Ce samedi 25 novembre marque une nouvelle Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Le scandale Weinstein et les révélations massives de harcèlement qu’il a entraînées, d’abord dans le milieu du cinéma puis partout ailleurs, montrent le chemin qu’il reste à parcourir.
En 1983, pour réaliser son documentaire « Faits divers », Raymond Depardon pose sa caméra dans un commissariat et filme une jeune femme venue porter plainte pour viol. Les images qui suivent sont édifiantes : on y voit le policier sermonner la jeune femme et l’inciter à rencontrer l’agresseur pour des excuses… réciproques ! Car si un viol n’est « peut-être pas très correct », assure-t-il, faire passer une soirée au commissariat à son agresseur ça ne l’est pas non plus, déclare-t-il en substance.
Loi du silence
Trente-quatre ans plus tard, « l’affaire » Harvey Weinstein montre que sur le fond, les mentalités ont peu évolué. L’immense vague de révélations sur ce que les femmes subissent au quotidien, et qui ne faiblit pas depuis le 5 octobre dernier (lorsque le New York Times publiait les témoignages des actrices Rose McGowan et Ashley Judd contre le producteur hollywoodien, suivies de nombreuses autres), fait l’effet d’une bombe. Alors qu’en 2016, le numéro d’écoute 3919 Violences femmes infos, géré par la Fédération nationale solidarité femmes (voir plus loin), recevait environ 20 appels par semaine pour violences et harcèlements sexuels, soit près de 50 000 appels dans l’année, leur nombre a quintuplé suite au scandale Weinstein (mais aussi suite aux affaires Strauss-Kahn, Polanski ou Baupin). « Ce soulèvement médiatique qui libère la parole va peut-être permettre aux hommes de prendre conscience de ce qu’ils font », espère aussi Noémie Bickel, vice-présidente de la CCAS et en charge du groupe de suivi égalité femmes-hommes.
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Une tolérance collective aux violences
Mais ce soulèvement parle aussi du silence et de la complicité sourde qui entourent ces agissements. « Il y a une responsabilité collective dans la banalisation et l’acceptation de ces faits », souligne Françoise Brié, directrice de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF), qui travaille avec les Activités Sociales de l’énergie à la prévention des violences conjugales. Pour preuve, alors que les langues se délient partout dans le monde et les têtes tombent, et qu’on ne compte plus les figures du monde culturel et politique écartées et démises de leurs fonctions suite à des accusations de harcèlement ou de viol, un fait d’actualité nous rappelle que les stéréotypes ont la dent dure.
Le 7 novembre, un homme jugé pour le viol d’une enfant de onze ans est acquitté car le parquet estime que rien ne prouve que cet acte ait été imposé. Des propositions de loi déposées récemment et instaurant un âge en-dessous duquel l’acte sexuel serait systématiquement considéré comme contraint, devraient mettre un terme à ce vide juridique. L’âge fait débat : 13 ans, 15 ans ? « Avec une nouvelle loi, il n’y aura plus d’ambiguïtés, plus de possibilité de parler de consentement pour ces mineur.e.s, ajoute Françoise Brié. Cette affaire montre que ces crimes sont tolérés par la société. »
Culture du viol
L’Institut national d’études démographiques (INED) annonce que 55 000 viols et un demi-million d’agressions sexuelles ont été commis en France en 2016. Preuve s’il en faut que le problème est bien collectif et pas individuel : ce n’est pas à cause de leur tenue vestimentaire ou de leur comportement que les femmes sont harcelées et agressées, mais simplement parce qu’elles sont des femmes. Et c’est bien cela que voulaient dire les phénomènes #metoo et #balancetonporc : qu’il existe une culture du viol, même si terme fait polémique. « Il ne faut pas réduire ce qui a été perpétré par la domination masculine et qui existe depuis des millénaires, à une forme de culture actuelle », tempère ainsi Clémentine Lévy, responsable de la formation à la FNSF.
Reste que notre société entretien à l’outrance l’érotisation des femmes et de leur image. Là-aussi des voix s’élèvent par le biais du phénomène #nomakeup où des actrices s’affichent sans maquillage. De son côté, la mannequin et militante Avida Bystroöm, effigie d’une marque de sport, a décidé d’arrêter de s’épiler pour dénoncer les diktats de la mode imposés aux femmes… et a reçu des insultes et des menaces, notamment de viol.
Les Activités Sociales s’engagent contre les violences sexistes
Dans le cadre d’une convention les liant à la Fédération nationale solidarité femmes, la CCAS et le Comité de coordination des CMCAS « réaffirment leur volonté d’agir au quotidien contre les stéréotypes, les discriminations, les violences et le sexisme ordinaire ». C’est ainsi que la CMCAS de Toulouse accueille des femmes victimes de violence et leurs enfants dans ses centres de vacances. Cette convention prévoit également la formation et sensibilisation auprès des élu.e.s et des salarié.e.s des Activités Sociales.