Avec une soirée inaugurale dédiée à l’association de sauvetage en mer SOS Méditerranée et la projection du film « En guerre », docu-fiction social de Stéphane Brizé en compétition à Cannes, la 16e édition du festival Visions sociales a croisé des regards sur tout·es les opprimé·es, du monde du travail et d’ailleurs, sous le parrainage du cinéaste Nicolas Philibert.
Dans une salle comble, Claude Pommery, secrétaire général et administrateur délégué de la CCAS, souhaite la « bienvenue aux passionnés de cinéma ». Cette 16e édition se tient dans une période particulière, souligne-t-il lors de l’inauguration du festival Visions sociales, le 12 mai au soir, « puisqu’en ce moment de nombreux salariés sont en lutte pour leurs droits et pour le service public ».
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Parrain du festival et réalisateur de documentaires, Nicolas Philibert poursuit : « Mon cinéma n’est pas militant mais il est politique, parce que je pense que le cinéma doit soulever des questions, les maintenir ouvertes et donner à réfléchir. » Il se dit très sensible à l’idée d’inviter l’association européenne de sauvetage en mer SOS Méditerranée, qualifiant la démarche de la CCAS de « courageuse et à contre-courant ».
Le buffet de la soirée inaugurale était en effet proposé en échange d’une participation en soutien à l’association (financée à 98 % par des dons privés et par le grand public). « Migrants ? Réfugiés ? Ceux qui n’ont pas d’autre choix que de tenter de survivre à cette traversée de l’enfer sont en premier lieu des naufragés », explique Élisabeth Giroud, membre de SOS Méditerranée, devant les clichés réalisés lors des sauvetages par Sinawi Medine, photographe et exilé érythréen.
Né en Érythrée, le photographe Sinawi Medine a suivi les missions de sauvetage de SOS Méditerranée, qui recueille les migrant·es naufragé·s à bord de l’Aquarius.
Cinéphiles des IEG et d’ailleurs
Dans ce nid de verdure surplombant la baie de Cannes le temps d’un week-end, d’une soirée ou durant une semaine complète, on peut découvrir trois ou quatre films chaque jour. Ensuite, au bar, au restaurant, sur les gradins, dans les allées ou sur les terrasses, on partage les points de vue. On croise de fidèles cinéphiles venus en voisins, des vacanciers séjournant dans le centre, et bien sûr de nombreux agents des CMCAS Marseille, Avignon, Nice, Gap et Corse. En groupe, en couple, ou entre ami·es.
Avec une sélection quasiment consacrée au monde du travail, la salle de projection, qui compte 400 places, a plus d’une fois fait le plein, à l’image du mercredi soir où Stéphane Brizé, parrain de l’édition 2017, a présenté au public son film « cannois », « En guerre« . Plus que jamais sociale, cette édition interrogeait l’état du monde avec un focus sur la création lusophone – Portugal, Brésil, Mozambique.
Parmi les projections qui auront suscité le plus d’émotions, citons « Saint Georges », du réalisateur portugais Marco Martins, mettant en scène un ancien boxeur sans emploi. Ancrée dans la violence de la crise qui touche le Portugal depuis 2010, une histoire de survie dure et sombre, dont « on ressort sonné », ainsi qu’en témoignait Charline Muller, agente EDF à Mulhouse. « Sonné mais éveillé », précise-t-elle.
C’est vous qui le dites
Témoignages de Charline Muller, chargée de clientèle EDF Mulhouse et secrétaire générale de la CMCAS Mulhouse, ambassadrice de sa CMCAS à Visions sociales, de Khedija Lemkecher, réalisatrice du court métrage « Bolbol », présenté en partenariat avec Cinemed et Martine Broche, enseignante à l’université d’Aix-en-Provence et habituée de Visions sociales.
« Ici, c’est très différent du festival de Cannes »
Alexis Roubeix, agent Enedis, Aix-en-Provence (CMCAS Marseille)
« C’est ma première fois depuis mon entrée dans les IEG en 2013. Je trouve le site extraordinaire et la salle de projection de grande qualité. En un week-end, nous avons pu voir trois films (dont « Saint Georges » et « Lettres de la guerre » d’Ivo Ferreira). « Terra Franca » m’a vraiment plu. C’est le premier long métrage de Leonor Teles, une jeune réalisatrice portugaise de 24 ans. Un film simple, sur une famille simple. Samedi soir, nous sommes allés faire un tour au Festival de Cannes. C’est un peu loin du monde réel, mais c’est le jeu. Très différent de Visions sociales : ici, on sent un public d’habitués, qui viennent en groupes pour l’échange et la réflexion sur le monde. »
« J’apprécie l’aspect militant qu’il y a derrière de ce festival »
Emmanuelle Guissart, chimiste en recherche et développement à Marseille
« Je ne connaissais pas le travail de Nicolas Philibert. J’ai beaucoup aimé ses deux films (« la Maison de la radio » et « Retour en Normandie »). J’aime le regard qu’il porte sur les univers qu’il filme, les explications qu’il en donne. Je suis venue avec une amie qui connaît bien ce festival. Je reviendrai. On sent une belle proximité avec les gens et de la simplicité. Cela contraste avec l’image de Cannes. J’apprécie l’aspect militant qu’il y a derrière de ce festival. »
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