Convier la poésie à s’exprimer là où l’on ne l’attend pas, c’est le parti du Printemps des poètes vu par la CCAS. Démonstration avec Christophe Galland du côté de Champigny-sur-Marne, le 18 mars.
Ce midi, le restaurant CCAS du site de l’agence d’exploitation de Champigny accueille un hôte inhabituel : un poète. Pendant 1 heure 30, Christophe Galland (voir le site internet ) s’invite à chaque tablée et propose de « lire des textes ». L’exercice n’est pas coutumier pour les agents, majoritairement masculins, qui viennent déjeuner ici chaque jour. Ce n’est pas non plus simple pour l’auteur dont la prestation doit s’accommoder des bruits de couverts et d’assiette, des éclats de voix et des conversations… Courtes, percutantes, les lectures sont extraites de plusieurs ouvrages tels « Je sais », d’Ito Naga. Ça donne par exemple : « Je sais qu’avec les gens qui ne vous aiment pas, c’est finalement assez simple. Je sais que je me promets à chaque fois de ne pas être déstabilisé. En vain. Je sais qu’avec les gens qu’on n’aime pas, on n’aime pas jusqu’à l’air qu’ils déplacent. Je sais que l’inverse est vrai aussi : on aime l’air que déplacent les gens qu’on aime. Je sais que l’air unit les hommes en descendant dans leurs poumons les uns après les autres…»
A chaque fois, des rires contenus, des troubles et pour finir des conversations. « Remembrance, je ne connais pas ce mot », s’enquiert Annie. « C’est un mot proche de l’anglais », répond Christophe Galland. « Les poètes peuvent-ils se permettre d’inventer des mots ?», demande Pascal. Ghislaine, face à lui : « C’est le propre d’une langue vivante que de bouger, de s’enrichir. » « Mais alors, poursuit Pascal, existe-t-il des poèmes faits avec des SMS, des textos ou des mots contractés. ça m’intéresserait beaucoup d’en entendre…» Puis la conversation dévie sur la gastronomie. On savoure la cuisse de canard accompagnée de purée de potiron, la crème brûlée et c’est déjà la fin du service. Annie, responsable du restaurant, passe entre les tables avec la cafetière fumante, interpellant les agents par leur prénom. « Ici, c’est familial et décontracté », affirme Séverine Carta, correspondante SLV. On la croit volontiers.
Christophe Galland : « déplacer un point de vue sur la poésie »
« Le travail d’écriture est solitaire. L’ouvrir en lecture, c’est autre chose. Sortir du lieu dévolu à la lecture n’est pas un pari gagné. Il faut trouver en très peu de temps une légitimité à être là et sans doute déplacer un point de vue sur la poésie. Il y a des aventures négatives et beaucoup de positives. Cela peut même aller jusqu’au refus catégorique. Les réactions ne sont jamais anodines. Il y a des moments très forts. »
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