Les 25 et 26 janvier derniers, la CMCAS Loire-Atlantique Vendée a organisé un week-end de solidarité et de rencontre avec les migrants hébergés en urgence au centre de vacances de Saint-Brevin-les-Pins. Au programme, un tournoi de futsal solidaire et une journée festive, où chacun a pu mesurer l’urgence d’être humain, tout simplement.
Le plus jeune a 19 ans, le plus âgé, 56 ans. Ils sont une centaine, principalement soudanais, mais aussi érythréens, guinéens ou libyens, à bénéficier d’un abri au centre de vacances de Saint-Brevin-l’Océan (Loire-Atlantique) depuis le 5 octobre dernier.
Lire aussi
Accueil des réfugiés à Saint-Brevin : « La CCAS a naturellement répondu présent »
Le vendredi 25 janvier, la CMCAS Loire-Atlantique Vendée a lancé un tournoi de futsal solidaire, pour trois heures de matchs jusqu’après la nuit tombée, embarquant une quarantaine d’agents des IEG de la région et une poignée d’hommes accueillis en 2016-2017, principalement afghans et soudanais, résidant désormais en France.
Cette année, 108 migrants auparavant laissés à la rue, square Daviais à Nantes, sont accueillis à Saint-Brevin. Sur place, ils sont pris en charge par l’association Aurore.
De gauche à droite : Adam, Issa, Mohamed, Youssef et John sont accueillis depuis le mois d’octobre à Saint-Brevin.
Suite au démantèlement du camp de Calais en 2016, plusieurs centres de vacances de la CCAS transformés en centres d’accueil et d’orientation (CAO) et en centres d’accueil et d’orientation pour mineurs isolés (Caomi) avaient accueilli ces hommes, ces femmes et ces enfants à la dérive. Une démarche que rappelle la bande dessinée et l’exposition « Breizh migrants », éditée par la CMCAS Haute Bretagne, présentée lors du tournoi.
La quasi-totalité des 47 hommes accueillis en 2016-2017 à Saint-Brevin a bénéficié d’un droit d’asile, suit des formations ou a obtenu un emploi. Résidant désormais aux alentours, quelques-uns d’entre eux ont été invités par la CMCAS à partager ce tournoi solidaire à Orvault, près de Nantes.
Arrivé en 2016 à Saint-Brevin, Nassir est originaire d’Afghanistan. Il a financé sa voiture et son permis, travaille comme électricien mais souhaite reprendre des études d’anglais. « Sa présence était importante, pour montrer que malgré les difficultés, lorsqu’on est bien accueilli, on peut tout à fait s’intégrer dans la communauté française », indique sa compagne Stéphanie Lemercier, secrétaire générale de la CMCAS.
Les migrants accueillis en urgence à Saint-Brevin, suite au démantèlement du camp de fortune nantais, dépendent du ministère du Logement et de la préfecture locale. Au-delà du mois de mars, date à laquelle ils quitteront définitivement le centre, leur sort reste incertain.
Depuis leur arrivée à Saint-Brevin, transformé en centre d’hébergement d’urgence pour migrants (Chum), l’association brevinoise ABC D’Retz accompagne l’apprentissage du français. Dany Croizet, professeure à la retraite, est présente par exemple à Saint-Brevin tous les jours. Ici avec Bakry, qui s’est mis au français tout récemment, et Baba.
Depuis le mois d’octobre, deux fois par semaine, une trentaine de jeunes hommes se rendent aussi à l’entraînement de football encadré par Franck Maliba, retraité d’Engie, qui avait déjà engagé la même démarche en 2016 et 2017.
Les équipements proviennent de dons et de prêts : les chasubles du FC Nantes, de Saint-Étienne ou de Marseille côtoient les chasubles GRT Gaz, prêtées par l’équipe de futsal de l’entreprise. Un maillot spécial, remis à tous les participants à la fin du match, a été édité par la CMCAS en souvenir de ce tournoi solidaire.
« Mon objectif principal : créer du lien entre eux, car là d’où ils viennent, c’était chacun pour soi », note Franck, qui a d’abord mis les jeunes hommes en confiance grâce à de petits jeux où personne ne s’affronte vraiment. Pour qu’ils réapprennent à s’appuyer les uns sur les autres.
En plus de l’arabe, sa langue maternelle, Abdollatuif (à g., en blanc) parle anglais et quelques mots de français : c’est sur lui que Franck compte pour traduire ses consignes aux autres joueurs, même si l’entraîneur a appris quelques mots d’arabe.
Au micro, Adrien Joubert, technicien d’intervention réseau et jeune élu de la SLVie locale, annonce la constitution des équipes, qui mélangent volontairement migrants résidents et hébergés, agents de la section futsal, curieux et amateurs.
Amyr, Mohamed Kabuki, Abdollazim et Mustafa n’ont pas raté un seul jour d’entraînement depuis leur arrivée à Saint-Brevin. D’ici un à deux mois, selon la procédure Dublin, certains seront forcés de retourner vers le pays – le plus souvent l’Italie ou la Grèce – où ils ont, parfois sous la contrainte, déposé leurs empreintes.
« Dans leur abri temporaire à Saint-Brevin, rappelle Franck, ils n’avaient que ça à penser : qu’est-ce que je vais faire au foot mercredi ? Mais, à l’approche de la date butoir du 31 mars [date à laquelle les migrants hébergés devront quitter le centre, ndlr,] je sens que leurs pensées sont ailleurs. »
Ce vendredi 25 janvier, les coupes brandies ne symbolisent pas tant la victoire qu’un moment fraternel où chacun est à égalité avec les autres, pour le sport.
« On essaie de prolonger le Par, Pour et Avec au-delà des frontières, explique Erwann Dupont, président de la CMCAS Loire-Atlantique Vendée. Les activités simples comme les crêpes, les jeux, les photos ou le dessin marchent très bien pour créer du lien : une bonne partie des migrants s’y sont impliqués. »
Youssif a naturellement pris les manettes de la « street box » apportée par Frédéric Tréhin, agent EDF et photographe amateur. Cet appareil photo, aussi appelé « Afghan box », se compose d’une simple caisse en bois. « La photo est quasi immédiate, un peu comme avec le Polaroid. »
Le soir, place à la musique : chansons françaises, soudanaises et brésiliennes se succèdent et se mêlent, grâce à Erwann Dupont, Abdollatuif et Edson da Cruz, musicien brésilien qui assure les cours de guitare de la CMCAS. Ce dernier est arrivé, il y a tout juste trente ans, dans les mêmes conditions que les migrants qui l’écoutent.
Tags: À la une CMCAS Loire-Atlantique Vendée Football Réfugiés