Pour guérir son oncle malade, Agathe, 12 ans, part à la recherche de la chance. « Les Fleurs sucrées des trèfles » scrute le concept de la bonne fortune : un conte intelligent, poétique et plein de tendresse, qui célèbre l’enchantement et la fantaisie propres à l’enfance. Un roman illustré de Cédric Philippe, choisi par la CCAS pour sa dotation lecture 2022.
L’histoire
Agathe, 12 ans, apprend en entendant les bribes d’une conversation que son oncle Yvon, qui compte plus que tout pour elle, est malade. « Une chance sur un million qu’il survive », aurait dit le médecin. Terrassée, Agathe se réfugie dans une alcôve secrète du jardin. Passés la panique et le chagrin, elle décide de trouver cette chance unique et de la maîtriser pour sauver son oncle. Le roman « Les Fleurs sucrées des trèfles » raconte sa quête, à travers les événements de la vie, ses mondes imaginaires et les rencontres qu’elle vit dans ses rêves.
« Les Fleurs sucrées des trèfles », écrit et illustré par Cédric Philippe, éditions MeMo, 2020, 12 euros (tarif CCAS sur la Librairie des Activités Sociales, au lieu de 16 euros).
► Ce livre a été choisi par la CCAS pour sa dotation lecture 2022 : commandez-le sur la Librairie des Activités Sociales (avec une participation financière de la CCAS et des frais de port offerts ou réduits).
Cédric Philippe : « Notre imaginaire peut être une force de bonheur »
Pourquoi avoir choisi la chance comme thématique ?
Cédric Philippe : C’est un concept qui m’intéressait car, en posant la question autour de moi, je me suis rendu compte que les gens avaient chacun une vision de la chance très différente. Chaque personne a sa propre idée. Cela varie en fonction de la manière dont les personnes conduisent leur vie, leurs actes.
La vision de la chance a à voir avec celle du bonheur. Pour certains, la chance n’existe pas ; tout ne serait que le résultat de leur comportement. Pour d’autres, elle serait comme une quantité que l’on pourrait épuiser. Ce genre de sujet lié à la vie des gens me fascine.
D’où votre souhait de vous mettre à hauteur d’enfant ?
Il y a certainement beaucoup de ma propre enfance dans celle d’Agathe, notamment dans l’exploration du jardin, celui de mes grands-parents. Je tenais à ce que ce jardin profond soit aussi vaste qu’un monde, qu’on puisse y plonger, s’y déployer, y vivre. Il me paraissait essentiel que ce soit le point de vue d’une enfant. Je trouve cette façon d’appréhender les choses, les événements, plus naïve, moins normée que celle des adultes.
Les enfants ont cette capacité à se concentrer sur l’instant qui n’est entachée ni par les habitudes ni par l’expérience. L’inconnu est rempli d’attraits. J’avais envie de partager cette perception plus riche de la vie, qui favorise la construction de son propre point de vue, sans idées préconçues. J’ai choisi ces regards d’enfants pour ce qu’ils nous montrent du monde. Pour autant, les enfants peuvent être graves, cruels et violents.
Votre roman fait la part belle à l’imaginaire dont se nourrissent les enfants. En quoi est-il fondamental ?
L’imaginaire est fondamental parce qu’il fait partie de nous et de notre perception du monde. Souvent, on établit une distinction entre notre vision des choses et la réalité. Or, pour moi, la frontière entre ces deux mondes est floue, poreuse. Les deux s’entremêlent constamment. Ce que l’on perçoit du monde est orienté par notre imaginaire.
C’est sans doute cela que je souhaitais partager en montrant la fantaisie des enfants. Quel que soit le monde que l’on a autour de soi, dans lequel on évolue, notre imaginaire peut être une force de bonheur. Quelle que soit la situation, il peut contribuer à nous rendre heureux. C’est peut-être cela le message du livre.
« Pourquoi n’es-tu jamais triste ? interroge Agathe. « Parce que je m’émerveille d’un rien », lui répond le poisson. Conserver un regard d’enfant, est-ce la recette du bonheur ?
Je m’efforce de conserver un certain regard dans la vie parce qu’il m’apporte beaucoup : du recul notamment. Je ne sais pas si c’est du bonheur, mais en tout cas c’est une posture dans la vie, une manière plus simple, plus naturelle, plus sincère et plus juste d’entrevoir les choses.
Parlez-nous de la forme originale des « Fleurs sucrées des trèfles ».
C’est un roman illustré, composé de textes et de pages avec de grandes images qui se suivent. Ce sont deux langages, deux forces différentes. À certains moments de l’histoire, j’ai eu besoin d’employer plutôt l’un ou plutôt l’autre. Le texte me paraît plus efficace pour tout ce qui relève de l’impalpable, de l’émotion, du sentiment… tandis que le dessin le sera pour fixer le physique, les traits d’un personnage. Par exemple, il y a ce passage dessiné, consacré à la chasse aux trèfles dans le jardin : des trèfles sont cachés dans les images, aux lecteurs de les découvrir en même temps qu’Agathe.
Comment aborderez-vous la rencontre avec les ados cet été ?
J’ai envie de leur montrer mon travail, de leur faire découvrir mon univers de création. Je compte les accompagner dans un processus créatif : leur faire inventer un petit bout d’histoire et les faire dessiner à partir d’un thème qu’ils auront choisi. Je leur proposerai une méthode, des outils, ainsi les participants, une fois rentrés chez eux, pourront poursuivre le processus de création et même le partager.
Les Rencontres culturelles
► Comme Cédric Philippe, des auteurs et des autrices sont choisis chaque année par la CCAS pour partager leur passion de l’écriture et échanger avec vous sur leurs ouvrages, disponibles dans les bibliothèques de vos villages vacances, dans le cadre des rencontres culturelles.