L’histoire du Velvet Underground est celle d’une fulgurance qui a bouleversé la face du rock. Enfant terrible de la contre-culture underground New-yorkaise de la fin des années 60, le groupe de Lou Reed et John Cale est au coeur d’espaces de liberté et de création. À l’occasion des 50 ans de « l’album à la banane », la Philharmonie de Paris consacre une exposition immersive à l’étoile noire du rock.
Trois questions à Christian Fevret, co-commissaire de l’exposition et fondateur du magazine « Les Inrockuptibles »
Après David Bowie l’année dernière, le Velvet Underground. Qu’est-ce qui nous attire vers les sixties ?
C’est l’état d’esprit de liberté absolue de création, de mœurs et d’expression d’une partie minoritaire des américains de l’époque, représentée ici par les artistes de l’underground New-yorkais. Non que la société en elle-même ait été particulièrement permissive : elle était au contraire, par bien des aspects, très oppressante, avec l’émergence de la société de grande consommation. Plusieurs personnes m’ont d’ailleurs fait la remarque : « qu’est-ce qu’on a perdu en termes de liberté ! » Mais il ne s’agit pas d’avoir la nostalgie de cette époque. Il faut essayer de comprendre pourquoi on a le sentiment aujourd’hui d’avoir moins de liberté que ces artistes… Mais c’est une liberté qu’ils se sont octroyée ! Cette exposition est donc une invitation à ne pas avoir de frontières, de barrières ni de tabous.
N’y a-t-il pas un risque d’appropriation de cette contre-culture par la culture dominante ?
C’est dans la nature même de la culture dominante : on dit souvent qu’elle n’a pas d’identité propre, et qu’elle a par définition besoin de puiser chez les autres. Le moindre geste culturel ou artistique est voué à être récupéré. Après, il l’est plus ou moins : le côté multidimensionnel et inépuisable du Velvet fait qu’il est difficilement encapsulable.
Est-ce une exposition accessible aux enfants ?
Il faut demander à Françoise Dolto ou à un médecin spécialiste des enfants ! (rires) Les parents fans du Velvet, qui sont des gens raisonnables, savent très bien quelles images doivent être montrées et comment. Les enfants comprennent-ils tout ? Non, mais je n’ai moi-même pas tout compris au Velvet, qui n’est pas fait pour ça. Après, l’exposition est immersive et ludique, dans laquelle les enfants se retrouvent, du point de vue des sensations.
Au début de l’expo, on passe le film « America, America » de Jonathan Caouette, où un grand nombre d’images défilent à toute vitesse, dans un « zapping » poussé à l’extrême. À quelques mètres de distance, on a les plans fixes d’un Danny Williams, montés en direct avec la caméra. Montrer que l’image peut être traitée de ces deux manières, ce n’est pas dans le cinéma d’aujourd’hui, ni à la télévision, ni sur un écran d’ordinateur qu’un enfant le verra. Il ne le formulera pas, mais il peut y être sensible. (…) Je suis convaincu que certaines choses n’ont pas besoin d’être expliquées. Faire une expo sur le Velvet, sans que le visiteur n’ait une grande liberté serait un contresens.
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Infos pratiquesThe Velvet Underground « New York Extravaganza » Philharmonie de Paris |
Billets au tarif réduit
Des billets au tarif réduit pour l’exposition sont accessibles depuis l’espace Culture et Loisirs, à 5€ au lieu de 10€. |