et l’écriture, j’abandonnerais le dessin.

Seriez-vous un écrivain contrarié ?

Pas du tout ! Mais mon métier, c’est de faire des livres. Je suis auteur de BD, d’albums illustrés, de romans graphiques, de carnets de voyage, de poésie illustrée… dans lesquels textes et dessins sont indissociables. J’ai réalisé une quarantaine de bouquins, très différents, pour adultes et pour enfants. J’adapte le style et le format en fonction du récit et du public, bien sûr. Néanmoins, ça me plairait bien d’écrire un roman pour les ados.

Avez-vous des sujets tabous ?

Non. Si je ne traite pas certains sujets, c’est tout simplement parce qu’ils ne m’inspirent pas ou bien que je ne sais pas comment les aborder ni par quel bout les prendre.

Dessiner, c’est regarder !

Comment devient-on dessinateur ?

Je me suis mis au dessin sur le tard. À 19 ans, j’ai suivi des cours de nu dispensés par la ville de Paris. J’ai appris à regarder, à voir et donc à comprendre. Dessiner, c’est regarder ! J’aime beaucoup dessiner les personnages, plus en tout cas que les décors urbains. Ma façon la plus naturelle de dessiner, ce sont mes carnets de voyage.

Parlez-nous de votre expérience avec la CCAS.

L’an dernier, j’ai participé au festival Les jeunes et les enfants d’abord en région parisienne. J’ai également fait une tournée d’une semaine, l’été, dans des colos avec des petits de 9-11 ans. J’y présentais mon roman illustré « l’Ombre d’un nuage ». J’avais apporté des planches de la BD pour leur faire découvrir les différentes étapes de la conception d’une BD. Je m’imaginais à leur âge, devant lire un livre en vacances… Ça a plutôt bien fonctionné, c’était chouette. Avec l’image, il y a un côté magique. J’ai aussi bien aimé le côté road-movie de la tournée : une colo différente chaque jour.


A lire

Sélection BD : les affres du monde en miniature | Journal des Activités Sociales de l'énergie | Une ile a la mer Nicolas Poupon Couverture« Une île à la mer », de Nicolas Poupon
éd. 6 pieds sous terre, 2017, 96 p., 16 euros.

Cet été, Nicolas Poupon viendra partager les bases du dessin de BD, et plus particulièrement du dessin d’humour : retrouvez-le du 20 au 24 août à Tourves, Au Pradet (« Les Oursinières » et « La Bayette »), à Six-Fours-les-Plages et au Brusc, dans le cadre des rencontres culturelles de la CCAS.
Son livre également fait partie de la dotation lecture CCAS : retrouvez-le dans les bibliothèques de vos centres de vacances dès cet été.


Pendant vos vacances : cet été, 1200 rencontres culturelles vous attendent dans les centres de vacances et les colos de la CCAS

Programme complet à découvrir sur ccas.fr, rubrique Culture et Loisirs, et dans la brochure ci-dessous.

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Rencontres culturelles 2018

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